Les travaux d'une conférence internationale sur le thème ''La transition démocratique au Maroc au regard des expériences internationales'' se sont ouverts, vendredi à Rabat, avec la participation d'un panel d'universitaires et d'experts européens, américains, africains et du monde arabe. Organisée par le Centre des études en droits humains et démocratie en partenariat avec le Centre de la mémoire commune pour la démocratie, cette rencontre se veut une occasion pour débattre des questions relatives aux transitions démocratiques et des exigences de la construction démocratique que connait la région arabe à travers les lectures des expériences en la matière en Europe, en Amérique Latine, en Europe de l'Est et en Afrique. Cette conférence, qui s'inscrit dans le cadre de l'accompagnement du débat public sur les réformes constitutionnelles et les mutations démocratiques au Maroc, vise aussi à s'attarder sur les contraintes qui se dressent face aux expériences démocratiques au niveau politique de chaque expérience. S'exprimant à l'ouverture de ce colloque, M. Lahbib Belkouch, président du Centre des études en droits humains et démocratie, a indiqué que cette rencontre intervient à un moment où le monde arabe connait une phase de transition. Il a, à cet effet, souligné la nécessité de mener une profonde réflexion sur ces mutations et de s'arrêter sur les conclusions de cette phase en tant qu'expérience en construction propre à chaque pays qui est régi par un legs politique, économique et social en plus des institutions qui ont leur poids d'action et de décision politiques. De par ses spécificités, son parcours, ses interactions et l'ambition du peuple marocain, l'expérience du Royaume demeure présente avec les réalisations accomplies, les dysfonctionnements relevés en plus de l'espoir et des ambitions auxquelles elle a ouvert grand les portes, a ajouté M. Belkouch. Il a de même indiqué que le chantier des réformes constitutionnelles, qui est ouvert aujourd'hui, avec tout l'espoir qu'il porte au regard du discours du 9 mars de SM le Roi Mohammed VI, constitue une nouvelle étape annonciatrice et porteuse du projet qui va régir la prochaine étape de l'histoire du Maroc. Cette nouvelle étape, a-t-il insisté, doit constituer un prélude essentiel devant couronner le processus des réformes et de réconciliation à la lumière des acquis de l'expérience marocaine en matière des violations des droits de l'Homme, de la femme, de la famille, et des droits linguistiques. Pour M. Belkouch, cette étape doit aussi s'ériger en prologue de réconciliation politique en relation avec l'expérience de l'alternance consensuelle. Il a, en outre, souligné que le projet démocratique nécessite une dynamique sociétale porteuse aux niveaux culturel, politique et des valeurs. Pour sa part, M. Mohamed Sebbar, secrétaire général du Conseil national des droits de l'Homme, a souligné que le Maroc a adopté ''la philosophie de la justice de transition'' et ce conformément aux principes des droits international et humain, des chartes internationales des droits de l'Homme en plus des grandes conclusions des expériences internationales en matière de réconciliation. La justice de transition de point de vue marocain, a-t-il expliqué, place ''la victime'' au centre de son intérêt", ajoutant que la dynamique des débats qu'a connus le Maroc durant les deux dernières décennies a lié la question des droits de l'Homme à celle de la transition démocratique. M. Sebbar a tenu de même à rappeler les réformes entreprises par le Maroc relatives notamment à la gouvernance constitutionnelle, la création du Conseil économique et social et la consécration du rôle du Conseil de la concurrence. En matière des droits de l'Homme, a-t-il poursuivi, rappelant que le Maroc a mis en place nombre d'institutions parmi lesquelles le Conseil national des droits de l'Homme et l'Institution du Médiateur. De son côté, M. Abdeslam Boutayeb, président du Centre de la mémoire commune pour la démocratie, a estimé que la démocratie est une continuité dans l'édification et un outil pour concrétiser les aspirations des populations, soulignant que chaque société à sa propre expérience. Il a ajouté que cette rencontre, animée par des politiciens, universitaires et experts venus d'Espagne, du Portugal, de la Hongrie, du Chili, de l'Algérie, de la Tunisie et du Mali, permettra aux pairs marocains de s'enquérir des expériences internationales et de sortir avec des conclusions à même de renforcer la démocratie. Au cours de cette conférence de deux jours, organisée avec le soutien du Conseil national des droits de l'Homme, du ministère de la Culture et de la Fondation Friedrich Ebert, les participants se pencheront sur des sujets traitant notamment de ''Mutations démocratiques dans la région arabe et en Afrique'', ''La transition démocratique en Europe et en Amérique Latine'' et ''La réforme constitutionnelle et l'édification démocratique au Maroc''.