La 13ème édition du Festival international de Luth de Tétouan s'est ouverte, jeudi soir, avec un hommage appuyé à Mohamed Rouicha, un des plus grands chanteurs et poètes amazigh au Maroc. Ce spécialiste du Ouatar ou la Ouatra, instrument de musique traditionnel qui s'apparente à l'Oud, mais plus rustique, s'est dit ému de cette initiative de la part du public tétouanais et de la direction du festival en particulier. Né en 1950 à Khenifra, Mohamed Rouicha, a commencé à jouer en 1964, notamment dans des cercles traditionnels de musiciens. La même année, il s'est lancé dans l'interprétation de la chanson traditionnelle berbère, produisant ainsi son premier disque en collaboration avec la chaîne de télévision marocaine RTM. Issu d'une famille modeste, il a quitté l'école "Dyour Chiouks" de Khénifra à l'âge de 11 ans, ce qui ne l'empêcha guère de se frayer un chemin dans le domaine de la musique populaire amazighe dont il a été et reste encore le maestro, grâce à sa voix douce et vibrante à la fois. Auteur, compositeur et chanteur, Rouicha a fini par s'imposer aussi bien au Maroc qu'a l'étranger, grâce notamment à des chansons tissées, en amazighe comme en dialecte marocain, de textes qui célèbrent dans un style populaire traditionnel l'amour, la nature, la justice, la religion, la politique, la vie et la mortàBref, tout ce qui est lié à l'être humain qu'il ne cesse de mettre en relief. Lors de la cérémonie d'ouverture, le secrétaire général du ministère de la culture, Ahmed Guitaa, s'est réjoui de ce festival qui se veut un espace de dialogue et d'échange à travers la musique, et de son rôle dans la conservation de cet art authentique et le message dont il est porteur, à savoir celui de la paix et de l'amour. La cérémonie d'ouverture a été également marquée par la prestation du luthiste Driss El Maloumi et de son ensemble de percussionnistes. Né en 1970 à Agadir, El Maloumi est considéré comme un luthiste réputé pour sa virtuosité et son talent. Surnommé, l'"enchanteur du Luth", il figure parmi les meilleurs joueurs de l'Oud de sa génération. Sa culture musicale et littéraire, alliée à une rare maîtrise de l'instrument, lui permet d'aborder différents styles musicaux. Il est probablement l'un des Luthistes les plus sollicités de sa génération par sa forme de jouer, la technique affirmée et la délicate empreinte de profondeur, qui caractérise cet instrument de musique majeur de la musique arabo-andalouse. La soirée s'est poursuivie par la performance de L'ensemble Léon l'Africain, un groupe dont le nom renvoie au grand voyageur éponyme maroco-andalou en tant qu'incarnation d'un voyage perpétuel sur le plan physique, mais également sur le plan émotionnel et spirituel. En plus de l'exploration d'un monde extérieur très varié, la musique de l'ensemble Léon l'Africain évoque les tourments de l'homme lui-même, cédant tantôt à la nostalgie ou à l'angoisse, souriant parfois avec une pureté juvénile toute curieuse. Des virtuoses du luth et autres musiciens de neuf pays (Maroc, Tunisie, Jordanie, Palestine, Espagne, Pays-Bas, Turquie, Iran et Norvège) prennent part, du 5 au 7 mai, à ce festival devenu un rendez-vous incontournable de la musique dans cette partie nord du Royaume.