Conscient des défis que pose le changement climatique à l'agriculture, le Maroc, a, dès le début des années 80, engagé un effort national en matière de recherche et développement qui a eu impact positif quoique insuffisant sur le développement agricole. Par El Hassanya Aqqad +Les technologies au service d' un développement agricole durable Les actions du Maroc dans le domaine de la recherche et du développement ont favorisé le développement de plusieurs technologies agricoles, en l'occurrence l'amélioration génétique, l'irrigation, la protection phytosanitaire, la fertilisation minérale et la mécanisation, a indiqué à la MAP, M. Riad Balaghi, chef du département de l'environnement et des ressources naturelles à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA). Ces technologies n'ont pas eu, toutefois, l'effet escompté sur l'amélioration de la productivité des cultures pluviales, à l'exception de l'amélioration génétique et de la protection phytosanitaire sur le blé tendre, a-t-il constaté. La période 1979/2008 a enregistré un gain de productivité de 0.64 quintal de blé tendre par kg de pesticides consommé, a ajouté l'expert, précisant que la protection phytosanitaire a permis des gains de productivité de 12.8, 1.63, 27.5 quintaux par kg de pesticide, respectivement pour les fourrages, la vigne et la betterave à sucre. Des gains de productivité importants ont été également enregistrés pour les cultures maraîchères et surtout pour la tomate en plein champ et sous serre: 37.9 quintaux de tomate par kg de pesticide. +Le Plan Maroc Vert : faire du secteur agricole un moteur de croissance Dans un contexte mondial marqué par les enjeux de la sécurité alimentaire, le changement climatique, la hausse des prix des produits agricoles, la responsabilisation des producteurs et la lutte contre la pauvreté, le Maroc a revu sa stratégie agricole dans un sens de mise à niveau, de restructuration et de redéfinition des missions, a indiqué M. Balaghi. C'est dans cette perspective que s'inscrit le Plan Maroc Vert (PMV) qui vise à faire de l'agriculture le principal moteur de croissance de l'économie nationale au cours des quinze années à venir. Cette stratégie a notamment érigé l'économie d'eau d'irrigation en action stratégique cruciale pour garantir une agriculture plus productive, durable et respectueuse de l'environnement. Le PMV, qui a adopté une approche globale destinée à mobiliser tous les acteurs du développement agricole, repose sur deux piliers. Le premier porte sur le développement d'une agriculture productiviste et moderne répondant aux règles du marché en s'appuyant sur les investissements privés dans les filières à haute valeur ajoutée et à haute productivité. Le deuxième pilier concerne l'accompagnement d'une agriculture solidaire et la lutte contre la pauvreté notamment dans les zones à économie fragile et ce, à travers l'amélioration des revenus des agriculteurs pauvres par l'intensification, la diversification et la valorisation des produits agricoles locaux. +L'agriculture, un secteur stratégique en butte à des contraintes Au Maroc, le secteur agricole, qui participe au PIB dans une proportion varie de 15 à 20 pc, joue également des rôles importants en matière de sécurité alimentaire pour plus de 30 millions de Marocains, outre sa vocation à approvisionner l'agro-industrie en matières premières, à créer des emplois (3 à 4 millions de ruraux et un minimum de 60.000 dans l'agro-industrie). Il occupe aussi un place importante en matière d'approvisionnement en devises par son positionnement sur les marchés internationaux, sans oublier le rôle que le secteur joue pour la stabilisation des populations en milieu rural et la lutte contre la pauvreté (près de 15 millions de ruraux, 1,5 million d'exploitations, 8 millions d'actifs exposés au chômage et et à de conditions de vie difficiles). Le secteur agricole occupe de surcroît une place importante dans la politique d'aménagement du territoire surtout au niveau des régions périphériques (zones arides et semi- arides, oasis et montagnes) et de développement durable notamment en termes de préservation des ressources naturelles surtout l'eau (rareté, concurrence sachant que l'agriculture consomme à elle seule plus de 80 pc au niveau national). Toutefois, a relevé M. Balaghi, le développement de l'agriculture marocaine requiert une plus grande capacité d'investissement du secteur privé et de participation des banques commerciales, un management suffisant, une bonne organisation des producteurs, une disponibilité du foncier agricole, une utilisation rationnelle de l'eau d'irrigation et une mise à niveau des structures d'encadrement.