La violence à l'égard des femmes est un obstacle majeur au développement, a souligné, mardi à Tétouan, Mme Nouzha Skalli, ministre du développement social, de la famille et de la solidarité. Le coût de la violence est exorbitant en matière de santé physique et morale des femmes et des enfants et ce fléau constitue un obstacle majeur au développement, a affirmé Mme Skalli, dans une intervention lors d'une rencontre régionale, organisée mardi à Tétouan par l'Association Assayida Al Horra pour la citoyenneté et l'égalité des chances de la région, en partenariat avec le ministère, en présence notamment du wali, gouverneur de Tétouan, M. Driss Khezzani et du président de la commune urbaine M. Iddaamar. Le nombre de femmes et filles victimes de la violence au Maroc, a atteint 12710 cas, entre le 1er octobre 2008 et le 30 septembre 2009, dont 34,4 pc dans le milieu rural, a dit la ministre, précisant que 80 pc des déclarations faites par ces victimes concernent la violence conjugale, 63,7 pc concernent des femmes qui subissent des agressions d'une façon "permanente", 28,8 pc de manière "fréquente" et 39,7 pc des plaintes concernent la violence psychologique : injures et humiliation. Dans son intervention, Mme Skalli a rappelé la célébration, le 3 décembre dernier du 30ème anniversaire de la convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes "CEDAW", adoptée par l'ONU, dont l'objectif est de mettre en œuvre les droits fondamentaux des femmes et réaliser l'égalité entre les sexes dans leur pays. Elle a en outre fait état du rapport national 2005 sur les Objectifs du Millénaire du Développement (OMD), visant la réduire de moitié la violence à l'égard des femmes, ainsi que de la déclaration du gouvernement sur " la nécessité de mise en place d'un plan d'action multidimensionnel pour l'intégration de la dimension genre et la lutte contre les violences à l'égard des femmes". Le Maroc ne peut que se féliciter de tous ces progrès, a-t-elle indiqué, soulignant cependant que "nous devons aussi être conscients des défis et des efforts qui restent à accomplir et qui nécessitent une prise de conscience accrue et une grande mobilisation pour déraciner et bannir définitivement ce grand fléau de la violence à l'égard des femmes". La ministre a par ailleurs évoqué le "Tamkine", un programme multi-sectoriel de lutte contre les violences de genre, lancé le 30 mai 2008 à Marrakech sous la Présidence de SAR la Princesse Lalla Meryem, de même que les deux chantiers en cours, en l'occurrence la réforme du code pénal et le projet de loi contre la violence conjugale, en cours de finalisation. Lors de cette rencontre, les participants ont suivi un exposé sur les résultats des études de terrain réalisées dans le cadre du programme TAMKINE. Ces études portent sur l'état de lieux de l'offre de services et de mécanismes de coordination au niveau local. L'objectif étant d'améliorer l'offre de services aux femmes et filles victimes de violence au niveau local, et la coordination, à travers le renforcement des mécanismes de proximité des femmes et la garantie de leurs droits humains. Des exposés ont également été faits par les représentants de la justice, de la sûreté nationale et de la santé, suivis d'un débat. La rencontre de Tétouan qui s'inscrit dans le cadre de la 7eme campagne contre les violences basées sur le genre, sous le thème, "Ensemble pour lutter contre la violence à l'égard des femmes", a connu la participation de représentants de différents départements et services, notamment la sûreté nationale, la gendarmerie, la justice et la santé, ainsi que de la société civile.