Le Maroc s'est félicité, mardi, de la décision du Secrétaire Général des Nations Unies de demander au Conseil consultatif sur les questions du désarmement de conduire une étude approfondie pour identifier les problèmes qui entravent le progrès dans la machine du désarmement, une proposition qui avait été faite par le ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération du Maroc, M. Taib Fassi Fihri, lors de la réunion de Haut Niveau du 24 septembre 2010. Intervenant au cours du Débat Général, devant la Conférence du Désarmement (CD-Session 2011), qui se tient à Genève, l'ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l'Office des Nations unies à Genève, M. Omar Hilale, a indiqué que le Maroc relève avec satisfaction que son appel a été entendu et souhaite que les recommandations dudit Conseil génèrent des actions concrètes susceptibles de permettre à la Conférence du Désarmement de sortir de son blocage. Pour ce faire, il est impératif de s'engager dans une démarche intégrée inclusive et globale sur tous les aspects du désarmement, a insisté le diplomate marocain, estimant qu'il n'y a pas de solutions magiques à la paralysie actuelle, mais un besoin urgent de volonté politique. En effet, a-t-il expliqué, si les enjeux sont indéniablement sécuritaires et géostratégiques, leur résolution est éminemment politique et leur négociation nécessite, impérativement, des mécanismes efficients et adaptés. M. Hilale a signalé, dans ce contexte, que le Maroc, joint, à nouveau, sa voix à celles des Etats Membres du Mouvement des Non Alignés pour appeler à la convocation, sans plus tarder, de la quatrième session spéciale de l'Assemblée générale sur le désarmement, dans le but de faire un diagnostic général de toutes les instances onusiennes en charge du désarmement, s'accorder sur des solutions aux problèmes systémiques de la Conférence du Désarmement et adapter son agenda aux défis du 21ème siècle. Dans l'attente de cette réflexion, il a appelé tous les Membres de la CD à mettre de côté leurs différences et à se focaliser sur l'essentiel pour le parachèvement de l'ultime objectif souhaité par tous, en l'occurrence un monde exempt d'armes nucléaires. L'ambassadeur marocain a préconisé, à cet égard, qu'un traité interdisant la production des matières fissiles doit être non discriminatoire, vérifiable et doté d'instruments de gestion des stocks. Il a de même estimé que les déclarations unilatérales par les puissances nucléaires sont insuffisantes parce que non juridiquement contraignantes et réversibles, jugeant essentiel d'engager des négociations pour la conclusion d'un traité contraignant sur les Assurances Négatives de Sécurité qui protégerait les Etats Non Nucléaires de la menace nucléaire. Un tel instrument juridique, a-t-il dit, est de nature à diminuer l'importance de dissuasion accordée à l'arme nucléaire et constitue un élément fondamental dans l'édifice du désarmement nucléaire. M. Hilale a affirmé, dans ce même contexte, que la mise en place des zones exemptes d'armes nucléaires dont celle du Moyen Orient, est un facteur essentiel dans le processus de non prolifération, soulignant que la conférence de 2012 sur le Moyen Orient présente une opportunité unique à saisir pour débarrasser la région des armes de destruction massive. Aussi a-t-il appelé toutes les parties prenantes à y participer avec la volonté politique requise pour la création d'une zone du Moyen Orient exempte des armes nucléaires en tant que mesure de confiance pour l'aboutissement d'une paix juste et durable au bénéfice de toutes les populations de la région. Il a également indiqué que la Prévention de l'armement de l'espace Extra atmosphérique constitue une autre étape importante dans le désarmement nucléaire et doit bénéficier de toute l'attention requise en gardant à l'esprit le fait qu'il s'agit d'un patrimoine de l'humanité qui ne doit être utilisé que pour les applications civiles. Le diplomate marocain a regretté l'incapacité de la Conférence du Désarmement de tirer profit du contexte mondial grandement favorable au désarmement. Il a notamment expliqué que la ratification récente de l'Accord START par ses signataires (les Etats Unis et la Russie), les bonnes intentions exprimées lors de la réunion de haut niveau convoquée par le Secrétaire général de l'ONU, ainsi que la sonnette d'alarme qu'il a tirée dans sa déclaration du 26 janvier dernier devant la CD, devraient servir de catalyseurs pour relancer les travaux de cette Conférence. M. Hilale a dit souscrire à son analyse selon laquelle la poursuite du blocage actuel de la Conférence du Désarmement a des implications néfastes pour le monde et présente le risque de l'acquisition des armes nucléaires par des réseaux terroristes. En effet, a-t-il averti, la nébuleuse terroriste ne cache plus son intention d'acquérir des armes nucléaires, ajoutant que l'apparition de technologies accessibles au grand public facilitée par le développement de marchés noirs ont rendu plus aisée la fabrication d'une bombe sale combinant des explosifs conventionnels avec des matières radioactives afin de provoquer le plus grand nombre de victimes innocentes. Il a affirmé que ce sentiment grandissant d'insécurité, qui a porté la question du désarmement au sommet de l'Agenda des Nations Unies, devrait interpeler toutes les parties pour œuvrer collectivement à rétablir la Conférence du désarmement dans son rôle d'organe multilatéral unique de négociation des instruments multilatéraux de désarmement. Parce que le blocage qui perdure depuis treize ans n'est pas une fatalité, il est impératif de dépasser nos divergences sans plus tarder, car l'impasse actuelle favorise la prolifération nucléaire et compromet l'ultime objectif visé par la Communauté Internationale, en l'occurrence la conclusion d'une convention interdisant les armes nucléaires, a ajouté l'ambassadeur marocain. Il a signalé que le Maroc participe activement aux efforts internationaux de la promotion de la cause du désarmement et à la lutte contre le terrorisme nucléaire, rappelant à cet égard que Casablanca avait abrité du 2 au 4 février 2011, un séminaire organisé par l'UNIDIR et l'Union européenne intitulé "soutenir les négociations pour un Traité sur le Commerce des armes par des discussions régionales et un partage d'expertise". M. Hilale a également indiqué, qu'en guise de contribution aux efforts de la Communauté Internationale dans la lutte contre le terrorisme nucléaire, le Maroc organisera, en collaboration avec les Etats Unis et l'Espagne, un exercice International "simulant la réponse à un acte malveillant impliquant des matières radioactives" du 22 au 25 mars 2011 à Rabat. Cet exercice qui s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du plan d'action et des principes 4 et 7 de l'Initiative Globale contre le Terrorisme Nucléaire, a-t-il précisé, a pour objectifs de renforcer l'échange d'information aux niveaux national et international, examiner les mécanismes de notification et de demande d'assistance au niveau international, examiner et tester les aspects de coordination et de gestion de crise, démonter et tester les opérations d'intervention technique et identifier les bonnes pratiques. Les Etats Unis, l'Espagne, la France, le Portugal, les pays Bas, le Cap vert et les Emirats arabes Unis participeront à cet exercice tandis que les autres membres de l'Initiative Globale contre le Terrorisme Nucléaire sont invités en tant qu'observateurs.