Au lendemain de la pénible victoire du TP Mazembe sur le FUS de Rabat (9-8 t.a.b/0-0 temps réglementaire), la ville de Lubumbashi accueille un nouveau jour toujours le vent en poupe mais avec une vision plus raisonnable sur la science du football. DNES : Ali Refouh Le "FUS du Maroc", dénomination acquise à Lubumbashi par le club rbati et qui incarne bien le contexte de son déplacement au RD Congo vu qu'il représente le Royaume tout entier, a en effet donné une leçon de modestie à de fervents supporters qui ne pouvaient pas envisager, avant ce match, qu'une équipe émergente viennent mener la vie dure à leur club adulé et les contraindre, à domicile, à basculer entre l'espoir d'un salut qui ne faisait que trop tarder et la crainte d'une mauvaise surprise qui les guettait à tout moment du match. Certes, les données sur le papier leur donnaient raison. Le TP Mazembe a brillé dernièrement en dominant en deux années consécutives la Ligue des champions, la plus prestigieuse compétition africaine interclubs et en devenant la première équipe du continent noir à atteindre la finale d'un Mondial des clubs, lors de l'édition 2010. Mais ils ont oublié qu'en face, se dressait une équipe qui vient de retrouver la première division du championnat national lors de l'avant dernière saison et déjà elle a à son actif une Coupe du Trône, remportée après avoir joué une deuxième finale consécutive et une Coupe de la CAF décrochée haut la main, après un parcours surprenant et aux dépens de gros calibres du football africain. "Un match de foot se joue entre deux équipes et je pense qu'il est grand temps qu'on respecte nos adversaires", ne cesse de marteler l'entraîneur sénégalais Lamine Ndiay, souvent pressé par les journalistes qui relatent, par leurs questions, les grandes attentes du large public pour qui des "manque de préparation", " manque de repos " et " qualités de l'adversaire " ne constituent pas des excuses valables pour que leur équipe n'impose pas sa loi sur la pelouse du stade de La Kenya. La seine des joueurs du TP Mazembe qui hésitaient à aller tirer les penalties, voire refuser de se soumettre à ce calvaire qui pouvait leur attirer la fureur des supporters en cas d'échec, notamment en deuxième série de la séance de tir au but, était frappante. "Déjà, personne ne voulait pas y aller. Lors de la première série, seulement trois joueurs étaient partant pour tirer", raconte Ndiay.
Le message du technicien sénégalais semble être bien passé et beaucoup de ceux mêmes qui prédisaient une victoire écrasante du TP Mazembe, adoptent désormais un discours plus modéré. "Vous avez une équipe excellente. Pouvoir obliger le TP Mazembe à aller aux tirs au but sur son terrain. Bravo !", lance, souriant, Banza, un cambiste exerçant à l'avenue Lomami, énorme centre commercial de la ville de Lubumbashi. "On croyait que c'était dans la poche, mais c'était plus difficile ", admet ce jeune homme qui exerce son métier d'ambulant, comme beaucoup d'autres de ses confrères de la ville. "Vous étiez sur le point de nous avoir à plusieurs moments, notamment en fin de match et les penalties étaient éprouvants ", lance pour sa part Raphael, un photographe qui fait de la voie publique son vaste studio. Portant avec fierté un maillot flambant neuf du TP Mazembe, ce trentenaire n'a pas manqué d'exprimer son étonnement en apprenant que l'équipe qui a donné du fil à retordre à son équipe fétiche vient de regagner la première division nationale. " En tout cas, ils ont de l'avenir", commente-t-il. Pour Nkulu, gérant de magasin, c'est le fair-play des joueurs et staff du FUS qui a été remarquable." J'ai frappé par l'attitude des joueurs du FUS qui ont joué propre et n'ont manifesté aucune réaction de frustration ou de colère après le match, contrairement à beaucoup d'équipes battues sur ce terrain. On pouvait les voir échanger leurs maillots, donner des interviews ou prendre des photos souvenir tout en gardant le sourire", s'étonne-t-il. Mais malgré cette prise de conscience quasi-générale, certains ne veulent rien entendre et attribuent la difficulté rencontrée par leur club à des phénomènes extranaturels. "C'est à cause du grigri (sorcellerie)", se contente de lancer Mukalay, une marchande ambulante qui rappelle par ses propos que le football africain, malgré les grands pas qu'il a franchis vers le professionnalisme, garde toujours ses spécificités étroitement liées aux mentalités et aux croyances répandues dans le continent noir.