C'est désormais chose faite. La diète méditerranéenne vient d'être inscrite au patrimoine culturel Immatériel de l'humanité à l'UNESCO. ---Par Mustapha el Kadaoui--- Le Maroc y est représenté par la ville mythique de Chefchaouen qui, avec ses consÂœurs Soria (Espagne), Coron (Grèce) et Cilento (Italie), avaient présenté en mars dernier une candidature commune pour l'inscription de cet "art de vivre" à ce patrimoine. Le premier à s'en féliciter, n'est autre que le président de la Commune urbaine de Chefchaouen Mohamed Sefiani qui s'est réjoui de voir sa ville figurer dans ce patrimoine immatériel, grâce à ce régime alimentaire qui, comme le souligne l'UNESCO, constitue "un ensemble de savoir-faire, de connaissances, de pratiques et de traditions qui vont du paysage à la table, y compris les cultures, la récolte ou la moisson, la pêche, la conservation, la transformation, la préparation et, en particulier, la consommation d'aliments". L'inscription de cette diète au patrimoine immatériel de l'UNESO s'est faite lors de la réunion annuelle tenue mardi dernier par le comité intergouvernemental à Nairobi où les experts ont planché sur 51 candidatures pour n'en retenir finalement que 46. L'Unesco qui classe depuis 1972 les plus beaux sites du monde, a également autorité pour protéger le "patrimoine immatériel de l'Humanité", aux termes d'une convention signée en 2003. "La diète méditerranéenne se caractérise par un modèle nutritionnel qui est demeuré constant dans le temps et l'espace et dont les principaux ingrédients sont l'huile d'olive, les céréales, les fruits et légumes frais ou séchés, une proportion limitée de poisson, produits laitiers et viande, et de nombreux condiments et épices (à)", lit on dans le communiqué de l'UNESCO.
Mais la diète (du grec diaita ou mode de vie) méditerranéenne recouvre beaucoup plus que la seule nourriture, estime l'UNESCO, soulignant qu'elle favorise les contacts sociaux et les repas collectifs qui sont la clé de voûte des coutumes sociales et des événements festifs. Cette diète, poursuit l'organisme onusien, a donné naissance à un formidable corpus de savoirs, chants, maximes, récits et légendes. Elle s'enracine dans le respect du territoire et de la biodiversité, et assure la conservation et le développement des activités traditionnelles et de l'artisanat liés à la pêche et à l'agriculture dans les communautés méditerranéennes dont Soria en Espagne, Coron en Grèce, Cilento en Italie et Chefchaouen au Maroc représentent des exemples, ajoute l'UNESCO. La cérémonie de présentation de cette candidature commune, avait eu lieu le 14 mars dernier à la Commune urbaine de Chefchaouen, en présence du secrétaire général du ministère de la Culture M. Ahmed Gouitaa des représentants des quatre villes (Chefchaouen, Soria, Coron, et Cilento) qui avaient tous souligné l'importance de ce projet illustrant ainsi les liens culturels qui unissent les deux rives de la Méditerranée dans divers domaines, en particulier culturel. Cette rencontre avait été sanctionnée par la signature de la "Déclaration de Chefchaouen", une sorte de Feuille de route pour ce projet ambitieux qui vient ainsi concrétiser deux années de travail et d'efforts déployés niveau de ces quatre villes méditerranéennes. La France, qui fait pourtant partie de ce pourtour méditerranéen et co-présidente de l'Union pour la Méditerranée, avait préféré faire cavalier seul avec son "repas gastronomique des Français” qui lui aussi entre au patrimoine culturel immatériel de l'Humanité. La diète méditerranéenne fait désormais partie de ce patrimoine de l'Humanité, au même titre que l'art du tapis en Azerbaïdjan ou l'acupuncture chinoise, le flamenco espagnol, le carnaval d'Alost en Belgique, la musique marimba en Colombie, le théâtre traditionnel musical d'Okinawa au Japon, la fauconnerie (candidature collective de onze pays) ou le festival de lutte d'hommes enduits d'huile à Kirkpinar (Turquie) parmi bien d'autres. Ses vertus ne sont plus à démontrer comme l'avait d'ailleurs souligné lors de la réunion à Chefchaouen le Dr. J.M. Ruiz Liso, médecin à Soria, une ville de 40.000 habitants, située dans la région de Castille-et-Leon en Espagne. Cet expert avait alors affirmé que dans sa petite ville, vivre centenaire grâce à ce régime alimentaire ne constituait plus un rêve mais une réalité. Selon ce médecin, Soria compterait le nombre le plus élevé de centenaires pour 100.000 habitants dans le monde, grâce justement à cette fameuse diète qui se veut le "meilleur remède et le moins cher" pour combattre toutes sortes de maladies.