Avec la victoire éclatante des républicains qui leur a permis de reprendre le contrôle de la Chambre des représentants du Congrès, le Président Barack Obama se voit désormais contraint de composer avec le nouveau président de la Chambre basse, John Boehner, avec lequel il risque de croiser le fer pour les élections présidentielles de 2012. Par Fouad ARIF Bien que les deux hommes ont deux agendas législatifs généralement contradictoire étant tous les deux de deux bords idéologiques différents, ils devront néanmoins trouver des terrains d'entente dans le but d'apaiser la désaffection et la colère d'un électorat américain qui veut des résultats pour relancer l'économie et réduire un taux de chômage actuellement à des hauteurs historiques avoisinant les 10 pc. Tout en s'évertuant tant bien que mal à trouver des compromis, qui sera dorénavant le maitre-mot des débats à la chambre basse, Obama et Boehner se prêteront au jeu délicat de souligner leurs différences et de se pointer du doigt, le cas échéant, dans le but d'entretenir leurs clientèles électorales respectives, les présidentielles étant dans deux ans seulement. Plusieurs observateurs estiment que le chef de l'exécutif se voit ainsi acculer à une position défensive, dans la mesure où les républicains auront une grande capacité de blocage de l'agenda législatif présidentiel, d'où, ajoutent-il, le besoin pour Obama de procéder à un rééquilibrage de ses priorités au sujet desquelles il devra communiquer autrement, quitte à prendre à témoin le peuple américain. A ce duo, il faudra aussi ajouter le leader la majorité démocrate au sénat, Harry Reid, qui a pu préserver son siège en dépit des gains substantiels du GOP à la Chambre haute. Ce dernier s'est empressé après l'annonce des résultats des élections de mi-mandat de faire part de son intention de travailler dans une logique bipartisane, "dans le but de construire un consensus pour le bien du pays". Pas de répercutions directes sur la politique étrangère de Washington Les commentateurs ont été unanimes à souligner que ce scrutin a eu valeur de référendum sur l'agenda ambitieux de Barack Obama et de test pour sa cote de popularité actuelle. Pis encore, les résultats de l'actuel scrutin sonnent comme une mise en garde pour les prochaines présidentielles. Les facteurs déterminants auront été les questions domestiques liées notamment à l'économie, au chômage et à la sécurité sociale. Les questions relatives à la politique étrangère des Etats Unis en dépit du stationnement de quelque 100.000 soldats US en Afghanistan et d'une force résiduelle en Irak n'ont pas pesé lourd dans les bulletins de vote, comme ce fut le cas en 2006 où la guerre en Irak avait aidé à la concrétisation de la victoire des Démocrates dans les deux chambres du congrès. C'est pour cette raison que les observateurs estiment qu'il n'y aura pas de répercutions directes sur la politique étrangère des Etats Unis, du moins pas dans l'immédiat. La tâche d'Obama sera d'autant plus délicate et difficile qu'il aura beaucoup de mal à mobiliser son noyau dur électoral pour soutenir ses politiques en Irak et en Afghanistan. Pas moins de 54 pc des démocrates se disent résolument contre l'engagement miliaire US en Afghanistan. Dans cette guerre, le chef de l'exécutif US bénéficie d'un soutien paradoxal de la part de ses rivaux idéologiques: les républicains qui sont traditionnellement pour des postures fortes en matière de défense. Obama aura néanmoins besoin, estiment les commentateurs politiques, de revoir la liste de ses priorités en matière de politique étrangère. En attendant, Obama a appelé mardi soir Boehner pour le féliciter suite à la victoire du GOP. Les deux hommes se sont promis de "travailler ensemble" pour mettre l'accent sur les questions domestiques qui préoccupent les Américains, qui sont selon le nouveau président de la chambre basse la création d'emploi et la réduction des dépenses. Seul l'avenir proche dira si cette "entente cordiale" trouvera son expression sur le terrain, les ambitions de l'un et de l'autre étant diamétralement opposées.