Le Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), Jacques Diouf, a souligné, lundi à Rome, la nécessité de solutions tout à la fois mondiales et locales pour combattre l'insécurité alimentaire. Intervenant à l'ouverture de la 36ème session du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) de l'organisation, Diouf a, en ce sens, qualifié de "capital", l'établissement de partenariats et de liens au niveau des pays "par le biais de mécanismes adéquats et reconnus, comme les groupes thématiques et les alliances nationales pour la sécurité alimentaire". Il s'est félicité, à cet égard, que le CSA, dont le secrétariat est constitué de membres des trois organisations s'occupant d'alimentation et d'agriculture basées à Rome (FAO, FIDA et le PAM), soit "la plate-forme idéale pour débattre de questions aussi complexes et dégager un consensus sur les solutions à apporter". "L'expertise du CSA, son expérience, sa multidisciplinarité et sa vaste présence sur le terrain en font des caractéristiques essentielles", a affirmé Diouf en exprimant le "soutien sans réserve" de son organisation à cette instance. Pour sa part, la Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM), Josette Sheeran, s'est réjouie que "cette semaine marque le lancement d'un effort mondial stratégique ayant pour but d'exploiter les atouts conjugués de toutes les parties prenantes engagées dans la lutte contre la faim dans le monde". Pour elle, cette session vient "à point nommé" après la récente volatilité des prix des produits de base et l'accroissement de la demande en nourriture. "C'est l'occasion pour le CSA d'assumer sa responsabilité et de fédérer les nations du monde autour d'une réponse efficace et cohérente pour fournir une aide humanitaire vitale en cas de catastrophe et bâtir une sécurité alimentaire à long terme", a-t-elle estimé. De son côté, Yukiko Omura, vice-Présidente du Fonds international pour le développement agricole (FIDA) a souligné que "le CSA a un rôle primordial à jouer dans les années à venir". Selon elle, "investir dans les petits agriculteurs - améliorer leur accès à la terre, aux technologies adaptées, aux services financiers et aux marchés, et répondre à leurs autres besoins - est le moyen le plus efficace d'engendrer un mouvement de tous bords pour sortir de la pauvreté et de la faim". La 36ème session du CSA intervient dans un contexte de nouvelles hausses des prix alimentaires mondiaux qui pèsent sur la sécurité alimentaire. Depuis sa dernière session en octobre 2009, le CSA a fait l'objet d'une vaste réforme dans le but d'en faire la plate-forme internationale et intergouvernementale la plus inclusive permettant aux acteurs concernés de se concerter pour assurer la sécurité alimentaire et la nutrition pour tous. Cette première session à se tenir après la réforme du CSA, considéré désormais comme la clé de voûte de la gouvernance mondiale en matière d'agriculture et de sécurité alimentaire, rassemble un groupe élargi de parties prenantes telles qu'ONG, organisations de la société civile, autres organes des Nations Unies, secteur privé et représentants d'associations philanthropiques. Par ailleurs, le Comité bénéficiera des conseils d'un Groupe d'experts de haut niveau dans divers domaines liés à la sécurité alimentaire et à la nutrition. La réunion devrait consacrer l'importance du Comité réformé en tant qu'instance de coordination des initiatives aux niveaux mondial, régional et national. Elle permettra également aux participants en provenance d'Afrique, d'Asie et du Pacifique du Sud-Ouest, d'Euro-Asie, du Proche-Orient et d'Amérique latine, d'échanger leurs expériences. Des études de cas thématiques par pays seront présentées à cette occasion par le Bangladesh, Haïti, la Jordanie et le Rwanda. Par ailleurs, des tables rondes-stratégiques seront consacrées à des questions fondamentales ayant trait à la sécurité alimentaire, notamment le régime foncier et les investissements internationaux dans l'agriculture, la sécurité alimentaire lors de crises prolongées et les moyens de gérer la vulnérabilité et le risque. La délégation marocaine à cette réunion de cinq jours est présidée par M. Hassan Abouyoub, ambassadeur du Maroc en Italie et représentant permanent du Royaume auprès de la FAO. Elle comprend également deux hauts responsables du ministère de l'agriculture et de la pêche maritime. Les participants à la session discuteront des lignes directrices d'une plate-forme stratégique globale à adopter en matière de sécurité alimentaire et s'attèleront à l'élaboration d'un document final pour une meilleure coordination au niveau international de la lutte contre la faim. Parmi les sujets les plus controversés qui seront examinés, la lutte contre les accaparements de terres et la vulnérabilité des agriculteurs face aux changements climatiques. Les questions cruciales de la volatilité des prix ou de la création d'un cadre stratégique permettant d'assurer la cohérence des politiques commerciales ou énergétiques comme celles liées aux agrocarburants - seront abordées aussi lors de la réunion du CSA. Selon un rapport publié récemment par la FAO, vingt-deux pays dans le monde se trouvent actuellement dans "une situation de crise prolongée" à cause de crises alimentaires à répétition et de la prévalence de la faim sous l'effet combiné des catastrophes naturelles, des conflits et de la faiblesse des institutions. Dans les pays confrontés à ces problèmes complexes, le pourcentage d'individus sous-alimentés est, en moyenne, presque trois fois plus élevé que dans les autres pays en développement, avait souligné ce document publié conjointement avec le Programme alimentaire mondial (PAM). La 36ème session du comité de la sécurité alimentaire mondiale de la FAO se tient à la veille de la célébration, le 15 octobre, de la journée mondiale de l'alimentation.