Symbole de l'appartenance au pourtour Méditerranéen, le secteur oléicole jouit au Maroc et plus particulièrement dans la région de Marrakech-Tensift-Al Haouz (MTH), d'un intérêt particulier et revêt de ce fait, une importance socio-économique indéniable, comme en témoigne "la sacralité" dont se fût entouré l'olivier dans cette zone depuis de longs siècles de l'histoire. -Samir Lotfy- Expression même du fort attachement à la terre, l'olivier, arbre millénaire et richesse précieuse, a eu, au fil des années, le grand mérite de servir de source de revenu pour la grande majorité des populations autochtones, lesquelles avaient choisi même d'organiser autour de cet arbre, le reste de leurs activités. La sacralité de l'olivier en tant qu'arbre béni, conjuguée aux vertus diététiques et thérapeutiques miraculeuses de ses fruits, ont eu pour conséquences directs, d'ériger cet arbre en patrimoine arboricole énorme, dont l'importance fût léguée d'une génération à l'autre, dans un souci d'assurer sa pérennité, sa préservation et sa promotion. + L'oléiculture : une large contribution aux économies nationale et régionale+ A l'échelle nationale, l'oléiculture constitue la principale source de revenu pour quelque 400.000 familles, assure plus de 15 millions de journées de travail par an, ce qui est équivalent à 60.000 emplois stables, et permet de garantir l'approvisionnement de 334 unités modernes ainsi que de 16.000 unités traditionnelles d'extraction de l'huile d'olive (Mâasra). L'oléiculture couvre 16 pc des besoins du Royaume en huiles alimentaires et contribue à l'équilibre de la balance commerciale avec l'exportation de 63.000 tonnes d'olives de table et de 6.000 tonnes d'huiles d'olive. La moyenne de production totale des olives s'élève à 600.000 tonnes, dont 150.000 tonnes destinées aux unités de conservation (47 unités) et 450.000 tonnes aux unités d'extraction de l'huile d'olive. Le taux de productivité à l'échelle nationale demeure relativement "faible", soit 1 tonne/ha, ce taux varie entre 0,5 et 1,5 tonne/ha dans les zones Bour et entre 1,6 et 3 tonnes/ha dans les zones irriguées. Concernant les exportations, le Maroc occupe la 2ème place après l'Espagne pour ce qui est des olives de table et exporte essentiellement vers les pays de l'UE. Pour ce qui est du volume des exportations de l'huile d'olive, le Maroc dépend essentiellement de l'importance de la production des olives. Les Etats Unis, l'Espagne et l'Italie constituent les principaux marchés de l'huile d'olive marocaine. Dans un entretien accordé à la MAP en marge de la 6ème édition du Salon International de l'Olivier (Oléa 2010) (22 au 25 septembre à Marrakech), M. Mohamed Harras, directeur régional de l'agriculture (DRA) a fait observer que pour ce qui est de la région de Marrakech-Tensift- Al Haouz, l'olivier occupe une place essentielle dans les différents programmes agricoles, relevant qu'avec quelque 131.500 ha, les plantations d'olivier représentent 73 pc de la superficie arboricole de la région. Et d'ajouter que la région de Marrakech-Tensift-Al Haouz qui représente 20 pc de la superficie nationale, intervient avec 25 pc de la production nationale d'olives (200.000 tonnes/an), et contribue à hauteur de 70 pc aux exportations nationales de conserves d'olives, notant que le rendement moyen de la région se chiffre à 1,7 tonne/an.
+Des difficultés à transcender pour un développement sûr de la filière+ Au niveau de la région de Marrakech- Tensift- Al Haouz, nombre de petits agriculteurs ne cessent de pointer du doigt les conditions climatiques peu clémentes, notamment avec la succession des années de sécheresse, conjuguée à l'insuffisance des moyens pour lutter contre les différentes maladies qui menacent leurs cultures, les empêchant ainsi d'améliorer leur production et productivité. Les méthodes d'exploitation souvent archaïques, la détérioration des oliviers lors des gaulages et le non-renouvellement des arbres après leur vieillissement, peuvent être également à l'origine de la dégradation du parc oléicole de cette région, estime M. Harras, faisant observer que l'éparpillement des exploitations oléicoles, l'insuffisance du rendement des organisations professionnelles locales et la faiblesse du degré de technicité chez un grand nombre de producteurs, peuvent affecter sérieusement le développement de cette filière. Les problèmes liés à la commercialisation de ce produit figurent également parmi les défis à relever, puisque le secteur est confronté à une concurrence internationale de plus en plus rude exercée par certains pays européens, auxquels s'ajoutent la prédominance de l'informel et les défaillances enregistrées en matière d'organisation de cette filière (existence d'intermédiaires entre la production et la transformation). En matière de transformation, le secteur de la trituration souffre de l'existence d'une multitude d'unités artisanales (les mâasras), avec un rendement d'extraction faible et une huile d'olive souvent de piètre qualité.
+ Une batterie de mesures pour la promotion de l'oléiculture+ Pour relever tous les défis liés à cette filière, plusieurs actions ont été entreprises, dans le cadre du Plan National Oléicole mis en oeuvre à l'horizon 2010, lequel s'articule autour de quatre axes principaux: l'amélioration de la gestion du patrimoine oléicole existant, l'extension des superficies plantées en olivier, la modernisation de l'outil de transformation et l'amélioration de la qualité et l'organisation de la profession, a expliqué M. Harras. Et de poursuivre qu'à l'échelle régionale et particulièrement au niveau de la province d'Al Haouz, le secteur oléicole bénéficie, dans le cadre de programmes de coopération internationale, d'un concours financier et technique très important, citant, à titre d'exemple, le Millénium Chalenge Corporation (MCC) qui mène plusieurs projets dans ce sens dans plusieurs régions du Royaume, en l'occurrence la province d'Al Haouz, notamment avec l'extension de la superficie sur 2.400 ha et l'installation de deux unités de transformation, ce qui devra bénéficier à terme, à 900 agriculteurs. M. Harras a fait observer aussi qu'afin de développer le secteur oléicole, un contrat programme a été signé entre l'Etat et l'interprofession oléicole "Interprolive ", au niveau de la région de Marrakech-Tensift- Al Haouz, contrat qui se fixe comme principaux objectifs : l'extension de la superficie oléicole de 123.400 ha à 156.600 ha, l'intensification de la conduite du patrimoine de 50 pc à 70 pc des superficies, et l'amélioration des rendements de 1,7 à 5 T/ha à l'horizon 2020. Abondant dans le même sens, M. Harras a fait remarquer que dans le cadre du Plan Régional Maroc Vert, 76 projets visant le développement d'une filière oléicole performante verront le jour au niveau de cette région et ce, à l'horizon 2020, dont 47 projets pour le Pilier I visant le développement accéléré d'une agriculture moderne et compétitive, avec un montant de 4,3 Milliards de DH et 29 projets dans le cadre du pilier II (mise à niveau des acteurs fragiles et lutte contre la pauvreté rurale), avec un montant de 1,8 milliard de DH. " L'oléiculture représente ainsi plus de 50 pc des projets du Plan Agricole Régional Maroc Vert et plus de 70 pc en terme d'investissement ", a dit M. Harras, précisant que 11 projets oléicoles sont en cours de réalisation, avec un investissement de 900 MDH, dont 7 projets en pilier I (660 MDH), concernant l'extension de la superficie de 3.500 ha, l'augmentation de la production de 44.000 tonnes, la mise en place de 5 unités de production d'huile d'olive, avec une capacité de 85.000 T/ an, et l'agrégation de 2.280 agriculteurs agrégés. Les 4 projets restants (240 MDH), s'insèrent dans le cadre du pilier II et portent sur l'extension de la superficie de 4.500 ha, l'augmentation de la production de 12.000 tonnes, la mise en place de 20 unités de production d'huile, avec une capacité de 10.000 T/an, et 11.000 agriculteurs bénéficiaires, a-t-il précisé. Et d'ajouter qu'un intérêt particulier est accordé également à la formation des techniciens, des producteurs et des employés, au rajeunissement des oliveraies, à la sensibilisation et l'information des agriculteurs notamment dans les domaines d'irrigation, d'entretien et de traitement des arbres et de la cueillette et surtout, à l'amélioration de la qualité des produits oléicoles. + Le Salon Oléa 2010, une valeur ajoutée pour la région+
Interrogé, par ailleurs, sur le Salon Oléa 2010 qui a soufflé cette année sa 6ème bougie dans la cité ocre, M. Harras a tenu à indiquer que cette grande foire, placée sous le signe " Marrakech, nouvel élan pour l'oléiculture dans le cadre du Plan Maroc Vert ", constitue un rendez-vous des professionnels et des chercheurs du secteur oléicole et une occasion idoine pour l'échange de connaissances et d'informations, et l'ouverture sur les dernières nouveautés dans ce domaine. " Il s'agit aussi d'une plateforme pour débattre des différentes stratégies pour un amorcement de la promotion de la commercialisation de l'huile d'olive marocaine à l'export, entre autres, notamment à travers la structuration du secteur autour d'agrégateurs qui sont souvent des unités de transformation à fort potentiel ", a-t-il expliqué. Et de conclure que ce Salon puise sa philosophie dans la volonté de favoriser le transfert de technologies en production et en transformation, de promouvoir la qualité dans la filière, de développer les échanges commerciaux, et d'encourager l'organisation des producteurs autour d'agrégateurs (unités de transformation).