Le public hoceimi a eu droit, mardi soir, à une soirée dédiée à la chanson et la musique engagées dans le cadre de la 6-ème édition du festival méditerranéen d'Al Hoceima, organisé sous le signe "communion des peuples : dialogue des cultures". -Envoyé Spécial: Said Youssi- Deux grands figures qui se sont forgés au fil des années une réputation d'artistes engagés se sont relayés sur la scène et ont enchanté les dizaines de milliers de mélomanes de la ville et ses visiteurs. Il s'agit du grand chanteur kabyle, Idir, et l'artiste marocain apprécié, Said Al Maghribi. "Je vais chanter des chansons d'une époque cruelle, mais je suis content de les chanter dans une ère heureuse comme celle-ci", c'est dans ses mots que Said Al Maghribi s'est exprimé à sa rencontre avec le public du festival d'Al Hoceima, où il chante pour la première fois. Saïd El-Maghrebi, dont les chansons ne laissent pas insensibles, dispose d'un répertoire engagé exprimant sa lutte contre le racisme et militant pour la liberté et la paix. Titulaire d'un doctorat en musicologie (Sorbonne 1996), il retourne au Maroc en 1994 après un séjour de 15 ans en France. Enseignant universitaire, Said El Maghribi artiste passionné a chanté dans de prestigieuses salles de spectacles, telles que l'Olympia à Paris mais aussi au Parlement Européen. Le moment phare de cette deuxième soirée du festival d'Al Hoceima est sans conteste l'entrée en scène du célèbre chanteur kabyle, Idir. Très apprécié par les mélomanes d'Al Hoceima, à l'instar d'autres régions du Royaume, l'auteur de la célèbre chanson "Avava Inova" a bel et bien su enchanter la foule par sa voix gracieuse et discrète. Charmés, les spectateurs n'ont cessé, tout de long du concert, de répéter les chansons de cet artiste engagé dont ils connaissent les paroles par coeur. Chantant à Al Hoceima pour la troisième fois, Idir, de son vrai nom Hamid Cheriet, a enchaîné les tubes et conquit un public hoceimi des plus exigeants. Auteur d'un des premiers succès world, Idir fait depuis les années 70 figure de représentant de la culture kabyle (Algérie). Né dans un village de Haute-Kabylie, Aït Lahcène en 1949, ce fils de paysan entreprend des études de géologie et se destine à une carrière dans l'industrie pétrolière. Auparavant, le groupe Al-Qods, représentant de la Palestine à ce festival célébrant la diversité et le dialogue des cultures, a annoncé la couleur de cette soirée de musique engagée. Le groupe composé de jeunes garçons et filles en costumes traditionnels palestiniens a brossé un tableau folklorique haut en couleur. Le groupe a entraîné, une heure durant, le public dans un voyage dans les musiques, rythmes, danses et traditions de la Palestine profonde. Initié par l'Association Rif pour la Solidarité et le Développement (ARID), la 6-édition du festival méditerranéen, ouverte lundi, s'inscrit dans la continuité de précédentes éditions et nourrit l'ambition de "transformer pour la première fois son caractère local et national en une vocation internationale". Consciente du rôle éminent joué par le festival dans le domaine de développement et d'animation à Al Hoceima, l'Association "ARID" a envisagé cette année d'élargir et diversifier les activités de cette manifestation et à transformer pour la première fois son caractère local et national en une vocation internationale. Le programme, étendu au cinq communes relevant de la province d'Al Hoceima, prévoit une série de concerts animés par des stars internationales de différentes nationalités et cultures mais également l'organisation de plusieurs activités sportives et culturelles, ainsi que des expositions dédiées à la présentation des produits d'artisanat et des produits du terroir local. Outre Faudil qui s'est produit à l'ouverture et Idir, plusieurs groupes et chanteurs venus de Palestine, d'Espagne, d'Egypte et de l'Algérie animent les soirées du festival d'Al Hoceima, qui se poursuivra jusqu'au 31 juillet courant. Il s'agit, entre autres, du groupe Gipsy King (Espagne), le groupe espagnol de flamenco "Yalma" ainsi que des artistes nationaux tel Daoudia, Aicha Tachinouite. Le festival d'Al-Hoceima n'est pas le fruit du hasard mais l'aboutissement d'une longue et mure réflexion qui a conduit à la création d'un événement à la fois culturel, artistique et sportif digne de la ville et de sa région, indique-t-on. Le dialogue constitue "une passerelle solide qui sert à consacrer une culture de solidarité et d'alliance entre les peuples, les cultures et les civilisations", ont tenu à préciser les initiateurs, qui rappellent que "l'attachement du Festival d'Al Hoceima à l'esprit méditerranéen, résulte du fait que la Méditerranée n'est pas seulement un marché destiné aux échanges de marchandises, mais il constitue également un espace ouvert à la création, à la créativité, au dialogue et aux interactions".