Le prestigieux Musée du Louvre accueille, depuis mercredi, l'exposition "Routes d'Arabie", un voyage intemporel à travers l'archéologie et l'histoire du Royaume d'Arabie Saoudite de la préhistoire à l'orée du monde moderne. Inaugurée la veille par le ministre saoudien des Affaires étrangères, le Prince Saoud Al Fayçal, et son homologue français, Bernard Kouchner, cette exposition propose un périple, qui se prolongera jusqu'au 27 septembre prochain, au cœur de la péninsule d'Arabie, rythmé par l'évocation photographique des somptueux paysages de la région. Elle est conçue comme une succession d'étapes dans quelques-unes des grandes oasis de la péninsule qui abritèrent, dans l'Antiquité, de puissants Etats ou devinrent, à partir du VIIème siècle, les lieux Saints de l'Islam. Par sa situation géographique en Asie occidentale et l'étendue de son territoire, le Royaume d'Arabie Saoudite abrite sur son sol des vestiges de cultures remontant à la Préhistoire. Au moyen des trois cents œuvres sélectionnées, exposées dans leur majorité pour la première fois en dehors de leur pays d'origine, cette exposition permettra aux visiteurs d'esquisser un panorama inédit des différentes cultures qui se sont succédées sur le territoire du Royaume d'Arabie Saoudite. Ces œuvres dévoilent, en particulier, le passé méconnu d'un monde arabe préislamique brillant et prospère, que découvrent peu à peu les fouilles archéologiques. Stèles funéraires néolithiques, statues colossales des rois de Lihyan (VIème - IVè siècle avant J.-C.), vaisselle d'argent ou bijoux précieux déposés dans les tombes, témoignent du dynamisme de cette civilisation. Au fil du temps et de l'histoire, des civilisations naissent, croissent et régressent, cédant la place à d'autres cultures qui se nourrissent de l'héritage de celles qui les précèdent ou auxquelles elles s'ajoutent. Ce passage de relais se fait le plus souvent au rythme des contacts avec les civilisations voisines de Mésopotamie, d'Iran, d'Egypte, du Levant ou du Yémen, puis avec les grands empires de la fin de l'Antiquité. Des caravanes de marchands, accompagnées régulièrement d'hommes armés et parfois de scribes, ont de tout temps sillonné l'Arabie d'Est en Ouest et du Nord au Sud. Elles créèrent et suivirent des routes tracées au gré des paysages, entretenant, pendant des millénaires, le rôle privilégié de la région en tant que carrefour commercial et culturel, au cœur des circuits de l'encens et du commerce des matières précieuses. C'est le long de ces routes que se formèrent les principaux centres habités, qu'ils fussent simple campement d'une tribu ou capitale d'un Etat. Cette itinérance le long de parcours bien identifiés a conféré une particularité, une unité à ce pays au peuplement et aux paysages pourtant diversifiés. Elle mit en contact des régions, des tribus, des croyances et des cultures, ouvrant ainsi la voie à l'implantation et la diffusion rapide de l'islam, né dans la région côtière du Hijâz, ouverte à de multiples influences. Les routes de commerce devinrent routes de pèlerinage, reliant les grandes capitales islamiques aux Villes saintes de La Mecque et de Médine. Malgré des conditions climatiques et naturelles difficiles, les hommes ont su tirer parti de la position géographique du pays, lieu de passage des routes reliant les rives de l'Océan Indien ou les pays de la Corne de l'Afrique à l'Egypte, à la Mésopotamie et au monde méditerranéen. Au début du Ier millénaire avant J.-C., ces échanges trans-arabiques s'intensifient et font la prospérité des cités caravanières, irrigant la culture locale de modes et d'idées nouvelles venues des grands empires voisins. L'exposition met également en évidence le rôle de l'Arabie, berceau de l'Islam. Sur ses routes, les pèlerins se mêlent désormais aux marchands. Un premier ensemble évoque ces chemins de pèlerinage et l'une des principales étapes, Al-Rabadha. En suivant cette route jusqu'à la ville sainte de La Mecque, un deuxième ensemble présente une sélection de stèles funéraires qui illustre l'évolution de l'écriture et du décor entre le Xème et le XVIème siècle, tout en constituant un témoignage précieux sur la société mekkoise de l'époque.