Le président américain Barack Obama a livré jeudi l'un des discours les plus importants de sa jeune présidence, jeudi, à l'Université du Caire, en Egypte. Pendant 45 minutes, il a plaidé pour un nouveau départ dans les relations entre son pays et le monde musulman, et a tenté de persuader plus d'un milliard de disciples de Mahomet de partout au monde que son administration veut dialoguer honnêtement et respectueusement avec leurs dirigeants et eux. Le discours était également destiné au peuple américain à plusieurs égards. Citant le Saint Coran à quelques reprises, le président américain s'est par exemple appliqué à convaincre le peuple américain que l'Islam n'est pas une religion d'extrémistes. D'entrée de jeu, le président Obama a brossé un portrait rapide des relations entre l'Occident et le monde musulman, des guerres de religion, à l'époque coloniale puis à la Guerre froide, période pendant laquelle, a-t-il admis, la majorité des pays musulmans ont été utilisés comme des pions sur l'échiquier géopolitique, au détriment des aspirations des populations. Le président Obama a déclaré que les Etats-Unis et du monde musulman peuvent coexister, puisqu'ils partagent les mêmes principes de justice, de progrès, de tolérance et de dignité de l'être humain. La discorde actuelle, dit-il, ne sert que les intérêts des extrémistes. Le président américain a reconnu d'emblée qu'un seul discours ne saurait effacer des années de méfiance, et qu'il n'avait pas d'ailleurs réponse à toutes les questions complexes qui ne manquaient pas d'être soulevées dans le cadre de ces relations tumultueuses. Il importe toutefois, a-t-il déclaré, d'apprendre, d'écouter, de se respecter et de trouver des terrains d'entente. Barack Obama a alors entrepris une recension de divers éléments soulignant « la dette de la civilisation envers l'Islam », rappelant comme le monde musulman avait ouvert la voie à la Renaissance et au Siècle des Lumières, grâce à des innovations scientifiques, sociales et culturelles. Le président a ensuite parlé des liens historiques entre les Etats-Unis et le monde musulman et a dit qu'il était de son devoir de président de se battre contre les préjugés qui circulent au sujet de l'Islam. Le monde musulman doit toutefois faire de même avec les Etats-Unis, a-t-il dit. Barack Obama a mentionné à cet effet que 7 millions d'Américains sont musulmans, et que leur niveau d'éducation et leurs revenus sont plus élevés que la moyenne des Américains. Il a fait valoir que quelque 1200 mosquées ont été érigées aux Etats-Unis, et que chaque Etat du pays en a au moins une sur son territoire. Sur les conflits actuels Le président américain affirme toutefois sans détour que les Etats-Unis entendent continuer de combattre les extrémistes, et notamment le réseau Al-Qaïda, responsable des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, qui ont fait environ 3000 morts. La détermination des Etats-Unis sera sans faille à cet égard, a-t-il dit, et le monde musulman devrait faire de même. Au sujet du conflit israélo-palestinien, le président Obama a plaidé pour que chaque partie reconnaisse les aspirations de l'autre. À cet effet, il a affirmé sans ambiguïté que « le gouvernement américain ne reconnaît pas la légitimité de la colonisation israélienne », qui viole les accords conclus entre les parties. Du même souffle, il a sommé le Hamas doit reconnaître le droit d'Israël à exister, respecter les accords passés et cesser de recourir à la violence. La violence, a-t-il dit, mine toute autorité morale dans de tels conflits. Le président Obama a aussi abordé la question des guerres en Afghanistan et en Irak, réitérant que les Etats-Unis n'entendaient pas y rester plus longtemps que nécessaire, et qu'ils ne poursuivaient aucun objectif de conquête territoriale. Il a également parlé des relations avec l'Iran. Il a notamment reconnu haut et fort que les Etats-Unis avaient contribué à déstabiliser le pays en perpétrant un coup d'Etat contre le premier ministre Mossadegh en 1953. L'Iran doit toutefois cesser de se définir en fonction de leur opposition aux Etats-Unis, a-t-il déclaré, mais doit déterminer ce qu'il veut faire pour l'avenir. Barack Obama a aussi parlé de la démocratie, des libertés religieuses, des droits des femmes et du développement économique dans les pays musulmans. Il a dit rejeter l'idée répandue selon laquelle une musulmane n'est pas l'égale d'un musulman parce qu'elle porte un foulard. Mais il a dit croire qu'empêcher les femmes de s'instruire n'est qu'une façon de brimer leur accès à un meilleur avenir. Or les pays où les femmes sont les plus instruites sont également les plus prospères. Ce discours du président Obama, promis avant même qu'il ne remporte l'investiture démocrate, s'inscrit sans contredit dans la perspective de restaurer l'image des Etats-Unis dans le monde, mise à mal par une série de politiques préconisées par l'administration de son prédécesseur George W. Bush. La guerre en Irak et en Afghanistan, le scandale de la prison d'Abou Ghraïb, le sort des détenus à la prison de Guantanamo Bay et l'approche résolument pro-israélienne de l'administration Bush ont tous contribué à ternir l'image des Etats-Unis partout dans le monde, mais encore davantage dans le monde arabo-musulman. L'administration présidentielle prévoyait utiliser les réseaux sociaux sur Internet, comme Facebook et MySpace, pour maximiser l'impact du discours. Avant de prononcer son discours, le président Obama a rencontré le président égyptien Hosni Moubarak. Les deux hommes ont notamment discuté du processus de paix israélo-palestinien, dans lequel M. Moubarak est très engagé, et de la situation en Iran.