Le compte à rebours a commencé. A compter du 23 février 2009, le Conseil constitutionnel algérien dispose de dix jours pour rendre sa liste définitive des candidats autorisés à concourir à l'élection présidentielle du 9 avril prochain. Lundi, date limite du dépôt des candidatures, une foule de journalistes s'était massée autour du bâtiment abritant le Conseil constitutionnel, boulevard du 11 décembre 1960 sur les hauteurs d'Alger. Six candidats étaient venus déposer leur dossier. Première arrivée, Louisa Hanoune, porte parole du Parti des Travailleurs, qui se présente pour la deuxième fois aux élections. Elle était accompagnée des youyous et applaudissements de ses partisans. A sa sortie de l'édifice, elle a affirmé à la presse disposer de 140 850 formulaires de signature d'électeurs et quelque 996 paraphes d'élus locaux recueillis dans 47 wilayas (sur les 48 que compte le pays). La loi électorale algérienne exige un minimum de 75 000 signatures d'électeurs votant dans 25 wilayas, ou 600 signatures d'élus. L'opération a été « une véritable campagne politique et de sensibilisation pour connaître l'ancrage du parti dans la société algérienne », a déclaré la candidate citée par le quotidien El Watan. Un « candidat des étudiants et des jeunes » Rachid Bouaziz, candidat indépendant, a emboîté le pas à la porte parole du PT vers midi. Cet ex-syndicaliste de 42 ans, inconnu au bataillon, se dit « le candidat des étudiants et des jeunes », indique Liberté. « Je ne suis pas connu de l'opinion publique nationale. Je suis jeune, mais au regard de la loi, les chances de tous les candidats sont égales », a-t-il ainsi déclaré à la presse. Le très attendu candidat Abdelaziz Bouteflika, qui brigue un troisième mandat, est arrivé en début d'après-midi, accompagné de son président de campagne Abdelmalek Sellal et son frère. Pas de déclaration à la presse. L'Alliance présidentielle, composée de l'historique Front de libération nationale (FLN, nationaliste), du Rassemblement national démocratique (RND, libéral) et du Mouvement de la société pour la paix (MSP, islamique), a moissonné plus de 4 millions de signatures d'électeurs et 11 761 paraphes d'élus locaux et nationaux en faveur d'un troisième mandat pour Bouteflika. Belaïd Mohand Oussaïd, chef du Parti liberté et justice (PJL) récemment crée et non encore agrée, a clôturé le bal dans la soirée de lundi, affirmant avoir recueilli 119 000 signatures d'électeurs et 2 500 auprès d'élus dans 38 wilayas. Il a été précédé d'Omar Bouchama, président du Mouvement El Infitah, Mohamed Hadef, président du Mouvement national d'espérance (MNE) et Fawzi Rebaine de AHD 54. Mohamed Djahid Younsi, le secrétaire général du mouvement Islah, Ali Zeghdoud, président du Rassemblement algérien (RA) avaient accompli la formalité la veille, dimanche, tandis que Moussa Tourati, le président du front national algérien (FNA), avait déposé son dossier jeudi. Bouteflika et le boycott Le tableau ne reflète évidemment pas la réalité de la scène politique algérienne, les personnalités politiques de poids ayant refusé de prendre part à des élections qu'ils jugent jouées d'avance. Exit donc Saïd Sadi, chef du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), Liamine Zeroual, ancien président et général à la retraite, Sid Ahmed Ghozali et Mouloud Hamrouche, anciens chefs du gouvernement, Houcine Aït Ahmed, le président historique du FFS (Front des Forces Socialistes), laissant le champ libre à Abdelaziz Bouteflika, dont la réélection ne souffre d'aucun suspense.