Au mois de février de cette année 2019, le gouvernement annonçait la baisse des prix de quelque 300 médicaments conséquemment à leur exonération de la TVA. Mesure applaudie en son temps des deux mains et l'opinion publique, avide de mesures sociales, n'hésita pas à accorder au gouvernement un certain crédit social. D'autant que par l'annonce en fanfare de ce «geste», l'Exécutif laissait entendre qu'étant «l'émanation» du peuple, il se rangeait du côté du peuple. Très charmant. A ce moment-là, les citoyens ignoraient que la mesure n'était qu'un leurre drapé d'une broderie sociale suffisamment grotesque pour être, peu de temps après, dénoncée par les activistes des droits des consommateurs. Et pour cause : 90% environ de ces médicaments sont soit peu consommés, soit des médicaments destinés principalement aux hôpitaux et soumis à des appels d'offre publics, en plus du fait que ce sont majoritairement des génériques. Le gouvernement n'a donc fait que se rendre service par la réduction de la pression des prix des médicaments destinés aux hôpitaux sur les budgets alloués, tout en jouant sur l'effet d'annonce pour s'attirer la sympathie des citoyens. Fin de l'histoire ? Pas du tout. La «saga» qui vise, selon le discours officiel, à «permettre un accès équitable à des traitements de qualité et à des prix convenables à tous» allait continuer, mais sous une autre forme autrement plus révélatrice de la nature réelle des sentiments qui animent l'Exécutif…Moins de cinq mois après l'annonce de la fameuse baisse des prix, le gouvernement rouvre le dossier en prenant carrément le chemin inverse de ses prétentions sociales, mais cette fois dans le secret total. Pas d'annonce, pas de communiqué, pas de déclaration et encore moins de fanfare. Par décret ministériel, il a été décidé la hausse des prix de 14 médicaments dont le stock est épuisé et qui n'ont pas de génériques. Se pliant à la demande du lobby de l'industrie pharmaceutique, le gouvernement qui se veut «émanation du peuple» et se range «du côté du peuple», a agi contre le pouvoir d'achat et les intérêts de ce même peuple, sans état d'âme. Ainsi, devant la menace du lobby en question de cesser d'approvisionner le marché national au cas où la marge des bénéfices resterait maigre, l'Exécutif qui joue pourtant les durs face à la protestation sociale - les étudiants en médecine comme exemple – devient docile et maniable à volonté devant des groupes de pression qui agissent dans l'ombre et qui s'en foutent éperdument du bien-être des citoyens marocains. Jamal HAJJAM