« De nouvelles chaînes de valeurs pour une croissance partagée », thème du forum économique Maroc-Espagne qui sera organisé le 10 janvier à Casablanca par la CGEM (Confédération générale des entreprises au Maroc) en partenariat avec la Confédération española de organizaciones empresariales (CEOE) et le Conseil économique Maroc-Espagne (CEMAES). Quelque 150 patrons espagnols sont attendus à ce rendez-vous dans le but d'identifier, avec leurs homologues marocains, de nouvelles opportunités de partenariat économiques, et d'explorer les moyens d'un développement partagé dans des domaines de l'eau, de l'énergie, de l'environnement, de l'industrie, des infrastructures, du transport et de la logistique... La signature de plusieurs conventions de coopération couvrant ces domaines figure ainsi au programme de cette rencontre, qui interviendra, faut-il le souligner, à l'occasion de la visite officielle au Maroc, le 9 janvier prochain, de Felipe VI. Une visite de trois jours qui sera l'occasion, selon la presse ibérique, pour le roi d'Espagne de remercier SM le Roi pour la position du Maroc concernant la Catalogne et son refus total des plans séparatistes menaçant la sécurité et l'intégrité territoriale de l'Espagne. Felipe VI se rendra au Maroc accompagné d'une délégation importante constituée de ministres et de grands investisseurs. Ce sera également l'occasion de discuter de la coopération économique et sécuritaire, des échanges commerciaux et de la lutte contre l'immigration clandestine. Le but ultime est de renforcer davantage les relations économiques bilatérales, déjà, il faut le dire, développées et favorisées par la proximité géographique des deux pays, l'implantation de près de 800 entreprises espagnoles au Maroc, et la présence d'une importante communauté marocaine en Espagne. « En effet, la dynamique de la coopération a permis aux deux pays de devenir des partenaires économiques, commerciaux et financiers importants. Ce partenariat se traduit par une hausse notable des transactions commerciales entre les deux pays et l'implantation des entreprises espagnoles au Maroc dans des secteurs aussi divers que l'immobilier, le tourisme, l'énergie, les télécommunications, les services financiers, les transports ou le textile-habillement », souligne une étude de la DEPF (Direction des Etudes et de la Prévision Financière) dans un rapport intitulé ; « Point sur les relations Maroc-Espagne : des échanges commerciaux croissant ». La consolidation des relations entre les deux pays est d'autant plus importante que l'Espagne est devenue le premier partenaire commercial du Maroc (premier fournisseur et premier client), la seconde source de recettes touristiques au Maroc et le second pays d'origine des transferts des Marocains résidents à l'étranger (MRE), ajoute la même source. La DEPF fait savoir aussi que l'Espagne est aussi l'un des principaux bailleurs de fonds au titre de l'aide publique au développement et a également été le premier pays étranger à réagir favorablement à l'INDH(Initiative nationale de développement humain) en se portant partenaire en faveur de projets socioéconomiques relevant de cette initiative. Les opportunités de renforcement du partenariat bilatéral ne font pas défaut En termes de perspectives, poursuit la DEPF, d'importantes opportunités de renforcement du partenariat avec l'Espagne existent et plusieurs chantiers structurants lancés au Maroc peuvent constituer des opportunités pour développer les investissements espagnols. Seulement, pour que ce partenariat gagne en efficacité et en efficience, des mesures doivent être mise en place. D'abord, il faut soutenir la dynamique des échanges bilatéraux à travers la multiplication des manifestations commerciales dans les deux pays et l'exploitation des opportunités offertes par l'Accord d'association et le Statut avancé avec l'Union européenne ainsi que par la panoplie des accords de libre-échange conclus par le Maroc qui permet l'accès à un marché de plus d'un milliard de consommateurs en franchise des droits de douane. Il faut aussi inciter les entreprises espagnoles à investir au Maroc, en mettant en exergue les avantages de la proximité géographique entre les deux pays, les possibilités offertes par les zones industrielles implantées sur le territoire marocain et les opportunités créées par les stratégies de développement sectorielles lancées par le Maroc, tout en encourageant les opérations de Co localisation profitables pour les deux pays (dans des secteurs tels l'automobile, l'agro-industrie et le textile-habillement). Autre mesure recommandée par la DEPF : appui à la dynamique des flux touristiques en provenance de l'Espagne. A cet effet, le renforcement des liaisons aériennes et maritimes entre les deux pays, le développement des partenariats avec les professionnels espagnols du tourisme (tour-opérateurs, agences de voyages, compagnies de transport...), combinés à la participation des opérateurs espagnols dans des projets touristiques et immobiliers, constituent un puissant levier pour promouvoir la destination Maroc et améliorer son attrait pour les touristes espagnoles. La DEPF recommande également l'accompagnement des entreprises marocaines et espagnoles dans leurs stratégies de prospection et d'implantation sur le marché sub-saharien qui présente un des plus forts rythmes de croissance économique du globe. Le Maroc pourrait ainsi jouer un rôle de relais dans les stratégies économiques nord-sud, profitant de sa position géographique et de ses liens solides avec l'Union européenne et les pays de l'Afrique de l'Ouest. Le spectre de partenariat peut s'élargir au marché latino-américain. Le développement de ce schéma de coopération offre un important gisement de croissance pour les entreprises marocaines et espagnoles dans un contexte de reprise économique en Europe. A. CHANNAJE