La décision de rattacher l'aérien au ministère du Tourisme a été de tout temps le grand voeu des professionnels. C'est enfin réalisé désormais avec le gouvernement de Saâdedine El Othmani. C'est donc un acquis mais qui a besoin d'une bonne expertise de gestion et d'un bon budget également pour son développement. C'est le cas également du budget de l'ONMT que les professionnels et opérateurs du secteur ont toujours souhaité voir bien consistant et largement suffisant, à l'instar des pays concurrents au Maroc (Tunisie, Egypte)... En fait, le tourisme est lié directement au développement de l'aérien. Aucun développement du secteur du tourisme ne se fera sans un développement de l'aérien. 80% de nos clients européens et autres prennent l'avion pour passer des vacances au Maroc. Si les liaisons aériennes de pointe à pointe, les liaisons en vols directs, les liaisons par charters ne sont pas suffisamment programmées et réalisées, on va toujours patauger et les hôteliers ne finiront jamais de se plaindre du taux de remplissage bas, qui tourne autour de 40%, soit bien en deçà du seuil de rentabilité. Il y a un constat pertinent à souligner. Tout développement du secteur comme celui de l'aérien passe par l'existence d'un bon produit touristique en matière d'hébergement, information, transport terrestre, formation professionnelle, restauration, accueil, service et prestations diverses, réactivité, etc... Il ne suffit pas de dire qu'on a un produit, il faut présenter un meilleur produit avec une équation qualité/prix correcte. Car la concurrence est rude et ce n'est pas les destinations touristiques ni les pays à vocation touristique qui manquent. Ce n'est pas les tarifs compétitifs qui manquent non plus, allant de l'aérien à l'hébergement, en passant par les loisirs diverses... Il suffit de voir sur internet, du côté des on liners. A signaler également que le vrai handicap au développement du tourisme chez nous est lié à une mauvaise gouvernance tant au niveau des institutions officielles que du privé et des associations professionnelles. On a l'impression d'être dans un souk où chacun présente sa marchandise qu'il veut commercialiser seul, tout en dénigrant celle de son voisin. Lorsqu'on ajoute à cela une absence de coordination entre les professionnels et opérateurs du secteur et les décideurs publics et élus locaux et régionaux, on ne fait que reculer. La centralisation de la décision à Rabat, cas de l'ONMT, sans concertation positive et réelle avec les professionnels régionaux, est un cas qui fait figure d'un vrai handicap et qui n'a plus raison d'être avec la régionalisation. Pour bien faire évoluer en fait, le secteur du tourisme comme celui de l'aérien doivent cadrer avec la Régionalisation, laisser la responsabilité aux professionnels et aux élus de dégager les stratégies régionales qu'ils jugent utiles et aptes au développement des Régions, en y mettant les moyens financiers et humains qu'il faut. L'essentiel n'est pas de créer d'autres organismes (SDR et SDL), l'objectif est d'opter pour une gestion efficace, à travers un savoir-faire et des expertises avérées, afin de prendre les bonnes décisions qu'il faut et de les mettre en exécution, tout en laissant une bonne marge pour rectifier et corriger, s'il le faut. Pour sortir de l'impasse que présente la Vision 2020, critiquée de toutes parts, à juste raison, on doit mettre en place des Visions Régionales, relatives aux 12 Régions, notamment les régions touristiques de premier ordre : Marrakech / Safi ; Souss/Massa ; Fès/ Meknès... Le salut du développement touristique passe indiscutablement par l'implication des Conseils Régionaux, des Elus locaux, des professionnels locaux, des Autorités Locales et des Services Extérieurs Régionaux de l'Etat. Beaucoup de régions l'avaient compris et appliqué, depuis des décennies, c'est le cas des Iles Canaries, dont nous devons prendre exemple, vu la riche expérience de ces Iles dans le domaine du tourisme tel l'aérien. C'est le cas également de la France, de l'Italie, la Turquie etc... On n'a qu'à voir les pratiques promotionnelles régionales dans les Salons internationaux de ces pays, pour comprendre que l'enjeu est sérieux, rentable, tout en renforçant la promotion des produits touristiques nationaux... Cela nous conduit à parler de la promotion régionale qui devient nécessaire et prioritaire. La diminution de la superficie du stand marocain de moitié, au Salon de l'ITB à Berlin, a donné à réfléchir aux professionnels et aux élus qui étaient présents au Salon ; sur l'éventualité de trouver la solution adéquate en vue de ne plus vivre cette situation anachronique. En effet, le Maroc, à travers l'ONMT, a opté pour une solution de réduction du stand, unique en son genre, dans les annales de l'Office national chargé de la promotion du produit touristique marocain. Il est certain que la régionalisation de la promotion n'est qu'un moyen et non une fin en soi. Cela veut dire qu'il faut faire accompagner la réalisation de cette promotion régionale par des spécialistes en marketing et communication, dans des pays émetteurs de touristes. Ainsi, pour le Souss-Massa, sur la base d'une obligation de résultat, engager des représentants privés dans des capitales européennes, pour un démarchage auprès des TO, des opérateurs du secteur (compagnies aériennes ; agences de communication...) et un contact permanent auprès des médias, tous genres confondus, et des leaders d'opinion, etc... Recruter ainsi, à titre d'exemple, de bons démarcheurs basés à Paris, pour la France, la Belgique, le Luxemburg. Un autre à Berlin pour l'Allemagne, l'Autriche et la Suisse. Un troisième à Londres pour le Royaume Uni et l'Irlande. Un quatrième à Stockholm ou à Copenhague pour les pays scandinaves. Ces actions sont à dupliquer pour les autres destinations, en tenant compte des spécificités de chacune d'elles. Il est évident que cela demande un renforcement des équipes des CRT (Conseils Régionaux du Tourisme), par les moyens humains, financiers et par la formation pointue qu'il faut, afin d'atteindre l'objectif visé avec un maximum d'efficacité et de rentabilité pour tous les opérateurs régionaux, dans le cadre d'un développement touristique harmonieux, complémentaire et rentable pour tous.