C'est à travail pionnier dans son genre et ses approches méthodologiques à l'échelle nationale et régionale, que la DEPF (Direction des études et de la prévisions financières à et OCP Policy Center ont précédé, en menant une recherche exhaustive sur la reconnaissance du rôle des femmes dans la création de la richesse nationale, à travers six chapitres, dont les trois premiers sont consacrés à l'analyse des inégalités de genre, à l'allocation du temps par genre au Maroc, ainsi qu'aux déterminants du taux de participation des femmes au marché du travail au Maroc. Le sixième et dernier chapitre propose, sur la base des données et des faits stylisés relatifs aux inégalités de genre au Maroc recensés dans les chapitres antérieurs, un modèle à générations imbriquées et différencié par sexe pour quantifier l'impact des décisions publiques sur l'égalité de genre et sur la croissance économique au Maroc. La structure du modèle permet de capter la dynamique entre normes sociales, les inégalités de genre au niveau de la famille et du marché du travail, le pouvoir de négociation des femmes dans les décisions familiales, l'allocation du temps des conjoints et la croissance économique. Les variables ainsi retenues sont réparties en différents blocs à savoir les familles, la production domestique, la production commerciale, l'accumulation du capital humain, l'activité gouvernementale, le pouvoir de négociation des femmes, les normes sociales et les inégalités de genre. Le modèle calibré a été utilisé pour étudier l'impact des politiques publiques pro-genre sur l'inégalité de genre et la croissance économique au Maroc. Les simulations effectuées portent sur la réduction des préjugés sexistes sur le marché du travail, la réallocation du temps des mères vers les filles et la hausse du pouvoir de négociation des femmes dans la famille. Les résultats attestent, de manière explicite, l'impact positif des mesures pro-genre sur le taux de croissance économique, correspondant (selon le scénario retenu) à une hausse comprise entre 0,2 à 1,95 point de pourcentage en rythme annuel. Sur la base des analyses effectuées, l'ouvrage préconise des implications concrètes pour les politiques de promotion de l'égalité de genre, qui gagneraient en efficacité si elles pouvaient agir sur trois éléments principaux à savoir, la réduction des préjugés sexistes discriminatoires dans le milieu du travail, l'augmentation du pouvoir de négociation de la femme au sein du ménage, et la réallocation du temps des mères vers les filles. La combinaison de ces mesures pourrait mieux servir le processus d'intégration des femmes dans le marché du travail. Sur la base des données et des faits recensés, il y a plusieurs « faits stylisés » relatifs aux inégalités de genre au Maroc qu'un modèle analytique de base devrait chercher à intégrer ou à expliquer : - L'indice synthétique de fécondité a baissé de près de moitié pour s'établir à 2,21 en 2014. Si la baisse du nombre d'enfants n'est pas exactement compensée par une hausse du temps consacré à chaque enfant, le temps total des parents consacré à élever leur progéniture devrait diminuer ce qui devrait leur permettre de libérer davantage de temps pour d'autres activités ; en même temps, cependant, les données montrent que le temps consacré au marché du travail (voir plus bas) a diminué, aussi bien pour les hommes que pour les femmes. - Les femmes souffrent d'une double discrimination au niveau du marché du travail : d'une part, un accès limité au statut d'actif, qui est illustré par un faible taux de participation, et d'autre part, lorsqu'elles peuvent accéder à ce marché, une discrimination par rapport à un accès à l'emploi, qui se traduit par un taux de chômage élevé des femmes (notamment des diplômées).