La COP22, événement déterminant du sort de la planète durant l'année 2016, a été marquée par un engagement sérieux des Parties qui se sont mises à quatre pour répondre aux attentes préfixées lors de la COP21, fidèles au signe de cette conférence globale qu'est l'"Action". La communauté internationale, qui a été, deux semaines durant, sur des charbons ardents et à l'affût des nouvelles de la 22ème Conférence des parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, provenant de Marrakech, a eu droit à un happy end précédé par des scènes chaudes où annonces gratifiantes, alliances et initiatives coupaient le souffle. Ainsi, la "Proclamation de Marrakech pour l'action en faveur de notre climat et du développement durable", qui a sanctionné de longues journées de labeur et de négociations sérieuses, a marqué une nouvelle ère dans la mise en œuvre de l'Accord de Paris, entré en vigueur le 4 novembre. Lue par Aziz Mekouar, Ambassadeur pour la négociation multilatérale, jeudi soir (17 novembre) à la grande salle de Bab Ighli, où un silence religieux régnait, la proclamation tant attendue a été chargée de messages positifs en faveur de la planète terre et ses populations. L'éradication de la pauvreté, la sécurité alimentaire, la coopération, l'augmentation des financements, l'amélioration de la capacité et le transfert des technologies, y compris des pays développés vers les pays en développement figuraient parmi ces messages. Dans cette proclamation lue en anglais, les parties, qui se sont réjouies de l'entrée en vigueur rapide de l'Accord de Paris, ont confirmé l'objectif de mobiliser 100 milliards de dollars américains et encouragé la ratification de l'Amendement de Doha. Elles ont jugé nécessaire de favoriser et d'appuyer l'Agenda pour le Développement Durable de 2030 et ses Objectifs de Développement Durable, tout en appelant "à une solidarité forte avec les pays les plus vulnérables aux impacts des changements climatiques". "Nous tenons à souligner la nécessité d'appuyer les efforts visant à améliorer leur capacité d'adaptation, à renforcer leur résilience et à réduire leur vulnérabilité", selon la proclamation applaudie par les délégués des pays participants et journalistes présents. Peu après la lecture de la proclamation, c'était le tour du président de la COP22, Salaheddine Mezouar, et les représentants de trois organes subsidiaires- l'Organe subsidiaire de mise en œuvre (SBI), l'Organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique (SBSTA) et le Groupe de travail spécial de l'Accord de Paris (GAP)- de lire leurs rapports et leurs projets de décisions. Sérieux, les gestes mesurés et le débit syllabique rapide, en dépit des sollicitations insistantes des interprètes, Mezouar lisait les textes de projets de décisions et de propositions d'amendements devant une salle attentive qui ne semble pas dérangée par le son répétitif du petit marteau en bois frappant le pupitre. Les coups de marteau de la présidence de la COP22 ont donné lieu à l'adoption de 35 décisions, 25 dans le cadre de cette COP, 8 en lien avec la Conférence des parties au protocole de Kyoto (CMP12) et deux relatives à la Conférence des parties à l'Accord de Paris (CMA1). Ces décisions tracent une feuille de route pour réussir le programme de travail prévu par l'Accord de Paris et mettent le Fonds pour l'adaptation au service de cet accord dont les règles d'opérationnalisation seraient finalisées en 2018. Elles portent notamment sur l'adoption du cadre de référence pour le Comité de Paris sur le renforcement des capacités (CPRC) et l'approbation du plan de travail quinquennal du Comité exécutif (ComEx) du Mécanisme international de Varsovie relatif aux pertes et préjudices liés aux incidences des changements climatiques (WIM). Aussi, elles améliorent la mise au point et le transfert de technologies climatiques à travers le Mécanisme technologique, traitent le financement à long terme et fixent des orientations à l'intention du Fonds vert pour le climat (FVC) et du Fonds pour l'environnement mondial (FEM). Les douze journées de la COP22 (7-18 novembre) ont été aussi riches et intenses d'actions et d'initiatives climatiques, qui ont montré la volonté des parties de prémunir l'Accord de Paris contre les climatosceptiques et contre un fiasco tel que celui de l'Accord de Kyoto ou celui vécu à la COP15 de Copenhague. Si ces initiatives avaient une portée internationale comme "l'Alliance Solaire Internationale", le réseau INCCCETT 4 CB des centres d'excellence internationaux sur le changement climatique et think-tanks sur le renforcement des capacités, la majorité ont touché l'Afrique comme le Réseau d'investisseurs africains en faveur du climat. Il s'agit aussi du "GGIF for Africa", premier fonds d'investissement vert dédié au continent africain, du lancement officiel du Plan d'action 3S pour la soutenabilité, la stabilité et la sécurité en Afrique, ou encore du Fonds bleu pour le bassin du Congo. Le bilan de la COP22 est positif et lumineux à l'image des lampes solaires en forme de fleur d'Ethiopie, allumées à l'ouverture de cet événement, et montre en filigrane que le monde était en pleine charrette pour sauver la planète.