La démocratie ghanéenne se porte bien. Le premier tour de l'élection présidentielle, organisé hier mercredi, en est la parfaite illustration. Sept candidats étaient en lice. Mais ce rendez-vous avait quelque chose de particulier. En effet, il opposait le chef de l'Etat sortant John Mahama, dont le mandat a été marqué par des difficultés économiques et des scandales de corruption, au principal candidat de l'opposition Nana Akufo-Addo. Ainsi quelque 15 millions d'électeurs de ce pays anglophone d'Afrique de l'Ouest se sont rendus dans les bureaux de vote, ouverts de 07H00 à 17H00 (locale et GMT). Il s'agit d'une élection présidentielle pour un mandat de quatre ans. Nana Akufo-Addo, 72 ans, qui se présente pour la troisième fois à la magistrature suprême face à celui qui l'avait battu en 2012, a jugé que ce scrutin est un « moment charnière » pour le Ghana, régulièrement cité en exemple en Afrique pour sa stabilité et son système démocratique. La campagne pour la présidentielle et les législatives a été marquée par des tensions et des violences. Nana Akufo-Addo, chef de file du NPP (Nouveau parti patriotique), a accusé le parti au pouvoir d'encourager les violences. Il a aussi dénoncé des tensions et des intimidations sur ses électeurs, tout en mettant en doute l'indépendance de la Commission électorale. Le candidat de l'opposition a également critiqué la mauvaise gestion économique du pays, exportateur d'or, de cacao et désormais de pétrole, mais fortement endetté auprès des bailleurs de fonds internationaux. La croissance économique est tombée à 3,3% en 2016 selon le Fonds monétaire international (FMI), la plus faible en deux décennies. De nombreux juges ont été impliqués dans un scandale de corruption en 2015, et la Banque du Ghana a récemment été accusée d'avoir offert à ses employés pour un demi-million de dollars de montres en or suisses. Les résultats du scrutin sont attendus ce jeudi soir. Si aucun des deux principaux partis ne remporte plus de 50% des voix mercredi - et les élections au Ghana sont traditionnellement très serrées -, un second tour aura lieu courant décembre. Lors de son meeting final tenu à Accra, l'opposant Nana Akufo-Addo s'est inspiré de la campagne du président américain Barack Obama en 2008, invitant ses électeurs à brandir d'immenses banderoles bleues estampillées du mot « Espoir ».