La place de la femme dans l'héritage religieux et symbolique, son rôle dans le fonctionnement des sociétés, d'hier à aujourd'hui, en terre arabe et ailleurs. Tel est le thème majeur du colloque organisé par l'Institut Musulman de Montréal (IMM) à l'Université du Québec les 19 et 20 novembre 2016 sous le thème : « L'héritage au féminin entre passé, tradition et passion ». Se prononçant en ouverture du colloque, Mohamed Khallad, directeur de l'IMM, a mis l'accent sur la littérature de combat menée par les femmes à travers le temps qui « se constitue en effet comme un moyen d'exprimer des revendications sur les plans politique, social, culturel et juridique », déclare-t-il à ce propos. Les problèmes et les solutions proposées aux femmes s'inscrivent dans une relation dualiste entre un « Occident laïc dominant » qui appelle à la libération des femmes, et un « Orient faible » qui bafoue leurs droits. Dans les deux cas, la question des femmes est réduite (...) à des controverses, entre « les féministes ultra-libérales » et « les antiféministes conservatrices et fondamentalistes », sur les sujets les plus divers : le port du voile vs le dévoilement, et sur le corps et la sexualité des femmes». Quatre volets principaux régissent la question de l'héritage religieux au féminin. D'abord la question de l'évolution comparative du statut des femmes au sein de différentes religions. Ensuite l'appréciation comparative du féminin au regard du masculin à travers l'art et les sciences. Le troisième axe concerne le rapport au corps féminin dans ses dimensions intrinsèque et extrinsèque. Le dernier volet est un recours aux témoignages des femmes québécoises sur la question des grands enjeux qui se posent aujourd'hui par rapport à la place du féminin dans les religions. Interrogée sur sa participation au colloque en tant qu'intervenante sur la thématique de la femme entre émancipation et freins à l'intégration, l'isolement de la femme marocaine immigrante au Québec, Fayrouz Fawzi, docteur en sociologie d'immigration, nous a révélé les axes de son intervention : « Nous allons dresser le portrait de quelques femmes subméditerranéennes ainsi que les entraves qui ont bloqué leur intégration dans la société d'accueil. Le débat va s'articuler autour de la tension entre modernité et tradition chez la femme qui, en tant que gardienne de tradition, elle doit véhiculer des valeurs de la société d'origine à son entourage ; en même temps, elle doit concilier les valeurs de la société d'accueil. Parmi les autres axes soulevés, il y aura aussi les vécus de la migration sur la femme. On sait très bien que les différentes raisons de la migration féminine traduisent l'attente de ces femmes de s'émanciper sur le plan professionnel, personnel, émotionnel même qui ont poussé la femme à changer de contexte et la modernité dans ce nouveau contexte devient pour elle une sorte de raison de révéler ses capacités créatrices, entre autres. Sur le plan privé, la femme immigrante doit concilier entre travail et famille. Et faisant partie de l'héritage culturel, les tâches ménagères sont souvent perçues comme un rôle dédié à la femme et vouloir s'émanciper constitue souvent un conflit au sein du couple. La femme peut être à la fois combative, compréhensive ; elle s'arrange pour préserver le foyer, mais la quête de liberté demeure toujours présente dans son esprit ». Une belle brochette de chercheurs universitaires, d'anthropologues, psychanalystes, doctorants et spécialistes des religions a donné toute sa portée à ce colloque qui a situé l'Histoire de femmes précurseurs dans le féminisme et leur influence à l'ère de la modernité.