Le 19 novembre est la journée mondiale de sensibilisation à un meilleur accès de tous à l'hygiène, l'eau et l'assainissement, principalement avec des toilettes dignes de ce nom, précise à cette occasion le Dr Khadija Moussayer, présidente de l'Association Marocaine des Maladies Auto-Immunes et Systémiques (AMMAIS). Et d'ajouter: Deux chiffres de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sont impressionnants à cet égard : 2,5 milliards de personnes dans le monde n'ont pas de toilettes personnelles. Parmi elles, près d'un milliard n'en ont même aucun accès, la plupart habitant dans une dizaine de pays comme l'Inde ou le Nigéria. Le Maroc connaît une situation contrastée en ce domaine. Une hygiène et des infrastructures encore largement déficientes au Maroc. En effet, même si des progrès ont été enregistrés toutes ces dernières années, 25 % des Marocains ne disposent pas dans leurs logements d'un assainissement correct (WC, latrines dalle, latrines à fosse ventilée, toilette compost) selon le mouvement français « Coalition Eau ». 6.000 écoles, en zone rurale surtout, manquent d'équipements sanitaires et hygiéniques de base, en particulier de toilettes, selon une étude en 2015 de l'UNICEF, ce qui provoque un abandon de l'école par des jeunes filles pour des raisons de pudeur compréhensibles. De plus, l'entretien et l'hygiène des toilettes publiques, quand elles existent dans les hôpitaux, les écoles, les cafés, les restaurants et autres lieux, sont encore bien défaillants et sources potentielles de maladies. Au-delà des toilettes, c'est aussi le système d'accès à l'eau potable et à l'assainissement qui est en question. Les progrès ont été considérables pour la disponibilité en eau potable qui, aujourd'hui, est de 100% dans les villes et de 94,5% dans le milieu rural contre seulement 20 % globalement il y a 20 ans, souligna Mme Khadija Moussayer. L'assainissement reste par contre un sujet de préoccupation : s'il est prévu qu'en milieu urbain, en 2018, le taux de raccordement à l'assainissement soit de 80% et que le traitement des eaux usées s'y développe rapidement, le milieu rural reste toujours le « parent pauvre », avec un taux de raccordement inférieur à 10% tandis que le taux de dépollution des eaux usées ne dépasse même pas 3% ! Quand les eaux ne sont pas épurées, les pollutions organiques (matières fécales humaines et animales en suspension dans l'eau), chimiques (agricoles et industrielles) ou les résidus médicamenteux nuisent gravement à la qualité des eaux (notamment des nappes phréatiques censées nous fournir une eau potable) et des écosystèmes ainsi qu'à la santé. Les risques infectieux demeurent et la vigilance est de mise: Les maladies infectieuses sont en nette diminution au Maroc sans être éradiquées complètement pour les plus sérieuses d'entre elles. On appelle "péril fécal" l'ensemble des infections qui peuvent être transmises lorsque l'eau, les aliments (en particulier les légumes) ou les objets (poignées de porte, lunettes de toilettes...) sont contaminés par des germes présents dans les déjections humaines. Ces infections peuvent être à l'origine de diarrhées virales et bactériennes, de typhoïde, d'hépatites, de maladies parasitaires, de poliomyélite, etc. Les insectes jouent un rôle considérable dans ces propagations, comme les mouches qui collectent sur leurs pattes des résidus de substances fécales, pathogènes par nature, et les déposent sur les aliments, les mains, les visages... La salissure des mains reste aussi un des moyens privilégiés de transmission. Rappelons que pour se laver les mains de façon efficace, il faut : enlever ses bagues et autres bijoux, se mouiller complètement les mains, prendre du savon et bien le faire mousser, se frotter les mains, les poignets, les avant-bras et entre les doigts, pendant au moins 15 secondes, se nettoyer le dessous des ongles, rincer abondamment, se sécher les mains avec une serviette personnelle, jetable de préférence, ou sous le séchoir et éviter de toucher des surfaces souillées en quittant les toilettes. Rappelons également que ne pas utiliser de toilettes hors de chez soi, par peur de contamination, est aussi un problème : une vidange trop rare ou incomplète est en effet une cause d'infections urinaires ! Au total, des efforts importants restent donc encore à accomplir dans notre pays pour ce droit humain essentiel qu'est l'accès de tous à des services appropriés d'assainissement et d'hygiène. A l'occasion de cette journée, l'Association Marocaine des Maladies Auto-Immunes et Systémiques (AMMAIS) a soutenu et s'est associée à la marche organisée à Casablanca par les associations EWA (Environmental Women Association), PSM (Planète Santé Maroc) et ASMAPREF pour célébrer cet évènement, conclut le Dr Khadija Moussayer, présidente de l'Association Marocaine des Maladies Auto-Immunes et Systémiques (AMMAIS).