Les conséquences du changement climatique sur la santé au Maroc, en particulier, et sur les maladies à transmission vectorielle issues de la hausse des températures, étaient au centre des débats d'un side-event qui s'est tenu au Pavillon Maroc de la COP22 mercredi après-midi dans la Zone Bleue de Bab Ighli. A cette occasion, le ministre de la Santé, M. El Houssaine Louardi, a affirmé dans une déclaration adressée aux participants lors de l'ouverture de la discussion sur les maladies à transmission vectorielle au même titre que les maladies liées à la pollution aérienne faisaient partie des pires manifestations des conséquences du changement climatique sur la santé au Maroc. M. Louardi a souligné la pertinence de l'inscription des implications sanitaires du changement climatique dans l'Accord de Paris, ajoutant que la COP22 offrait une occasion de mettre la santé au centre des négociations climatiques. «Moins de 1,5% des financements internationaux pour l'adaptation au changement climatique est actuellement alloué aux projets sanitaires », a déploré Louardi, jugeant qu'entre 2030 et 2050, le changement climatique risquerait de provoquer environ 250.000 décès prématurés par an avec l'augmentation de la malnutrition, des maladies hydriques et des infections respiratoires. De son côté, le représentant de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) au Maroc, M. Yves Souteyrand, a prévenu que les facteurs environnementaux liés au changement climatique causaient la mort de près 12,5 millions de personnes par an sur la planète. Co-organisé par le ministère de la Santé marocain et l'OMS, lors du troisième jour des activités du Pavillon Maroc, autour du thème migration, résilience et santé, ce side-event a été marqué par la présentation et la discussion de trois communications consacrées respectivement à la « Santé et changement climatique : Quelles actions pour prévenir, déterminer et riposter contre les impacts sanitaires au Maroc ? » présenté par Pr Abderrahmane MAAROUFI, Directeur de l'Epidémiologie et de la Lutte contre les Maladies, qui a tenu à préciser que le Changement Climatique influe fortement les déterminants sociaux et environnementaux de la santé (Qualité de l‘air et de l'eau, disponibilité de la nourriture et de l‘eau, salubrité de l‘habitat...) et que la plus grande menace pour la Santé Publique au 21ème Siècle (selon l'OMS) c'est que d'ici à 2030, le Changement Climatique sera à l'origine de 250.000 décès supplémentaires chaque année touchant principalement les enfants, les femmes et les pauvres (tels que le paludisme, diarrhée, stress thermique , malnutrition.... ). Selon lui, le CC exacerbe la pollution de l'air qui cause 7 millions de décès chaque année et le Coût des impacts sanitaires du CC d'ici 2030 sera de l'ordre de 2 à 4 milliards de dollars (US$) par an (hors coûts dans les secteurs déterminants pour la santé : Agriculture-Eau-Assainissement...) Après avoir traité de la situation nationale des risques sanitaires liés au changement climatique, des conséquences sanitaires et de l'Implication du Maroc dans les actions de l'OMS, Pr Abderrahmane MAAROUFI a fait état de la « Stratégie d'adaptation du système de santé face aux changements climatiques » dont l'Objectif Général est d'assurer l'adaptation du secteur de la santé au Changements Climatiques en vue de permettre à la population marocaine de bénéficier d'une bonne protection contre les effets sur la santé de ce phénomène émergent. Le second paneliste Dr Abderrahman El Abrak, Directeur des Services Vétérinaires à l'Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires (ONSSA), quant à lui, a abordé le sujet de « l'impact des changements climatiques sur l'émergence et la re-émergence des maladies animales vectorielles et/ou zoonotiques. A ce sujet; l'intervenant a tenu à signaler que les changements climatiques sont considérés aujourd'hui comme à l'origine de modification et de perte de la biodiversité, entre autres sur la biologie et les écosystèmes des insectes vecteurs de maladies. L'émergence et la ré-emergence de certaines maladies animales, notamment vectorielles et zoonotiques, connues actuellement dans plusieurs régions du monde, sont liées à plusieurs facteurs dont les changements climatiques et environnementaux. Devant un tel contexte imprévisible, les autorités compétentes en charge de la santé (animale et humaine) se trouvent confrontées à développer et à renforcer les systèmes d'alerte précoce et les outils de prévention et de lutte contre de telles maladies. Pour conclure sa communication, Dr Abderrahman El Abrak a tenu à signaler que les changements climatiques et environnementaux constituent une partie de l'ensemble des changements qui affectent les écosystèmes et favorisent l'émergence et la ré-émergence imprévisible des maladies. Ils affectent la vie et la dynamique des pathogènes, des vecteurs, ainsi que l'interface entre l'Homme-Animal-Environnement; d'où le risque sanitaire. Pour faire face au danger, a-t-il ajouté, les autorités sanitaires compétentes doivent concevoir des approches adaptées de prévention, de contrôle et de lutte contre ces maladies, améliorer les capacités d'anticipation des crises sanitaires en renforçant les systèmes d'alerte précoce et de surveillance ; renforcer les capacités techniques; développer les moyens adéquats de contrôle des maladies et développer les programmes de recherche (étude vecteurs, modéliser les changements climatiques...). Pour lui, la coordination intersectorielle (au niveau national, régional et international) constitue un élément important dans la mise en œuvre des programmes de lutte et de contrôle de ces maladies. La troisième et dernière communication présentée lors de ce side-event a été consacrée à la question de savoir « Comment améliorer la qualité de l'air au Maroc ? » et exposée par M. WAHABI Rachid, Chef de la Division Santé Environnement au ministère de la Santé, qui a axé son intervention sur quatre points essentiels, à savoir : La Qualité de l'air et impacts sanitaires au niveau mondial, la Qualité de l'air et impacts sanitaires au niveau national, les Actions proposées pour améliorer le système national d'information et d'alerte et, enfin, les Actions proposées pour développer le système éco-épidémiologique.