Tel est le sujet débattu avant-hier 7 septembre par différents ministres africains, arabes et internationaux, parlementaires, ambassadeurs, acteurs associatifs, dans le cadre d'une conférence organisée par le Ministère des Affaires étrangères en partenariat avec ONU-femmes. Le fait est que, il a été démontré que les femmes ont une place capitale dans la résolution des conflits et dans la médiation. Or, les accords de paix contenant une référence égalitaire hommes-femmes ne représentent que 27% des accords entre 2000 et 2015, seulement 9% des négociations étaient représentées par des femmes et rien que 2% des fonds étrangers alloués au relèvement économique des pays après un conflit est destiné aux femmes. La conférence optimise de sortir avec des recommandations pertinentes pour ce qui est de la protection des droits fondamentaux des femmes et des filles pendant et après les conflits, du renforcement de la participation du rôle des femmes à tous les niveaux de prise de décision et de dialogue et la mise en place, au niveau des secteurs de la paix et de la sécurité, d'une planification soucieuse de la parité et une redevabilité par rapport aux résultats. En finalité, la mobilisation des participants pour un « think-thank » régional sur « Femmes, sécurité et développement » est dans l'agenda de la conférence. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté ces dernières années 7 résolutions pour ce qui est femmes, paix et sécurité. Dans le contexte actuel, il a été démontré que plus les femmes participent dans les négociations de paix, plus il ya redressement et consolidation du maintien de la paix. La résolution structurante 13-25 du Conseil de sécurité, adoptée le 31 octobre 2000, et les résolutions afférentes ont conclu que les femmes restent systématiquement exclues du processus de négociations. C'est ce qu'a d'ailleurs souligné Mme Leila Rhiwi, Représentante, Bureau Multi-pays d'ONU Femmes pour le Maghreb, dans une déclaration à L'Opinion :« L'idée d'une réflexion sur la problématique « Femmes, paix, sécurité », un partenariat entre le Ministère des affaires étrangères et de la coopération et l'ONU femmes est de mettre en relief l'importance que revêt l'inclusion et la participation des femmes dans toutes les initiatives et les processus de protection de paix et le rétablissement de la paix dans les situations de conflits. La conférence rassemble un certain nombre de chercheurs, de cadres anciens mais aussi de politiciens qui ont beaucoup travaillé sur la question des étapes des négociations. La mise en œuvre de la résolution 13-25 des Nations Unies relative à la femme, à la paix et à la sécurité a démontré que lorsque les femmes sont parties prenantes des négociations et que leurs voix sont entendues, les accords de paix sont plus sures d'aboutir et d'être durables. La durabilité augmente en fonction de l'importance de la participation des femmes, et ce, à l'échelon international. Elle peut aller jusqu'à 25 années. La conférence comprend trois axes d'intervention sur les aspects concernant l'importance de l'inclusion des femmes dans ces processus de paix avec comme première dimension le rôle des médiations, puis la problématique des violences sexuelles et en troisième partie la radicalisation, la dé-radicalisation et le rôle joué par les femmes. Pour Mme Mbarka Bouaida, Ministre Déléguée des Affaires étrangères et de la Coopération, le rassemblement de plusieurs pays dans cette assemblée démontre de l'intérêt pour le thème qui a besoin de plus d'échange d'idées. Il faut changer les paradigmes et donner plus de place à la femme dans ce dossier de paix et de sécurité afin d'y opérer des changements pertinents selon une vision appropriée et précise. L'objectif est de discuter et de sortir avec des recommandations pour continuer le dialogue. On a reçu un soutien inconditionnel des organismes internationaux. Pour la célébration du 15me anniversaire de la résolution 15-23, on espère un débat fructueux. La conférence connait la participation de membres du Conseil de sécurité ainsi que des représentants de pays européens pour partager notre expérience, surtout l'initiative Maroco-espagnole sur la médiation, sujet du premier débat. Cette conférence est exceptionnelle, elle a lieu au Maroc, très actif internationalement et à l'ONU et très présent. Mme Bouaida souligne aussi que le Maroc est connu pour être un pays stable et de sécurité où les femmes ont un rôle important. On est fier de nos institutions surtout de la Constitution qui donne plusieurs droits aux femmes. La promotion de la femme se fait de manière concrète et les signaux sont multiples dans tous les domaines. Les intervenants devront passer en revue toutes les solutions qui permettent à la femme de promouvoir la paix, d'arrêter les guerres et de protéger les civiles. Il est à souligner que seulement 3% de femmes ont des postes d'autorité à travers le monde. Le destin du monde et les défis du monde sont communs, si nous travaillons main dans la main, on pourrait trouver des solutions, déclare Mme Margot Wallstrom, Ministre déléguée des affaires étrangères de Suède. Le thème est très important dans la mesure où plus de 60 millions de personnes réfugiées essaient de fuir la violence. Les populations de réfugiés sont très jeunes, pour la plupart des enfants et des femmes, ells sont vulnérables, vivent dans des régions urbaines et connaissent la violence et l'exploitation. Elles ont besoin d'assistance et d'aide. Comment protéger ces gens, comment y faire face et agir avec plus de force et de témérité pour aboutir à une paix durable ? cela rentre dans ce cadre. En plus, on doit reconnaitre le problème de la violence sexuelle. Les drames sont tellement profonds qu'on ne peut pas exprimer, il n'y a que de la souffrance humaine. Le besoin se ressent aussi pour ce qui est d'une connaissance statistique à travers laquelle on pourra formuler les instruments pour pallier à ce problème. Au Maroc et en Suède, on a déjà commencé à faire la collecte des données à ce sujet. Elle a également rappelé que la politique féministe n'est pas une politique de sagesse. Les femmes ont-elles les mêmes droits ? La distribution des ressources est-elle équitable ? Les femmes devraient être impliquées ? Entre 1990 et 2013, il y eut participation de seulement 13% de femmes aux accords de paix. L'objectif est d'arriver à plus de coopération avec l'association Maroco-espagnole. Les droits humains étant également les droits féminins, si la femme participe activement aux processus de paix, tout peut être mis dans la table des négociations. Mme Inès Bertille Nefer Ingani, Ministre de la promotion de la femme et de l'intégration de la femme au développement de la République du Congo a parlé de la thématique comme étant d'actualité en Afrique, le monde étant bouleversé par les crises. Le comité international devrait donner plus d'opportunité et de moyens aux femmes pour agir. L'adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 13-25 est un acte historique dans la mesure où c'est une reconnaissance pour la place des femmes dans la résolution des conflits. L'expérience du Congo en matière de prévention et des conflits est louable. Un programme a bien été mis en place, il regroupe toutes les couches professionnelles. Les femmes ont de tous temps contribué à la médiation des conflits, il s'impose de consolider ce rôle et de valoriser le potentiel des femmes mais aussi, créer un espace d'échange et de dialogue. Leur représentativité dans les postes de décision et leur visibilité est encore faible malgré la résolution 13-25, femmes et enfants sont victimes de la violation de leurs droits. Mme Nahla Valji, cheffe adjointe de la Section Paix et sécurité de l'ONU femmes a loué l'initiative d'autant plus qu'elle a lieu au Maroc, visible sur la scène internationale en matière de paix et de sécurité. Rassembler sur l'égalité des sexes, la paix et la sécurité durable est important, ce qui montre que l'importance des droits des femmes dans la résolution des conflits est bel et bien reconnue. On est en train de changer la vision d'un pays à l'autre. Le Conseil de sécurité a mené un débat avec 113 interventions, le plus important de l'ONU, un agenda qui a commencé il y a 15 ans et qui est remis à l'ordre du jour dans la résolution 22-42, on y parle de champ climatique, de violences... L'année dernière, une étude a été menée pour évaluer le processus de paix et de sécurité où 15 ans de pratique et de mise en œuvre ont été revues. La conclusion, c'est que la participation des femmes est très importante. Moins de 3% de troupes de maintien de la paix sont des femmes, les défis à faire face sont plus complexes. Mme carolina Darias San Sanabria, Présidente du Parlement des iles canaries met en exergue une sorte de révolution au niveau du comité Canarias qui a débuté avec une seule femme et qui est présidé par une femme après 30 ans. La diversité est le moteur de toute politique. Cette réunion va permettre de travailler en parallèle dans des actions communes de paix et les objectifs d'égalité. On a souffert d'oubli, il est temps de faire face à cette injustice. Canarias est un pont entre l'Afrique et l'Europe, il permet le rapprochement des revendications des femmes africaines e européennes dans un dessein de collaboration future. Il est à souligner que l'implication des femmes dans la consolidation de la paix est non seulement un droit en raison de l'impact disproportionné des conflits sur leurs vies, mais également pour leurs rôles dans l'augmentation des chances de résolution et de leur durabilité. Les résultats d'une étude mondiale d'ONU femmes réalisée en 2015 indique que la présence des femmes dans les négociations de paix favorise la durabilité des accords de paix (35 des accords négociés par les femmes durent 15 ans).