Le rideau s'élève aujourd'hui, 6 septembre, à Rabat sur les travaux de l'atelier régional sur la finance climat pour les entités de mise en oeuvre nationale auprès du Fonds d'Adaptation de la région MENA (Moyen Orient et Afrique du Nord). Organisé par l'Agence pour le développement agricole (ADA) et le Fonds d'Adaptation (FA), en perspective de la COP22 qui se déroulera à Marrakech du 7 au 18 novembre 2016, cet atelier sera présidé par Aziz Akhannouch, ministre de l'Agriculture et de la Pêche Maritime et Marcia Levaggi, Directrice Exécutive du Fonds pour l'Adaptation, en présence de d'experts nationaux et internationaux en matière de climat, de la société civile ainsi que des représentants des départements et organismes publics nationaux concernés. Force est de noter que l'organisation de cet atelier, de trois jours, au Maroc a été décidée en décembre 2015, en marge d'une rencontre entre Mohammed El Guerrouj, Directeur Général de l'ADA, Mohammed Badraoui, Directeur Général de l'INRA et Marcia Levvagi, Directrice du Fonds d'adaptation (FA). Une rencontre qui avait pour but de débattre des opportunités de soumission par l'ADA, en tant qu'entité nationale de mise en oeuvre accréditée par le FA, de nouveaux projets au financement dudit fonds ainsi que du rôle important qu'elle peut jouer dans le transfert et le partage de sa compétence dans ce domaine avec d'autres pays dans le cadre de la coopération sud -sud. Une série de recommandations devraient alors adoptées pour renforcer la finance climatique, l'un sujet de négociations parmi les plus complexes à discuter lors de la COP 22 à Marrakech. Afin de faciliter la compréhension des fondamentaux de la « finance climat », la Fondation Heinrich Böll (bureau de Washington) a élaboré, en collaboration avec l'Overseas Development Institute (ODI), un site web (www.climatefundssupdate.org) qui fournit des informations sur les initiatives internationales de la finance climatique mises au point pour aider les pays en développement à faire face aux défis du changement climatique. Ainsi, pour ce qui de la région MENA, la Fondation souligne que les pays sont très vulnérables face aux changements climatiques, ce qui risque d'aggraver leurs défis de développement persistants. Ils sont, dans le monde, les plus affectés par le manque d'eau, et doivent importer plus de la moitié de leurs denrées alimentaires. Pire, ces changements climatiques réduiront très vite le niveau des précipitations de 30 % dans la région. Ces changements hydrologiques affecteront la disponibilité en eau par personne de 30 à 70% d'ici 2025, diminueront la productivité agricole et augmenteront le risque d'inondations dans les zones côtières urbaines très peuplées (GIEC 2014). La région possède 57 % des réserves pétrolières mondiales connues et 41 % des gisements de gaz naturel connus (malgré une répartition inégale entre les pays). La plupart des pays développent une économie fondée sur l'exploitation de ces ressources en énergies fossiles. La perspective de devoir réduire la consommation de ces carburants fossiles afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), heurte ainsi la majeure partie des pays producteurs de pétrole de la région. Il la considère comme une proposition coûteuse et réductrice d'opportunités économiques. Les modes de vie et de consommation de ces pays sont également très intensifs en C02 puisque les émissions par habitant y sont souvent supérieures de 60 % à la moyenne des pays en développement. En même temps, les taux de pauvreté restent élevés dans de nombreux pays de la région faiblement dotés en ressources, tels que le Yémen et Djibouti (les deux PMA régionaux). Les financements climat des fonds climatiques concentrés en l'Égypte et au Maroc. Toujours selon la Fondation Heinrich Böll, quatorze fonds multilatéraux et un fonds bilatéral sont actifs dans la région. C'est le Fonds pour les Technologies Propres (FTP) qui fournit la majeure partie des contributions, avec un total approuvé de 733 millions de dollars pour six projets au Maroc et en Égypte. La majorité des financements a été octroyée sous la forme de prêts concessionnels. Un plan d'investissements en faveur de l'électricité thermique à concentration a également été approuvé pour la région. L'Allemagne, par le biais de son Initiative internationale pour le climat, a également financé 37,65 millions de dollars pour huit projets menés dans la région. Les financements climat des fonds climatiques dédiés sont concentrés en l'Égypte et au Maroc, pour un montant total approuvé de 197 millions de dollars et 649 millions de dollars respectivement. Cependant, 61,6 millions US$ ont été octroyés à 10 projets visant l'efficacité énergétique, les transports soutenables et la technologie solaire à petite échelle. A noter en outre, poursuit la même source, sur les 21 pays de la région, seuls 14 pays reçoivent des financements climat. Les sept pays qui ne reçoivent pas le financement climatique comprennent la Syrie et la Libye, souffrant du conflit en cours, ainsi que les Etats riches producteurs de pétrole comme les Émirats arabes unis. Djibouti et le Yémen, les deux pays les moins avancés de la région MENA, ont reçu 35 millions de dollars et 52,5 millions de dollars, respectivement. Ces financements sont presque exclusivement des projets d'adaptation.