A chaque mois de Ramadan, les téléspectateurs ont l'habitude de consommer marocain. Révolue l'époque où nos programmes télévisuels étaient dominés par les productions égyptiennes et syriennes, en l'absence d'une production nationale consistante. Il est même rare aujourd'hui de rencontrer sur les chaines nationales un quelconque produit égyptien parmi la variété des programmes durant ce mois particulier. Cette compensation arabe était due au manque de production en matière de dramatiques par les chaines arabes en général au profit, d'abord de l'Egypte puis de la Syrie, situés en avant garde des pays arabes en matière de production dramatique. La grille télévisuelle nationale se limitait à quelques sketchs suivis d'une maladroite caméra cachée avant de se replier sur le professionnalisme égyptien en avance sur nous de plusieurs décennies. Les moyens matériels faisaient atrocement défaut. Depuis, les temps ont bien changé. L'instauration de la taxe sur la promotion du paysage audiovisuel national (T.P.P.A.N.) a permis de résoudre l'handicap financier. L'abondance de la production dramatique, en matière de films, téléfilms, feuilletons et séries, est devenue une réalité. La quantité abonde sur le grand comme sur le petit écran, hélas, au détriment de la qualité. Notre cinématographie est toujours aussi modeste qu'avant, à cause de films de plus en plus ambigus réalisés par des cinéastes sans réel bagage intellectuel. La preuve est donnée durant ce mois de Ramadan 2016 où la SNRT se désiste carrément sur le plan du cinéma, car aucun film n'est programmé cette année, à la différence de l'année dernière. Et portant un accord avec le CCM a été signé il y a quelques mois prévoyant plus de passage de films-cinéma sur le petit écran. A la même occasion, le chaîne 2M se rattrape par rapport à l'année dernière puisque quatre films-cinéma sont programmés, notamment "Le coq", "Les transporteurs", "Khnifest Rmad" et "Yemma". Déjà les titres en disent beaucoup sur le niveau. En matière de médiocrité, on ne trouvera certes pas mieux; et pour amuser les Marocains, ce n'est pas le meilleur moyen. La diffusion du "Coq" est surement une bonne initiative permettant au public marocain de côtoyer le cinéma qu'il finance car moins de un million de citoyens sur 36 fréquentent chaque année les rares salles encore existantes, nous incitant à nous demander: "Qui regarde en fait les films marocains?". C'est l'occasion aussi de porter un jugement crédible sur notre production par le large public au lieu de restreindra l'appréciation à une poignée de critiques en déphasage sur leur temps d'au moins deux décennies.