L'Algérie vit en ébullition après la fuite de dizaines de sujets pendant les épreuves du baccalauréat. L'ampleur de cette fraude à grande échelle vient au fait souligner la faillite du système éducatif algérien. Des parents furieux réclament par une pétition la démission de la ministre de l'Éducation dont le département a préféré botter en touche en annonçant, dans un premier temps, le maintien des épreuves. Devant la pression des parents et d'ONG, le gouvernement a finalement décidé que les candidats devront repasser les épreuves concernées par les fuites. C'est la quatrième fois dans l'histoire du pays que les épreuves du bac vont être repassées. L'annonce a été faite dimanche 5 juin par le Premier ministre algérien. Un nouvel examen partiel sera organisé dans deux semaines et plus d'une cinquantaine de personnes ont été interpellées. Il a fallu tout le weekend aux autorités pour annoncer leur décision. Le jeudi 2 juin au soir, après la dernière épreuve, la ministre de l'Education Nouria Benghabrit-Remaoun avait convoqué une réunion d'urgence. En cinq jours, sept sujets du baccalauréat ont fuité. Certains ont circulé sur les réseaux sociaux pendant presque 24 h avant l'épreuve. Pendant le week-end, l'Office national des examens a été perquisitionné et plus de cinquante personnes interpellées. Enseignants, parents d'élèves, correcteurs, candidats sont divisés : certains sont favorables à l'annulation totale du bac, d'autres à l'annulation partielle, d'autres enfin ne veulent pas d'annulation du tout. Dimanche, c'est le Premier ministre qui assure que les autorités feront tout pour «combattre la fraude» et qui annonce que les épreuves où il y a eu triche sont annulées. Des organisations de parents d'élèves ont déjà appelé à manifester. La ministre de l'Education, elle, n'a pas encore dit un mot. Elle devait annoncer les détails de cette annulation du bac au cours d'une conférence de presse hier lundi. Mais le «plan B» idéal n'existe pas. Et la ministre, critiquée par les conservateurs pour ses réformes, sait qu'elle devra faire face à une nouvelle crise.