A quelques mois de la tenue de la COP 22 (Conférence internationale sur le climat), prévue en novembre 2016 à Marrakech, REN21 (un réseau de l'énergie renouvelable basé à Paris) vient de rendre publique son nouveau rapport annuel sur la situation mondial des énergies renouvelables. Il en ressort principalement que les énergies vertes sont maintenant reconnues comme des sources d'énergie compétitives dans de nombreux pays. L'année 2015 a été ainsi exceptionnelle pour les installations d'énergies renouvelables. L'augmentation de la capacité de production d'énergie renouvelable est sans précédent, avec 147 gigawatts (GW) estimés. La capacité de chauffage basée sur les énergies vertes modernes a poursuivi sa progression, et l'utilisation des énergies renouvelables s'est élargie dans le secteur du transport. Les énergies vertes décentralisées gagnent rapidement du terrain, et réduisent le fossé existant entre les populations qui disposent de l'énergie et celles qui en sont privées. Ces résultats sont le fruit de plusieurs facteurs. D'abord, les énergies renouvelables sont maintenant compétitives, du point de vue des coûts, vis-à-vis des combustibles fossiles sur de nombreux marchés. Ensuite, le leadership des gouvernements continue d'orienter efficacement la croissance des énergies vertes, en particulier celle de l'énergie éolienne et solaire, dans le secteur électrique. Début 2016, 173 pays étaient dotés d'objectifs en matière d'énergie renouvelable, et 146 pays, de politiques d'appui. Les municipalités, les communautés locales et les entreprises mènent le mouvement en pleine expansion « 100 % d'énergie renouvelable », et contribuent ainsi fortement à l'avancée de la transition énergétique mondiale. Les autres facteurs de croissance incluent aussi l'amélioration de l'accès aux financements ; l'attention portée à la sécurité énergétique et aux solutions environnementales ; et la demande croissante en services énergétiques modernes dans les économies en développement et émergentes. L'année 2015 a été exceptionnelle, non seulement pour les nouvelles installations mais également pour les investissements. Ces derniers ont atteint, à l'échelle mondiale, 286 milliards de dollars des États-Unis pour l'électricité verte et les combustibles renouvelables. Leur total s'accroît nettement si l'on inclut l'hydroélectricité de forte puissance (supérieure à 50 MW), le chauffage et le refroidissement. Les économies en développement ont pour la première fois davantage investi dans les énergies vertes que les pays développés, la Chine représentant plus d'un tiers du montant total. En somme, la croissance des investissements a facilité les avancées technologiques, la réduction des coûts et la création d'emplois. Chiffres à l'appui, le secteur des énergies renouvelables emploie aujourd'hui 8,1 millions de personnes – ce qui signale une progression constante, et contraste fortement avec les marchés de l'emploi moroses du secteur énergétique compris au sens large. « Ces résultats sont d'autant plus remarquables qu'ils ont été obtenus dans un contexte marqué par les cours historiquement bas des carburants fossiles et la persistance des subventions gouvernementales désavantageuses pour les énergies vertes. Pour chaque dollar dépensé en vue de promouvoir les énergies renouvelables, ce sont près de quatre dollars qui l'ont été pour maintenir notre dépendance aux carburants fossiles », estime Christine Lins, Secrétaire exécutive de REN21. Des difficultés restent à résoudre Malgré ces avancés, le rapport met en lumière aussi plusieurs difficultés qu'il reste à résoudre dans le cadre de la concrétisation des engagements pris par les gouvernements en vue de réaliser la transition mondiale des énergies fossiles aux énergies vertes. Ces difficultés incluent l'intégration effective de grandes parts d'électricité verte dans les réseaux nationaux et le recul de l'instabilité politique et stratégique, des obstacles réglementaires et des contraintes budgétaires. L'attention politique s'étant également moins attachée au secteur du transport, et encore moins à celui du chauffage et du refroidissement, ces secteurs progressent très lentement. « Le train des énergies renouvelables est lancé, mais les infrastructures qui le font rouler datent encore du vingtième siècle – le système est fondé sur des conceptions dépassées qui font reposer la production de base sur les carburants fossiles et l'énergie nucléaire. Pour accélérer la transition menant à un avenir plus sain, plus sûr et plus soucieux du climat, nous devons bâtir l'équivalent d'un « réseau ferroviaire à grande vitesse » – un système plus judicieux et plus souple qui optimisera l'utilisation des énergies renouvelables variables et donnera une place à la production électrique décentralisée et communautaire », affirme ArthourosZervos, président de REN21 Conscient de l'importance des énergies renouvelables dans le développement durable, le Maroc a déjà adopté en effet une politique énergétique axée, en autres, sur ce secteur pour le renforcement de la compétitivité des secteurs productifs du pays, la préservation de l'environnement par le recours aux technologies énergétiques propres, en vue de la limitation des émissions des gaz à effets de serre et la réduction de la forte pression exercée sur le couvert forestier.