Au lendemain de la condamnation d'Hissène Habré à la prison à vie, les victimes sont évidemment soulagées. Elles ont exprimé un sentiment de joie immense après l'annonce du verdict, pourtant tout n'est pas encore terminé puisqu'il reste à régler la question des réparations. La question des réparations fera l'objet d'une autre série d'audiences toujours devant les Chambres africaines extraordinaires. Les juges ont le pouvoir de fixer le montant des indemnisations accordées aux victimes, mais il fallait d'abord savoir si Hissène Habré allait être déclaré coupable ou non. Le verdict désormais connu, ces indemnisations pourront prendre plusieurs formes : être versées soit individuellement à chaque victime ou bien collectivement, et ce grâce à un fonds de contributions volontaires, de la part d'institutions internationales, de pays étrangers ou d'ONG. Des réparations sont aussi prévues au Tchad. Après l'arrestation d'Hissène Habré en 2013, le président actuel, Idriss Déby, avait promis que les familles des victimes et les survivants des tortures seraient indemnisés. Et puis, l'année dernière, lors du procès de 20 membres du régime Habré à Ndjamena, la justice avait exigé que les condamnés et le gouvernement tchadien versent 75 milliards de francs CFA, c'est-à-dire 114 millions d'euros, aux victimes. Près de 7.000 personnes s'étaient alors portées partie civile. Mais le processus est long et laborieux. Un an plus tard, les victimes n'ont rien reçu et c'est une déception de plus : « Nous nous sommes battus pour obtenir cette décision de justice et maintenant le gouvernement nous oblige à nous battre pour obtenir son exécution », explique l'une d'elles.