Barack Obama a confirmé lundi la mort du chef suprême des taliban afghans, le mollah Akhtar Mansour, visé ce week-end par une frappe de drones américains. Le président américain a dit espérer que la disparition du mollah Mansour inciterait les taliban à s'engager sur la voie de la réconciliation. «Il rejetait les efforts du gouvernement afghan visant à lancer sérieusement des pourparlers de paix et à mettre fin à la violence», a-t-il souligné dans une déclaration diffusée par la Maison blanche en marge de sa visite au Vietnam. «Les taliban devraient se saisir de cette occasion pour s'engager sur la seule voie véritable de nature à en finir avec ce long conflit: rejoindre le gouvernement afghan dans un processus de réconciliation qui mène à une paix et à une stabilité durables.» Les Etats-Unis continueront d'aider le gouvernement afghan à parvenir à la paix, a-t-il poursuivi, ajoutant que ceux qui visent les Américains n'auraient «aucun refuge sûr». Le mollah Mansour a été tué samedi dans une attaque de drones alors qu'il circulait dans la province pakistanaise du Balouchistan, qui jouxte la frontière afghane. Il avait été désigné chef suprême des taliban afghans en juillet 2015, après la confirmation de la mort sans doute deux ans plus tôt du mollah Omar, dont il était l'adjoint. Le conseil dirigeant des taliban afghans s'est réuni dimanche pour évoquer sa succession, selon des sources au sein du mouvement islamiste. Haqqani possible successeur? La réunion de la choura Rahbari, ou conseil de direction, a abordé la question des éventuels successeurs et le nom du commandant Sirajuddin Haqqani a été évoqué, précise-t-on. S'il était choisi pour remplacer Mansour, Haqqani, dont la tête est mise à prix cinq millions de dollars par les Etats-Unis, représenterait sans doute un adversaire encore plus déterminé que Mansour face aux forces afghanes et leurs alliés américains. Considéré comme l'un des plus dangereux chefs de guerre taliban, il est jugé responsable d'attaques sanglantes, notamment celle survenue le mois dernier à Kaboul qui a tué 64 personnes. Sirajuddin Haqqani, âgé d'une quarantaine d'années, est le fils d'un chef des moudjahidine qui avait combattu l'occupant soviétique dans les années 1980. Il a été nommé adjoint du mollah Mansour l'an dernier. «En se fondant uniquement sur des questions de hiérarchie, (Haqqani) apparaît comme le favori pour succéder à Mansour», a estimé l'expert du Woodrow Wilson Institute Michael Kugelman. L'expert Thomas Ruttig, de l'Afghanistan Analysts Network, estime cependant qu'il lui sera difficile d'obtenir le soutien des commandants taliban du Sud afghan qui continuent de dominer le mouvement. Selon lui, l'autre adjoint nommé en même temps que lui en juillet 2015, Haibatullah Akhundzada, a également toutes ses chances. Les taliban envisagent aussi la candidature du mollah Mohammad Yaqoob, fils du fondateur du mouvement mollah Omar, dont la filiation pourrait rassembler. Les ex-détenus de Guantanamo, les mollahs Abdul Qayyum Zakir et Sherin sont également mentionnés, ont indiqué les mêmes sources.