Plusieurs leaders internationaux, réunis à Dakhla à l'occasion de la 27è édition du Forum Crans Montana, ont livré nombre de réflexions sur des différents moyens à même de relever les défis du développement durable de l'Afrique, notamment par le biais de la coopération Sud-Sud. Les illustres personnalités, qui ont pris la parole vendredi lors de la séance d'ouverture officielle du FCM, ont mis l'accent sur l'importance de cette rencontre, en tant qu'espace de dialogue et d'échange de vues sur les questions de nature à faciliter l'intégration des pays africains et leur développement. Il s'agit notamment du Chef d'Etat de la Bosnie-Herzegovine, Mladen Ivanic, de l'ancien président de la République Tchèque, Vaclav Klaus, du Révérend américain Jesse Jackson et de la première dame d'Afghanistan, Rula Ghani. Ainsi, le Chef d'Etat de la Bosnie-Herzegovine a évoqué l'expérience de son pays en matière de résolution de ses propres conflits et la gestion des différences entre ses composantes, pour en tirer des leçons qui peuvent servir l'Afrique. 20 ans après la guerre civile, la Bosnie se dirige doucement dans la bonne direction, a-t-il dit, notant que cela a été rendu possible grâce à des "acteurs locaux épris de paix", notamment au niveau du collège présidentiel, qui ont choisi de mettre en avant les questions de compromis plutôt que celles de différences. Partant de l'expérience de la transition post-communiste de la République Tchèque, M. Klaus a livré, de son côté, des pistes de réflexion pour l'Afrique afin qu'elle opère une "transition systémique", soulignant que le continent devrait trouver sa propre voie et ne pas se contenter d'importer des modèles étrangers ou s'appuyer sur des arrangements institutionnels. Ce processus de transition doit respecter les conditions locales qui sont bien ancrées socialement et culturellement, a insisté M. Klaus. Il a évoqué dans ce cadre l'importance du libre-échange pour les pays africains en lieu et place de l'aide classique au développement d'Etat à Etat et les conséquences négatives de l'idéologie anti-Etat, qui prêche l'élimination des frontières. Le Révérend Jesse Jackson a estimé que le pilier de la coopération Sud-Sud en vue de la réalisation du développement durable en Afrique, ne devrait pas être le commerce, qui stagne depuis 2011, mais la promotion d'une agriculture sûre qui favorise les récoltes sans pour autant avoir un impact environnemental. Citant l'expérience de pays de l'Amérique Latine dans ce domaine, il a considéré que cette expérience est d'autant plus valable pour l'Afrique où l'agriculture est le secteur le plus vital, le premier pourvoyeur d'emploi et la clé pour faire sortir des millions d'habitants de la pauvreté. Le compagnon de lutte de Martin Luther King, leader historique des droits civique aux Etats-Unis, a plaidé pour une coopération globale autour de la question de la santé, pour améliorer les infrastructures médicales et faire front commun contre les épidémies, tout en appelant de ses vœux à une coopération régionale dans les domaines de la médiation, de la prévention des conflits et de la lutte contre le terrorisme. La première Dame d'Afghanistan a quant à elle passé en revue les problèmes de la violence et de l'extrémisme qui rongent son pays, soulignant que la responsabilité des dirigeants est de consacrer tous leurs efforts à l'amélioration de la sécurité et de la paix qui sont les facteurs clés de la prospérité. Mme Ghani a relevé également que la guerre détruit aussi l'environnement, estimant que tout effort de la communauté internationale pour préserver l'environnement devrait cibler la lutte contre les conflits. Dans un message adressé aux participations à cet évènement de marque, Federico Mayor, Coprésident du Groupe de Haut Niveau des Nations Unies pour l'Alliance des Civilisations et ancien directeur général de l'UNESCO, a mis l'accent sur l'importance de "passer de la parole à l'action" pour mener à bien les projets de développement dans le continent africain. Ce forum "tellement important" à Dakhla est susceptible de donner plus de visibilité sur les pistes à même de développer l'Afrique, a-t-il estimé. Ouvrant les travaux de cette édition, le président fondateur du FCM, Jean-Paul Carteron, a salué l'élan de développement que connaît la ville de Dakhla, un nouveau centre de vie, qui montre que "le miracle est possible", se disant même certain que cette ville du Sud du Maroc "sera bientôt le hub de l'Afrique occidentale et le point central de connexion de l'Afrique de l'Ouest avec le Monde". Le directeur général de l'ISESCO, M. Abdelaziz Othman Altwajiri, a salué quant à lui le contenu du message adressé par SM le Roi aux participants de ce Forum, soulignant qu'il est l'expression même du message du Royaume du Maroc en direction du développement global en Afrique et de son souci de sa stabilité. L'autonomisation politique et économique des femmes, une nécessité impérieuse pour le développement de l'Afrique L'autonomisation politique et économique des femmes constitue une nécessité impérieuse pour la réalisation du développement économique et social de l'Afrique, ont affirmé les participants à un débat organisé dans le cadre du FCM). Dans leurs interventions lors d'un panel consacré à la Femme africaine, des ministres, parlementaires et autres personnalités africaines ont jugé nécessaire d'adopter des législations avancées à même d'autonomiser la femme politiquement et économiquement. Ils ont estimé que la femme joue un rôle sans cesse important dans le processus de décision politique en Afrique, en accédant de plus en plus à des responsabilités nationales au sein des pays du continent, après avoir participé à la prise de décision au niveau des communautés locales. Selon eux, la femme africaine est également un acteur clé du développement économique du continent. Nombre d'intervenantes ont émis l'espoir de voir les femmes dans certains foyers de tension surmonter les épreuves de la guerre, de l'instabilité politique et de la détérioration de leurs conditions sociales. A cette occasion, Mme Hanane Fadi, chercheuse membre de l'Association marocaine pour la recherche et le développement, a salué la tenue à Dakhla du FCM qui a favorisé un climat de dialogue et d'échange d'expériences et d'expertise entre les femmes africaines. La chercheuse marocaine n'a pas manqué de mettre en avant les acquis réalisés par la femme au Maroc sur les plans politique, culturel et économique. Des leaders religieux se penchent sur l'importance de l'éducation à la protection de l'environnement Des leaders religieux de plusieurs pays, réunis dans le cadre du Forum Crans Montana (FCM), ont discuté, samedi à Dakhla, du rôle et de l'importance des systèmes éducatifs dans la protection de l'environnement et de la nature. Lors d'un panel organisé dans le cadre de la 27ème session du FCM, des leaders, chercheurs et responsables religieux venus de plusieurs pays ont mis l'accent sur l'interactivité entre les institutions religieuses et éducatives pour la protection de l'environnement. Ils ont mis l'accent dans ce cadre sur l'importance de l'information, de la communication et de l'éducation à la protection de l'environnement et de la nature. La problématique de l'environnement préoccupe tout le monde, y compris les milieux religieux qui cherchent à promouvoir les principes de civisme et de responsabilité pour mettre en place des programmes efficaces en la matière, a indiqué le directeur fondateur de la Fondation islamique pour l'écologie et les sciences environnementales à Birmingham (Grande-Bretagne), Fazlun Khalid. "Nous sommes tous concernés par le respect et la protection de l'environnement. Nous faisons partie de cette planète et nous sommes connectés à cette nature. Notre obligation est de la préserver et de la mettre en valeur", a-t-il expliqué. Dans le même contexte, Swami Agnivesh, ancien ministre de l'Education en Inde et militant des droits de l'homme, a souligné que les "modèles matérialistes" qui prévalent dans l'élaboration des politiques publiques portent atteinte à l'environnement et à sa durabilité. Une vision globale et plus élargie s'avère nécessaire et urgente pour guider notre mission de préserver l'environnement, a-t-il relevé, mettant l'accent sur le "caractère sacré" des ressources naturelles. Le Mufti de l'Ouganda, Cheikh Shaban Ramadhan Mubaje, a mis l'accent, dans ce cadre, sur l'"effet dévastateur" de l'épuisement des ressources naturelles notamment dans les communautés les plus vulnérables, assurant que "l'Homme doit tout faire pour préserver l'environnement". M. Mubaje, qui a présenté l'expérience de son pays dans ce domaine, a indiqué que les textes sacrés accordent une importance toute particulière à la protection de la nature, invitant les gouvernements à mettre en œuvre des stratégies efficaces en la matière. Pour sa part, Eric Geoffroy, professeur et chercheur à l'Université de Strasbourg, a mis l'accent sur le lien solide entre spiritualité et écologie, appelant à un humanisme basé sur la responsabilité et non pas sur la domination. Des experts de différents pays réunis pour débattre de la relation TIC-éducation Le Forum Crans Montana a également réuni, samedi, des experts de différents pays africains pour débattre de la relation entre les nouvelles technologies de l'information et l'éducation en tant que clé du futur. Un panel sous le thème "Education et technologies de l'information et de la communication, enjeux, perspectives et innovations" a été marqué notamment par la participation du ministre de l'Education et de la Formation professionnelle, Rachid Belmokhtar, et d'Aicha Bah Diallo, présidente de TrustAfrica, une organisation qui cherche à renforcer les initiatives africaines visant à remédier aux défis les plus complexes auxquels le continent est confronté. Cette rencontre a été axée sur l'utilisation des technologies de l'information principalement dans le domaine de l'éducation, ainsi que sur l'approche de coopération, le partenariat public/privé et le problème de l'électrification rurale, a déclaré M. Belmokhtar, notant que toutes ces thématiques visent l'équité dans l'accès à l'éducation. Les débats ont porté également sur l'expérience marocaine qui est "très riche" dans le domaine des technologies de l'information ainsi que sur les progrès que le Maroc a réalisés dans le domaine de l'électrification, en même temps que sur les efforts qui reste à faire, a ajouté le ministre. Cette rencontre a été aussi l'occasion de présenter la nouvelle approche du système éducatif marocain ainsi que les efforts du Royaume en matière de développement de l'éducation pour l'entreprenariat, la finance et surtout les nouvelles formations notamment professionnelle. "Ces formations vont révolutionner notre système éducatif", a relevé M. Belmokhtar. Plusieurs sujets ont été à l'ordre du jour de ce panel, notamment "Le numérique au service de l'éducation", "Mutation pédagogique et partenariats public-privé", "Energie et extension de la couverture réseau en zone rurale", "Les innovations et la formation en ligne ouverte à tous" et "Mutualiser les moyens financiers et les potentiels de développement". Des personnalités internationales primées pour leur engagement en faveur de la paix, de la dignité et de la liberté Le Forum de Crans Montana (FCM) a primé, vendredi soir, plusieurs personnalités et responsables étrangers pour leur efforts inlassables et leurs actions louables en faveur de la paix, de la dignité humaine et de la liberté. Lors d'une cérémonie présidée par le ministre de la Santé, El Houssaine Louardi, le Conseil du FCM a attribué le Prix de la Fondation 2016 à la Première dame d'Afghanistan, Rula Ghani, qui a apporté une touche humaine à la gestion des affaires publiques dans son pays. Plusieurs personnalités se sont vues également attribuer des médailles d'Or pour leur adhésion aux valeurs du FCM. Il s'agit de John Abraham Godson, un Polonais d'origine nigériane, militant des droits de l'Homme et ancien député au Parlement polonais, de Bruno Leingkone, ministre des Affaires étrangères de la République de Vanuatu, et de John Moffat Fugui, ancien ministre de l'Environnement au gouvernement des Iles Salomon. A cette occasion, le Label d'Excellence 2016 a été aussi attribué au Port de Dakar. S'exprimant à cette occasion, M. Louardi a salué l'abnégation, les sacrifices et l'engagement dont font preuve les personnalités primées dans la défense des valeurs de la paix et de la cohabitation. La forte présence de personnalités à Dakhla pour participer au FCM confirme leur adhésion et engagement pour faire des institutions de leurs pays des espaces d'"excellence et de démocratie", a-t-il ajouté. Le Forum de Crans Montana, qui se tient sous le thème "L'Afrique et la coopération Sud-Sud: une meilleure gouvernance pour un développement économique et social durable", réunit plus d'un millier de participants, dont 850 personnalités étrangères issues de 131 pays et de 27 organisations régionales et internationales.