Ayant trouvé ses sources d'inspiration dans les faits divers de l'actualité et dans l'histoire, dans les rapports de l'homme avec réalité nouvelle, la nouvelle figuration est apparue en Europe dans les années 1960, à l'instar du pop'art. Comme le pop'art aussi, elle réagit contre l'abstraction lyrique. Avec ces deux grands mouvements, vont se développer d'autres mouvements vivants dans le monde. La nouvelle figuration A l'opposé du pop'art, mouvement américain qui s'est contenté de rester impersonnel, voulant seulement jouer le rôle de l'écho de la société commerciale, la nouvelle figuration, issue de l'art narratif, a su prendre ses positions contre la bourgeoisie et l'injustice. La nouvelle figuration, dont le terme est apparu dans un essai de l'Allemand Hans Platscheck, en 1959, « Neue Figuration », puis dans un manifeste, « Nuova Figurazione », signé en 1962 par trois peintres florentins, Antonio Buono, Silvio Loffredo et Alberto Moretti, se situe comme un retour à la figuration, après les années délirantes de l'abstraction gestuelle, mais avec une conception nouvelle, à l'instar du nouveau réalisme. Mais, tandis que ce dernier prend de grandes divergences, s'exprimant avec tous les moyens possibles, avec une liberté totale quant au choix des concepts et des matériaux, la nouvelle figuration semble avoir ses limites propres, se suffisant presque à la peinture comme moyen d'expression. Valerio Adami, Eduardo Arroyo, Henri Cuecu et Erro, peintres issus de l'art narratif, comme beaucoup d'autres, se donnent à la « guérilla culturelle » dans cette nouvelle figuration audacieuse qui continue à respecter les codes de la représentation spatiale, tout en perturbant la vision du spectateur, par la cadrage des images qu'elle puise dans les médias et dans l'actualité, par la profusion de ces images mêmes par l'action critique et féroce qu'elle mène contre l'art bourgeois, en l'exploitant comme support pour sa conception et qu'elle dénonce, à l'instar de Marcel Duchamp ou de Francis Bacon. Arroyo s'est attaqué à l'œuvre de Velasquez, de Goya, de David et de Miro. A ce dernier, il lui réserve toute une exposition,, « Miro refait », en 1969. Avec Arroyo, Erro et d'autres artistes de la nouvelle figuration, on a attaque l'histoire de l'art ; on s'inspire de ses œuvres maîtresses, on détourne les codes et les messages des grandes figures de l'art, on formule même des actions sur le support, à l'instar de Marcel Duchamp, voulant surtout démythifier l'art. Ainsi, parmi les procédés, on emploie le photomontage, une technique élaborée déjà par les dadaïstes, et mise en valeur par les artistes du pop'art les nouveaux figuratifs. Brissot, par exemple, en transposant les œuvres les plus connues de Poussin, Rembrandt, Jérôme Bosch et Ingres, dans notre quotidien profane, monte des sortes de tableaux vivants. La transposition est souvent littérale ; les voitures remplacent les chevaux, les femmes d'aujourd'hui les odalisques d'autrefois et les policiers les guerriers antiques. Les mouvements artistiques vivants La nouvelle figuration, le pop'art et le nouveau réalisme ont donné l'élan à d'autres mouvements artistiques. Avec le body' art (1964), l'art conceptuel (1967), la performance (1969) et le land art (1970), on voit apparaître l'hyperréalisme en 1965 aux Etats-Unis et en Europe, un mouvement ayant sa parenté avec le pop'art et l'art conceptuel, et qui se situe au-delà des capacités visuelles de l'œil, ne donnant aucun intérêt au sujet qu'il traite, toutefois, selon une vision photographique froide. Cependant, trouvant son origine dans le dada et sa parenté avec l'art conceptuel, l'art pauvre est né en 1967, en Italie puis en Europe. Sa production antiartistique est réalisée avec des matériaux quotidiens aculturels et périssables, dont le but provocateur est de rétablir un contact direct entre l'artiste et l'œuvre, et de perturber le goût artistique déjà habitué au choc. Suivant ses pas, et tout en développant l'aspect périssable, éphémère et organique des composantes de l'œuvre, le post-minimalisme est apparu en 1969, aux Etats-Unis et en Europe, un mouvement provocateur aussi, qui s'oppose au caractère impersonnel et au formalisme du minimalisme. A l'instar de ce mouvement, le néo-expressionnisme est apparu en Allemagne et en Italie dans les années 1970, s'affirmant ensuite en Europe, aux Etats-Unis et en Australie. Pour certains, c'est le premier mouvement qui a supplanté par sa force la notoriété du pop'art et du nouveau réalisme ; pour d'autres, surtout les artistes allemands et italiens, l'art a retrouvé son énergie vitale d'avant les deux guerres. Pourtant, ce mouvement à l'expression violente a réagi contre l'art conceptuel, contre les installations et les performances, voulant retourner aux formes traditionnelles de la peinture et de la sculpture, tout en tendant vers le collage dada et néo-dada, vers les matières hétéroclites et la peinture sauvage. De là, on peut dire que la source originelle du néo-expressionnisme se retrouve dans l'expressionnisme allemand lui-même ; d'ailleurs, il a lié sa parenté avec la Neue Widle (Nouveaux fauves), la Bad Painting américaine et la Trans-avant-garde italienne. Avec ses élans violents et souvent aléatoires, ce mouvement provocateur qui retourne à la peinture de chevalet, provoque la naissance de plusieurs mouvements éphémères, dans les années 1980, comme la peinture libre, la peinture sauvage, la figuration sauvage et le graffiti, fabriquant aussi, grâce à la spéculation du marché de l'art florissant à cette époque, des stars également éphémères, comme Baselitz, Basquiat et Schnabel.