A travers son exposition photographique intitulée "Patria Recuperada" (Patrie Récupérée), l'artiste-peintre argentine Nora Iniesta offre aux visiteurs sa perception du retour aux origines, à l'enfance, une époque marquée par un amour sans équivoque voué aux couleurs nationales, le bleu et le blanc. "'Patrie récupérée' c'est la patrie de ma vie que je retrouve à partir d'objets simples d'usage quotidien. C'est quelque chose de spontané, de captivant, de magnétique", confie l'artiste argentine à l'occasion du vernissage de son exposition, mercredi soir à la Bibliothèque nationale du Royaume à Rabat. Iniesta tente, dans ses œuvres qui immortalisent chacune un souvenir cher à son coeur, de retracer l'histoire d'une petite fille qui a grandi avec les symboles de la patrie dans l'école publique argentine, lesquels symboles ont façonné son oeuvre artistique qui use de tous les matériels et supports possibles pour restituer l'âme de cette patrie qu'elle adore de tous ses sens. "J'ai une vision très sélective et fermée en relation avec mes travaux, je vois toutes les choses en bleu et blanc, les couleurs du drapeau argentin", relève-t-elle, notant que pour elle, "il s'agit d'un retour à mon enfance, à l'école. Le salut du drapeau tous les matins remuait quelque chose en moi, j'étais très sensible à cet acte qui se répétait de manière régulière à l'école, au collège et au lycée". Selon Mme Iniesta, qui a exposé ses œuvres à Paris, Séoul, Venise, Naples, Caracas, New York, ainsi qu'au Portugal, en Finlande, en Allemagne et en Espagne, l'artiste se permet ce "luxe et cette ouverture qui lui permettent de combiner les couleurs -le bleu et le blanc dans mon cas-, à l'instar de la musique qui combine les sons". "Je suis complètement absorbée par ces deux couleurs", indique l'artiste qui dit chercher comme un alchimiste tous les matériaux (plastique, papier, photographie, bois, impression digitale) lui permettant de reconstituer l'univers spatio-temporel de l'Argentine de son enfance, où l'histoire et la géographie se dressent comme un esprit qui reprend vie à travers les symboles de la patrie. En somme, l'exposition de Nora Iniesta laisse voir l'amour d'une petite fille pour sa patrie et la passion qu'elle voue pour les couleurs de son drapeau et les rites patriotiques qui rythmaient son quotidien dans l'école et la maison familiale. Bien que son exposition soit dédiée à l'Argentine, Mme Iniesta affirme que "l'art en soi est une activité qui n'a pas de frontières", et c'est justement ce qu'elle cherche à réaliser à travers ses oeuvres d'art: "éliminer les frontières par l'art". "J'utilise d'autres couleurs à part le blanc et le bleu, ce n'est pas l'unique façon de représenter un pays", tient-elle à expliquer, ajoutant qu'elle a toujours cherché inspiration auprès de pays qui puissent l'intéresser par leur culture. A ce sujet, elle qualifie de "formidable" son expérience marocaine, affirmant que la diversité du Maroc et la richesse de sa culture et de ses couleurs éblouissantes "m'enrichissent toujours et me transmettent de nouvelles sensations". "Cette diversité aura sans nul doute un impact sur mes œuvres prochaines, qui d'ailleurs ne se limitent pas seulement au blanc et bleu. J'ai besoin d'une inspiration, d'un élément que je puisse rattraper rapidement pour le coucher et l'éterniser sur une oeuvre de peinture ou de photographie, mais que je ne cherche pas, c'est quelque chose qui coule de source", confie-t-elle. S'agissant de la possibilité de collaborer avec des artistes marocains, elle affirme qu'elle sera "ravie" de pouvoir partager son expérience avec eux, notant que "pour nous, le Maroc a toujours été un pays de conte de fées, un rêve".