On ne reçoit de l'école que ce qu'on y a apporté. Ce dicton est d'une brulante actualité dans un contexte de réforme à cadence soutenue du système éducatif marocain. L'école marocaine souffre, toutefois, de déficits à tous les niveaux. Ses bancs inhospitaliers, son manque de moyens pédagogiques et le profil inadéquat des enseignantes sont quelques uns des maux qui la rongent. Des résultats décevants malgré les milliards de dirhams mobilisés entre 2000-2013. Le conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) le dévoile dans son dernier rapport d'évaluation relatif à l'application de la Charte nationale d'éducation et de formation au cours de la même période 2000-2013. Le rapport d'évaluation montre dans ce rapport que le secteur de l'enseignement à englouti des budgets colossaux pour des résultats qui ne répondaient pas aux ambitions. Le taux de déperdition scolaire en est la meilleure preuve. La dépense moyenne par élève dans l'enseignement public est de 7580 dirhams, soit 2450 dirhams pour un élève du préscolaire. Est-il difficile d'améliorer la qualité de l'enseignement préscolaire ? Cette question ne date pas d'aujourd'hui. Bon nombre de rencontres ont été organisées ces dernières années pour asseoir les fondements d'une nouvelle institution préscolaire. Or, les tares de cet enseignement persistent toujours : inaccessibilité à tous, absence de prise en charge des éducateurs par le secteur public et certaines contradictions dans la perception des objectifs de ce type d'enseignement, insuffisance de la formation continue, sans faire allusion aux constructions de ces établissements dont la majorité sont gérés par leurs propriétaires, dans des maisons personnelles. Aussi, cette situation se répercute sur la qualité de l'enseignement offert. Sur le plan pédagogique, les gérants de ces écoles font, le plus souvent, recours à des enseignants qui ne possèdent ni l'expérience ni la formation requises. Nécessité oblige ! Le nombre des enfants y inscrits sont de plus en plus rares. Certains parents opteront, souvent malgré leur budget limité, pour des écoles privées même à prix fort sinon exagéré. L'analyse des données statistiques de l'enseignement préscolaire permet de démontrer que le niveau de développement de ce secteur reste en deçà des objectifs fixés par la charte nationale d'éducation et de formation puisque le taux net ne dépasse pas les 64% en milieu urbain et prés de 31,5% en milieu rural. L'enseignement préscolaire dans la région de Béni Mellal-Khénifra prend en charge pas moins de 845.720 enfants y compris ceux des établissements scolaires privés. Il est appelé à déployer d'avantage d'efforts tant au niveau de l'Etat qu'au niveau des collectivités locales et des particuliers en vue de sa généralisation. La carte préscolaire de la rentrée 2015-2016, définie par le ministère de l'éducation national identifie quelque 230 salles de classes supplémentaires. D'autres solutions existent pour promouvoir l'enseignement préscolaire. La nécessité de consacrer une partie des recettes des conseils provinciales et régional et des collectivités locales de la région au profil de cet enseignement qui se fait de plus en plus sentir. La région Béni Mellal-Khénifra est à la traine dans le domaine de l'enseignement préscolaire qui ne fait pas l'exception et qui reste le dernier de la classe de la politique de l'enseignement dans notre pays. La mise en place d'un système de formation et de subvention répondant aux besoins du secteur s'avère indispensable. C'est, donc, pour pallier a cette contre performance que doit intervenir cette initiative urgente. Il incombera en suite aux acteurs sur le terrain d'épouser le trend pour réinstaller la confiance dans l'école marocaine qui faut-il le rappeler a formé des générations de décideurs. L'enjeu est donc de taille ! Mustapha CHABBAK +++ (En suite de l'article précédent) Grâce à l'enseignement préscolaire Réduction de 50% les déperditions scolaires Amélioration de 50% de la réussite L'enseignement préscolaire réduit de moitié les déperditions scolaires et améliore la réussite, d'au moins 50 pc, tout au long de la trajectoire scolaire et majore significativement le capital humain et l'espérance de vie scolaire, relève le Haut-Commissariat au Plan. En 2014, près de 995.000 enfants âgés de 3 à 5 ans ont déclaré avoir été préscolarisés, ce qui correspond à un taux de fréquentation du préscolaire de 48,7 pc, révèle l'enquête nationale sur l'enseignement préscolaire 2014 (ENEP, 2014), réalisée par le Haut-commissariat au Plan, en octobre-novembre 2014, dont les résultats ont été récemment présentés par le Haut-Commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi Alami. Le secteur d'enseignement moderne (crèche, maternelle) préscolarise la quasi-totalité (93,3 pc) suivi de loin du secteur traditionnel (Koutab et Msid) (6,7 pc), selon le HCP, qui note que le secteur du préscolaire ne bénéficie cependant qu'à moins de 60 pc des enfants à préscolariser et connait déjà des changements structurels qui consacrent son caractère sélectif. Le secteur privé accueille 94,5 pc des enfants préscolarisés, contre 5,5 pc pour le secteur public, relève l'enquête, qui fait savoir que l'accès des "3-5 ans" au préscolaire débute à un âge moyen de 3,3 ans, donnant lieu à une préscolarisation de 1,5 année, en moyenne. Calculés pour la tranche d'âges "6-7 ans", celle ayant théoriquement achevé la préscolarisation, le taux de préscolarisation s'élève à 64,8 pc, l'âge à la préscolarisation s'établit à une moyenne de 3,7 ans et la durée de préscolarisation à une moyenne de 2,3 ans, relève-t-on de même source. Dans le milieu rural, l'accès à l'enseignement préscolaire s'améliore à mesure que se réduit la distance à la route et aux points d'eau, fait observer l'enquête, relevant que d'une part, les ruraux qui disposent de l'eau à domicile affichent un taux de préscolarisation (28,2 pc) équivalent à 3,7 fois le taux observé auprès des ménages ruraux distants des points d'eau de plus d'un km (7,6 pc). D'autre part, le taux de préscolarisation des enfants ruraux, situés à moins d'un km d'une route (26,6 pc), est 3 fois le taux observé auprès de leurs pairs distants, d'une route, de plus de 3 km (8,6 pc). Et de préciser que la préscolarisation motive l'accès à l'école. Quelle que soit la cohorte, l'accès à l'enseignement primaire est plus grand parmi les enfants préscolarisés que parmi les non préscolarisés. Plus de la moitié des enfants âgés de 3 à 5 ans ne fréquentent pas un établissement d'enseignement préscolaire "Toutes générations confondues, l'accès à l'école est 1,7 fois plus grand parmi les préscolarisés (80,7 pc) que parmi les non préscolarisés (47,6 pc). Ce rapport se réduit certes dans le temps, mais il est encore significatif. Le taux de scolarisation des "7 à 12 ans" ayant été préscolarisés (97,6 pc) est supérieur de 5,3 pc à celui (92,7 pc) de leurs pairs qui n'ont pas été préscolarisés", explique l'enquête. La préscolarisation améliore, de par son impact sur les déperditions, la trajectoire scolaire, du primaire au supérieur, révèle l'enquête, notant que cette dernière améliore le capital humain national, en accroissant le nombre moyen d'années d'études et l'espérance de vie scolaire, variables entrant dans le calcul de l'indicateur du développement humain (IDH). Pour ce qui est des déterminants de l'accès à la préscolarisation, les résultats de l'enquête montrent qu'en 2014, plus de la moitié des enfants âgés de 3 à 5 ans n'avaient pas encore fréquenté un établissement d'enseignement préscolaire pour des raisons liées, entre autres, au genre de l'enfant et à ses atouts familiaux et sociaux. Et d'ajouter que d'autres caractéristiques communautaires déterminent l'accès au préscolaire, en l'occurrence le milieu de résidence, la strate d'habitat et l'accès aux services sociaux. Le HCP rappelle, par ailleurs, que la préscolarisation améliore certes le rendement scolaire, mais elle ne permet pas, à elle seule, d'éradiquer les inégalités de chances vis-à-vis de la réussite scolaire, expliquant que le milieu de résidence, le sexe de l'enfant et le niveau d'instruction des parents, proxy de l'aisance matérielle et de l'origine sociale, constituent, à côté de la préscolarisation, des déterminants fondamentaux de la réussite scolaire. Le Haut-commissariat au Plan a réalisé, en octobre-novembre 2014, l'enquête nationale sur l'enseignement préscolaire 2014 (ENEP, 2014), auprès de 12.500 ménages représentatifs de l'ensemble des régions et des catégories sociales. Cette enquête se prête à l'appariement avec les données du RGPH 2014 et, de ce fait, elle a permis d'aborder à un moindre coût et en de brefs délais l'enseignement préscolaire au Maroc. Elle se propose de diagnostiquer la préscolarisation et d'en mesurer l'impact sur le parcours scolaire et le devenir social des individus. Ses premiers résultats portent sur l'état des lieux et les grandes tendances de la préscolarisation, les déterminants de l'accès à l'enseignement préscolaire et l'effet de la préscolarisation sur la réussite scolaire et le capital humain.