Pour quel objectif et pour quel résultat ? C'est la question qui taraude aujourd'hui beaucoup d'observateurs après l'ouverture, s'est ouvert lundi du « dialogue national » sur l'avenir des institutions au Congo-Brazzaville voulu par le chef de lÉtat Denis Sassou Nguesso sans l'opposition. Une opposition qui a décidé son intention de boycotter cette rencontre. Même si le directeur de cabinet du président, Firmin Ayessa, n'a pas manqué de souligner « qu'il n'y a de solutions durables aux malentendus, aux crises et aux discordes, là où il y a dialogue » devant quelques centaines de délégués. Dans la matinée, l'essentiel de l'opposition, coalisée au sein du Front républicain pour le respect de l'ordre constitutionnel et l'alternance démocratique (Frocad), avait annoncé son intention de boycotter la rencontre. Le Frocad reproche au président Sassou de n'avoir pas tenu compte de sa demande de « retirer de l'ordre du jour » de la rencontre de Sibiti, qui doit s'achever le 17 juillet, « le point sur l'avenir des institutions ». A environ un an de la présidentielle à laquelle la Constitution interdit à M. Sassou de se présenter, cette coalition voit dans le «dialogue national» une manoeuvre pour instaurer une présidence à vie au profit du chef de l'État. Âgé de 72 ans, M. Sassou cumule plus de trente ans à la tête du pays. Il a dirigé le Congo à l'époque du parti unique, de 1979 jusqu'aux élections pluralistes de 1992, qu'il a perdues. Revenu au pouvoir en 1997 à l'issue d'une violente guerre civile, il a été élu président en 2002 et réélu en 2009. La Constitution adoptée en 2002 limite à deux le nombre de mandats que peut exercer un président et stipule que nul ne peut être candidat à la fonction suprême s'il a plus de 70 ans. Selon le décret présidentiel fixant l'ordre du jour du « dialogue national », celui-ci devra répondre à deux questions : « Comment organiser au mieux les scrutins à venir dans notre pays » et faut-il faire « évoluer les institutions de la République ? » En l'absence de délégués du Frocad, quelques centaines de participants sont réunis à Sibiti, principalement des représentants du Parti congolais du travail (PCT, au pouvoir) et de ses alliés ou de petits partis d'une opposition dite « républicaine ». On compte aussi des membres des organisations de la société civile ayant accepté de participer aux « consultations nationales » qui ont précédé la convocation de ce forum, parmi lesquels des représentants des principales religions du pays. Enfin, il faut rappeler que le « dialogue national » s'est ouvert dans un climat politique tendu en Afrique centrale, alors que la violence fait rage au Burundi depuis que le président Pierre Nkurunziza a annoncé son intention de briguer un nouveau mandat.