Pour la énième fois, la résidence de notre ami, Abdessamad Archane, président du conseil municipal de la coquette ville de Tiflet, accueille les membres de l'association « Al Adwatayne pour la renaissance de la musique marocaine andalouse » dans une ambiance amicale plutôt familiale. C'est ainsi, qu'après la réussite de la célèbre « Chaâbana » chez le président Hadj Abderrahmane Choukri, la veille de ce mois sacré, les membres adhérents et sympathisants de ce groupement artistique de haut niveau, s'est retrouvé une nouvelle fois dans la région zemmours. Vous me direz comment cette musique réservée pour longtemps aux habitants des villes anciennes, a-t-elle pu dépasser ses frontières et attirer des fans d' autres contrées ? Eh bien, c'est la spécificité de notre pays qui regorge de potentialités exceptionnelles dans les différents domaines culturels, artistiques et socioéconomiques ! Les difficultés que peuvent rencontrer les jeûneurs en cette période de chaleur et l'élévation de la température, n'ont pas empêché le déplacement des festivaliers, et d'être à l'heure de la rupture du jeûne, afin d'assister à l'entrée du groupe des « Moussami3ine » psalmodiant des panégyriques au prophète Sidna Mohammed –Que le salut soit sur Lui- dans une déclamation religieuse captivante. L'appel du muezzin à la prière du « Moghreb » annonçant que l'abstention observée durant les quatorze heures de la journée, peut être rompue, on se dirige vers les tables dressées soigneusement sous des tentes alignées dans la verdure de cette demeure conviviale. La qualité du menu fort alléchant, proposé par le propriétaire et ses jeunes serveurs, attentionnés aux multiples et différents désidératas des convives, quelque peu exigeants, çà va de soi, offre le choix d'assouvir les appétits des gourmands... Après cet exceptionnel petit-déjeuner de fin d'après-midi –ramadan : implication formelle ! - on se dirige vers la direction de la Mecque pour la prière du Moghreb, derrière un Imam récitant des versets du Saint Coran dans les normes de la lecture des versets reçus par notre prophète...L'orchestre se met en place, les vétérans au milieu, les plus jeunes aussi compétents que leurs prédécesseurs dans le métier, prennent place des deux côtés , opposés au pianiste, et aux deux inséparables percussionnistes « derbouqa et tarr » sur lesquels reposent la réussite de l'ensemble des autres instrumentalistes : Ribab, violonistes, luthistes, clarinettiste, et organiste, modernité oblige ! Tout ce beau monde s'engage dans une ouverture dite « Mchalia » puis les « Tawachi Sabaâ » avant d'entamer la nouba de « Raml Al Maya » puis celle d' Al ouchaq , se prolongeant jusqu'à une heure tardive de la soirée...Les nuits magnétiques de ce ramadan étant très courtes, on n'a même pas le temps de déguster son thé après un dîner copieux...Heureusement que la séance musicale dirigée de main de maître par des virtuoses venus de Meknès, MarrakechRabat et Salé, nous mène à remémorer tous ces noms célèbres de ce riche répertoire, tel Moulay Ahmed Loukili, dont la fille Radad était présente à côté de son mari, Mohammed El Harrat, Maâllem Al Baroudi , représenté par Hadj Ahmed Lakranbi, le dernier artiste survivant de son orchestre qui a illuminé les soirées des années quarante de Radio Maroc, qui furent diffusées jadis en direct. De beaux souvenirs qui ont éveillé en nous tous la nostalgie des années lumières...