Le secteur du BTP (Bâtiment et travaux publics) demeure en difficulté. En témoigne la quasi-stagnation des ventes de ciment, principal baromètre de l'activité, au terme des cinq premiers moins de l'année 2015, comparativement à la même période de l'année précédente (-0,3%), après un recul de 3,4% un an plus tôt. Selon la DEPF (Direction des Etudes et de la Prévision Financière), cette évolution mitigée a été portée par la progression des ventes de 30,3% au niveau de la région de Doukkala-Abda, de 8,9% dans le Souss-Massa-Draa, de 9,7% à Gharb-Cherarda-B.Hssen, de 6% à Tadla-Azilal et de 1,7% à Tanger-Tétouan, atténuée par la baisse de 18,6% à Chaouia-Ourdigha, de 6% dans l'Oriental, de 4,4% dans le Grand Casablanca, de 12,3% à Taza-Al Houceima-Taounate, de 7,3% à FèsBoulemane et de 21% à Guelmim-Es-Smara. Sur un autre plan, la DEPF souligne, dans sa note de conjoncture, fraîchement publiée, que le bon comportement des crédits alloués à l'habitat se maintient à fin avril 2015, affichant une accélération de 6,2%, après un renforcement de 5,4% un an auparavant. En revanche, le volume des crédits accordés aux promoteurs immobiliers a enregistré un recul de 6,4% après le retrait de 3,8% le mois précédent et de 4,7% un an auparavant, portant l'encours global des crédits attribués au secteur immobilier à 238,8 milliards de dirhams, après 232 milliards de dirhams à fin avril 2014, en progression de 2,9%, sur une année. Du côté des prêts accordés dans le cadre des fonds de garantie FOGARIM et FOGALOGE, ils se sont chiffrés, à fin avril 2015, à 769 et 473 millions de dirhams au profit de 4.672 et 1.884 bénéficiaires, respectivement. S'agissant des perspectives quant à l'évolution du secteur de ciment dans les mois à venir, la DEPF n'a pas de précisions en la matière. Mais les professionnels l'ont déjà fait. Dans un entretien accordé récemment à un confrère Casablancais, Mohamed Chaibi, président de l'APC (Association Professionnelle des cimentiers du Maroc) estime que « Les cinq premiers mois de l'année en cours révèlent une stagnation, voire un recul du marché du ciment (-0,36%). Pour le reste de l'année, l'évolution dépendra de plusieurs facteurs, notamment les élections prévues en septembre. Un tel évènement en général booste les ventes de ciment. Ramadan et Aïd Al Adha sont en revanche des périodes où l'on constate une baisse générale de la consommation de 15 à 20%. La mise en œuvre des investissements prévus dans le cadre de la Loi de finances 2015 portant sur les infrastructures, et surtout les travaux de construction de logements menés par les ménages (auto-construction) ou par les promoteurs immobiliers sont entravés par la crise de la demande et le recul des mises en chantier. Sur la base de ces éléments, nous pensons que l'année s'achèvera sur une baisse de 2% de la consommation de ciment ». M. Chaibi prévoit aussi que le secteur du BTP, qui passe aujourd'hui par une conjoncture difficile qui s'est répercutée directement sur son chiffre d'affaires, qu'il «reprendre son élan et que la construction des logements va connaître une relance entraînant dans son sillage le secteur des matériaux de construction. Pour lui, la croissance démographique, l'urbanisation et le développement rapide des villes marocaines, et donc la demande qui en découle, devraient engendrer une plus forte dynamique au cours des prochaines années. Pour rappel, le marché marocain de ciment comporte une quinzaine d'usines, dont Ciments du Maroc, Asment, Lafarge et Holcim. La consommation apparente par habitant est, pour sa part, de 430 kg par an contre une moyenne annuelle de 550 kg par habitant par an. Le secteur du BTP en général compte environ 60.000 entreprises, dont une majorité opère dans le domaine de la construction (58 % environ). Cependant, l'informel domine le segment de l'habitat privé. Seules 5 000 entreprises seraient structurées et localisées. 22 % de ces entreprises réalisent 80 % du chiffre d'affaires du secteur. L'Etat est un important pourvoyeur d'activité puisque 80 % des marchés publics sont dédiés au secteur du bâtiment et des travaux publics. La construction du gros œuvre bâtiment et les travaux spécialisés de génie civil sont les deux segments porteurs de cette branche. Dans le segment de l'habitat privé, l'auto-construction représente la moitié des unités réalisées chaque année.