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Nicolas Hulot, envoyé spécial du président de la République Française pour la protection de la planète, en conférence à Rabat: COP 21 : Plaidoyer pour une vision partagée et des objectifs communs
Nicolas Hulot, envoyé spécial du président de la République Française pour la protection de la planète, était en conférence hier lundi à l'Université Internationale de Rabat, analysant et expliquant les « Enjeux pour l'avenir de la planète ? », dans l'optique de la 21ème conférence des Nations-Unies sur les parties à la convention sur les changements climatiques, qui doit se tenir en décembre prochain à Paris. Une rencontre riche en enseignements quant aux discussions et négociations à venir en ce qui concerne le climat de notre planète. Du protocole de Kyoto à celui de Paris « Le rendez-vous de Paris promet d'être un moment de vérité, un enchantement, ou un désenchantement pour l'Humanité. Le développement économique et la croissance ont consacré la finitude des ressources et des espaces. Nous agissons exactement comme si tout était infini sur terre, alors que les paramètres du progrès et du bien-être n'ont pas apporté la justice sociale et la dignité humaine pour des milliards d'individus. Et la fracture climatique sera une ultime injustice, une de plus, pour tous ces défavorisés qui vont subir les conséquences et payer les frais des abus d'un système dont ils n'ont jamais profité ou bénéficié. Les inégalités et les souffrances risquent de s'aggraver, et il serait illusoire ou utopique de croire qu'il suffira simplement de quelques réglages ou de raccommodages superficiels pour continuer à vivre de la même manière. Pour changer le monde, changeons nous-mêmes, disait Ghandi. « Il nous faut fixer un cap, une vision partagée, une ambition et des objectifs communs qui dépassent les frontières ou l'égoïsme de chacun », a expliqué Nicolas Hulot dans un discours sans nuances, qui a le souci de la clarté et de la lucidité. Une lucidité qui ne le quitte pas car lorsqu'on lui demande « Etes-vous optimiste pour la COP21 ? », il répond : « Cela dépend franchement à quel moment de la journée on me pose la question, et surtout avec qui je viens de terminer une réunion ». Place au climato-fatalisme ! « Lorsqu'on discute avec chacun des 195 Etats qui vont participer à la conférence de Paris, chacun a raison dans ses arguments et sa politique peut-être, mais pris tous ensemble, cette attitude est un véritable suicide collectif que la réalité - qui risque de nous tomber sur la tête - va nous rappeler, à travers un coût économique exorbitant des changements climatiques sur le PIB de chaque pays. La multiplication des phénomènes extrêmes, dont les sécheresses, le stress hydrique, les inondations, les ouragans et autres tempêtes dévastatrices vont coûter très cher, des centaines de milliards de dollars et c'est déjà le cas aux Etats Unis ; c'est pour cela qu'à Paris nous allons travailler pour que trois instruments soient mis en priorité en lumière. Premièrement, que les pays les plus émetteurs de gaz à effet de serre (dont les quinze premiers qui siègent au G 20) doivent honorer leurs engagements en aidant les pays les plus vulnérables à s'adapter afin d'atténuer les effets des CC. Deuxièmement, une trajectoire en dessous de 2 degrés est indispensable afin d'arriver à la neutralité carbure. Pour cela, les pays doivent diviser leurs émissions par trois ou quatre. Sortir radicalement mais progressivement des énergies fossiles est tout simplement vital à travers la suppression des milliards de subventions, d'exonérations et de défiscalisations. Troisièmement, la transition énergétique est indispensable pour les 15 pays les plus pollueurs qui représentent 70% des émissions. Pour cela, l'investissement bas carbone doit être l'investissement bas encouragé ». Halte à la géopolitique du chaos climatique Le discours de Nicolas Hulot semble avoir réduit l'inextricable casse-tête du climat mondial à une équation du premier degré à plusieurs inconnus certes. Un discours plein de bonne volonté et d'espoir, mais qui sera certainement confronté à la dure réalité de la géopolitique du chaos climatique, à la loi des lobbies des énergies fossiles, aux conflits meurtriers qui secouent le monde, à la guerre froide entre Washington, Moscou et Pékin, et surtout à la course au pillage des ressources naturelles que se font Etats et multinationales. Surtout, des négociations biaisées et un manque de volonté politique chez les grands de ce monde risquent de faire perdre à l'humanité l'un des peut-être rares derniers rendez-vous pour sauver leur planète. Mais, comme la majeure partie des experts le soulignent, il est déjà trop tard pour indigner le fléau climatique inéluctable et la grande messe du carbone, la grande foire des changements climatiques n'y changera certainement rien si la conscience de l'humanité n'impose pas à tous les Etats, surtout les plus riches et les plus nantis, d'abandonner leur égoïsme qui prend en otage la planète.