Elizabeth II prononce mercredi le "discours de la reine", cérémonial fastueux lors duquel elle dévoile le programme législatif du gouvernement conservateur de David Cameron, avec en vedette l'officialisation d'un projet de référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'UE. Ce discours marque l'ouverture de la nouvelle session du Parlement de Westminster après les élections législatives du 7 mai qui ont donné à M. Cameron un deuxième mandat et une courte majorité absolue à la chambre des Communes. Tradition remontant à 1536, cette adresse d'une dizaine de minutes que la reine ne rédige pas mais qu'elle lit sur un ton monocorde comme pour mieux souligner sa neutralité, détaille le programme législatif du gouvernement. Le projet phare est cette fois le référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l'UE, que M. Cameron a promis d'organiser au plus tard à la fin 2017, à l'issue d'une phase de renégociation des conditions d'appartenance de son pays au groupe des 28. Les modalités d'organisation de cette consultation, qui pourrait intervenir dès 2016, seront précisées dans un projet de loi qui sera présenté jeudi par la gouvernement. Selon la BBC, la question posée aux Britanniques sera du type: "Le Royaume-Uni doit-il rester un membre de l'UE?", une formulation qui place les europhiles dans le camp du oui. Le Premier ministre britannique, favorable au maintien de son pays dans une union réformée, a reçu lundi le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, pour lui présenter ses revendications. Il consacrera le reste de la semaine à la poursuite de son offensive diplomatique avec des déplacements en France et en Allemagne notamment. Le "discours de la reine" devait également aborder la dévolution de nouveaux pouvoirs à l'Ecosse, promis par M. Cameron après le référendum à défaut d'indépendance. Le sujet devrait être suivi de près par le Parti nationaliste écossais (SNP): après leur victoire historique aux législatives, les indépendantistes sont devenus, avec 56 députés, la troisième force politique à Westminster, derrière l'opposition travailliste. Le discours devait inclure en outre plusieurs sujets qui font débat au Royaume-Uni, comme un texte sur les droits de l'homme destiné à remplacer la convention européenne des droits de l'Homme qui fait aujourd'hui référence. Mais le projet a rencontré une ferme opposition jusque dans les rangs conservateurs, et le gouvernement se contentera d'évoquer à ce stade une consultation sur le sujet, rapportait le Telegraph. Autre sujet polémique: un programme économique comprenant des coupes à hauteur de 12 milliards de livres (16,9 milliards d'euros) par an dans les dépenses sociales. "Nous avons un mandat du peuple britannique et un programme détaillé à mettre en ?uvre", a souligné M. Cameron dans un communiqué. "Nous allons nous mettre à la tâche sans perdre une minute", a ajouté le Premier ministre, qui devait s'adresser aux parlementaires après le discours. Ses opposants non plus n'ont pas perdu de temps et des centaines de manifestants étaient attendus près du 10, Downing Street. "Les politiques d'austérité nous font souffrir depuis trop longtemps", a déclaré Sam Fairbairn, un des organisateurs. Il s'agit du 62e "discours de la reine" prononcé par Elizabeth II. Depuis le début de son règne en 1953, elle n'y a fait défaut qu'à deux reprises, en 1959 et 1963, parce qu'elle était enceinte.