S'achemine-t-on vers la transformation de la ligue Nationale de lutte contre les maladies cardiovasculaires en un Institut National de Cardiologie ? La réponse est oui. Plusieurs indices et indicateurs le suggèrent. Cela se fera-t-il dans un futur proche ? La réponse est oui. Selon quel mode de gestion ? La ligue deviendra-t-elle le 11ème hôpital spécialisé en cardiologie et en chirurgie cardiaque du Centre Hospitalier Ibn Sina (CHIS), épaulée par une Fondation, à l'instar de l'Institut National d'Oncologie Sidi Mohamed ben Abdellah ? Pour l'instant la question est encore posée. Ce qui est sûr, c'est que, si la ligue Nationale de lutte contre les maladies cardiovasculaires (LNLCMCV) a eu par le passé une triste histoire et une mauvaise réputation de n'accepter que les patients qui peuvent payer et que ses portes étaient hermétiquement fermées pour les nantis, aujourd'hui, plusieurs observateurs avertis, constatent que la Ligue nationale de Cardiologie, traverse avec succès plusieurs phases de son existence : Redressement, Développement et Mutation profonde. Une phase de redressement, pour éponger la dette léguée par l'ancienne équipe dirigeante, qui, jusqu'à 2009, était évaluée à 10 milliards de centimes (98 272 000,00 DH). Pour le président de la ligue, Pr Omar CHERKAOUI, «cette dette a été revue à la baisse après plusieurs rounds de négociations avec les multiples créanciers, pour la ramener à 73 555 787, 66 DH, ce qui constitue un remboursement quotidien de 3 millions de centimes, jusqu'à 2017. C'est un handicap majeur pour tout développement. Et il rajoute : «Au 31 décembre 2014, le taux de remboursement a atteint 69,41%, et cela malgré des engagements financiers importants en investissements biomédicaux». Pour comprendre le mode de fonctionnement de la ligue de cardiologie, il serait intéressant de jeter un coup d'œil sur son mode de gestion, depuis sa création, il y a plus de 38 ans. Deux grandes périodes se distinguent : la première depuis sa création à 2009 et la seconde de 2010 à aujourd'hui. Il faut reconnaitre que la ligue a élevé la cardiologie Marocaine aux cimes. Les dernières technologies diagnostiques et thérapeutiques étaient disponibles à la ligue. C'est l'œuvre d'un homme, Pr Mohammed BENOMAR. La communauté scientifique médicale marocaine doit le reconnaitre. Mais à cause d'une gestion aléatoire, d'un relationnel exécrable, en plus basé sur les privilèges, la ligue courrait vers la faillite et allait mettre la clé sous le paillasson. Plus de trois décennies d'efforts et de développement allaient partir en fumée. Plusieurs cadres médicaux et infirmiers d'une grande expertise cardiologique risquaient de se trouver au chômage et surtout des milliers de citoyens marocains allaient être privés de soins cardiologiques de pointe. A l'initiative de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, un comité directorial a été mis en place pour sauver la ligue du naufrage. Les destinées de cette institution médicale de pointe ont été alors mises entre les mains d'un médecin gestionnaire, connu en tant que tel, aussi bien à l'échelle nationale, maghrébine qu'africaine. Et ayant largement fait ses preuves, pour sa bonne gestion à la CNSS, son management participatif du CHU Ibn Sina (le plus grand du Royaume) et en tant que conseiller de l'Agence Nationale de l'Assurance Maladie (ANAM). Il s'agit du Pr Omar CHERKAOUI, qui est à la base, un éminent professeur de chirurgie thoracique et un excellent pédagogue à la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Rabat. Sortir la tête de l'eau ou périr, la nouvelle équipe dirigeante n'avait pas d'autres choix. Le 6 mai 2015, lors de la présentation des bilans (2011, 2012, 2013 et 2014) de la ligue, tous les indicateurs sont au vert : qu'il s'agisse des consultations, des actes chirurgicaux, des admissions ou des explorations et bien sûr du remboursement de la dette, de l'investissement et de la motivation du personnel. Même si un grand travail pour améliorer l'accessibilité des malades économiquement faibles et les soins offerts par la ligue reste à faire. Enfin, Le mangement hospitalier est une spécialité à part entière, l'actuelle équipe dirigeante de la ligue le pratique correctement. Tout en lui souhaitant bonne continuation, les équipes de management qui pourront postuler demain, doivent obéir à un cahier des charges draconien, afin d'éviter de tomber dans les écueils mortels d'hier. Aujourd'hui, être détenteur du simple titre de professeur en médecine n'est plus suffisant pour diriger une entité hospitalière universitaire, des compétences managériales de haut niveau sont requises. Pour conclure, la Ligue Nationale de Lutte contre les Maladies Cardiovasculaires, doit être considérée comme faisant partie intégrante du patrimoine scientifique immatériel du Royaume du Maroc. Pour qu'elle devienne également un patrimoine matériel (elle a toujours occupé un territoire qui ne lui appartient pas), il faut penser, dans le projet historique et colossal en cours, à la transformation de l'actuelle Bâtisse de l'hôpital Ibn Sina, en une merveille architecturale, en faisant appel aux plus grands architectes du Monde et en la baptisant : Institut National ou Africain de Cardiologie Hassan II, à la mémoire du défunt Roi du Maroc et par respect aux vœux de l'actuel Monarque.