Si turban et soutane ne sont pas synonymes de moine, ils peuvent incarner un personnage fraîchement sorti des contes des mille et une nuits. Ou encore une conteuse qui, loin de s'inspirer de l'imaginaire des contes, puise dans la réalité de l'Islam pour le transmettre, de façon simplifiée, aux enfants, et corriger ainsi les stéréotypes erronés sur l'Islam. Farah Kinani, une journaliste marocaine qui a roulé sa bosse dans la presse écrite autant au Maroc qu'aux Etats-Unis où elle réside depuis une dizaine d'années, était loin de penser que l'idée première de présenter l'un des piliers de l'Islam allait devenir un best-seller. Parcours exceptionnel d'une œuvre et de sa conceptrice... L'Opinion : Un livre qui explique les préceptes de Ramadan, pourquoi ? Pour qui ? Farah Kinani : J'ai souvent été invitée à parler de mon pays d'origine, le Maroc, et de la langue arabe, par l'école de mes enfants. Je constatais, lors de mes discussions avec les élèves mais aussi avec les enseignants, que le jeûne chez les Musulmans était une notion peu ou presque pas connue. Pourtant, les rites de Yom Kippour, Noël, Kwanza, Diwali* étaient connus et dans les moindres détails.... Quelques élèves m'ont même annoncé un jour qu'ils croyaient que le Ramadan était une punition. J'ai donc décidé d'écrire un article sur Ramadan, surtout après que l'amie de ma fille m'avait fait part de son « ras le bol » des questions que suscitait son jeûne, genre : « Es-tu punie ? » ou encore : « Tu peux te cacher pour manger ? », etc. J'ai écris un article que j'ai envoyé à un éditeur. Ce dernier m'a demandé d'en faire un livre pour enfants pour répondre aux besoins du marché littéraire américain. D'où la naissance de ce livre qui a été illustré par Laura Diab, une artiste américaine convertie à l'Islam. Le livre s'intitule «What if you stopped eating and drinking during the day...for a month?" (Peux-tu t'abstenir de manger et de boire chaque jour pendant un mois?). Il a été publié par la maison d'édition Creative Education and Publishing, gérée par M. Alam Addin Kaddoura, un entrepreneur et ingénieur palestino-américain. L'Opinion : Comment cet ouvrage a-t-il été perçu aux Etats-Unis ? Farah Kinani : Au départ, l'accueil a été très timide, mais dès que les médias s'en sont saisis, l'ouvrage est devenu l'une des meilleures ventes de la maison d'édition pendant plusieurs semaines. Il y a même eu des articles sur le livre en Indonésie, en Turquie, dans plusieurs pays du monde arabe et bien sûr aux Etats-Unis. L'Opinion : Estimez-vous qu'il a été publié au bon moment, considérant les différentes crises que traverse le monde musulman depuis des années, accentuées par les attentats du 11 septembre 2001 ? Farah Kinani : Le livre s'adresse d'abord aux non musulmans puis aux enfants musulmans qui vivent aux Etats-Unis ou tout autre pays non musulman. C'est pour cela que j'ai dû faire une étude de marché avant de décider comment présenter mon livre. J'ai aussi consulté différentes sources islamiques représentant les différentes écoles de pensées musulmanes. ... Depuis, je suis souvent invitée par les écoles pour parler du livre. J'ai aussi participé à plusieurs événements pour expliquer le Ramadan et signer mon oeuvre. Au fait, le livre participe à une exhibition spéciale à la bibliothèque locale de Gaitherburg dans l‘Etat du Maryland. L'exhibition est organisée par Samira Hussein, une femme admirable qui a toujours milité pour une meilleure représentation des Arabes américains dans la vie politique et sociale du Maryland. Donc, pour répondre à votre question, j'estime qu'il a été publié au bon moment. L'Opinion : Des projets d'écriture futurs ? Farah Kinani : Un ouvrage sur la psychologie positive dans le message coranique. L'Opinion : Autrement dit ...? Farah Kinani : Comment les principes de la psychologie sont utilisés dans plusieurs versets coraniques de façon à inciter les croyants à adopter une telle ou telle autre approche. * Yom Kippour : une fête juive; Kwanza : fête afro-américaine; Diwali : fête indienne