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Maroc-Tchéquie : Dialogue interculturel et interreligieux/ La défiance envers l'Islam due à la méconnaissance de la culture et de la religion musulmanes
Le phénomène de défiance envers l'Islam de la part d'une partie de la population tchèque, majoritairement laïque et culturellement homogène, est dû au manque flagrant de connaissance de la religion, de la culture et des traditions musulmanes, auquel participent également les médias qui s'attachent plus à braquer les projecteurs sur le "sensationnel" (radicalisme, djihadisme ), ont indiqué les participants à un débat mardi à la résidence du Royaume à Prague sur le thème du dialogue interculturel et interreligieux. La réflexion menée par les participants à cette rencontre, organisée conjointement par les ambassadeurs de pays membres de l'Organisation de la Coopération Islamique (OCI) accrédités à Prague, l'Association "Prague Society for international Cooperation" et la "Global Panel Foundation", a porté essentiellement sur trois grandes problématiques, à savoir "la perception de l'Islam en république Tchèque", "Comment sensibiliser la population et lutter contre la montée de l'islamophobie ?" et "qu'en est-il de l'intégration des musulmans et de leur avenir en République Tchèque ?". Initiatrice de ce débat, l'ambassadeur du Maroc en République Tchèque, Mme Souriya Otmani, qui a d'emblée rappelé le contexte international complexe, difficile et inconfortable marqué par des conflits et des affrontements au nom d'idéologies obscurantistes et nihilistes, a plaidé en faveur de la promotion au sein des cultures, des sociétés et des différentes religions, en tous lieux et en tous temps, des valeurs de discernement, de raison, de modération, d'équilibre, de dialogue, de communication, d'échange et de débat. Pour la diplomate marocaine, seules de telles vertus sont à même de permettre une interaction appropriée avec l'autre, une meilleure connaissance et une meilleure appréciation de la différence et de la diversité sociale, culturelle et religieuse. Outre la méconnaissance de la religion, de la culture et des traditions musulmanes, les autres intervenants ont évoqué une autre raison possible de ce phénomène, qui tiendrait au fait de l'absence d'institutions privées ou publiques à même de promouvoir un autre regard sur l'Islam dans le pays, notant qu'il s'agit d'un vide qu'il appartient à la société civile de combler par le biais d'une mobilisation active dans ce sens, d'une éducation appropriée, de la promotion d'une culture du dialogue et d'une coexistence apaisée entre différentes cultures. Selon les différents intervenants, si l'éducation est un outil clé pour lutter efficacement contre l'intolérance et les stéréotypes, il existe plusieurs autres moyens d'éduquer et d'informer la société civile tchèque, telles les interventions d'associations auprès des jeunes et des établissements d'enseignement, du type de celles déjà entreprises par l'INSAN ( association tchéco-arabe d'amitié et de coopération), auprès des populations locales, ou encore la diffusion de contenus pédagogiques à destination des médias dont le rôle est crucial et aussi des corps enseignants et des autorités publiques, etc L'accent a encore été mis sur l'importance de la communication et de l'interaction avec le grand public par le biais d'évènements et d'opérations culturels d'envergure mettant en valeur la richesse, la diversité et le patrimoine civilisationnel des pays islamiques. Les participants ont toutefois reconnu que de nombreuses questions restent en suspens, à savoir le rôle exact que doit jouer les institutions étatiques vis-à-vis de la question religieuse, autant par rapport à l'éducation en matière de religion qu'en matière de liberté d'expression et de respect envers les religions ou encore pour ce qui est de la place des musulmans issus de l'immigration. Doivent-ils privilégier l'assimilation ou œuvrer en faveur de la promotion du multiculturalisme ? Autant de questions qu'il convient d'aborder au sein de la société tchèque, sans faux détour mais toujours dans le cadre d'un débat, éclairé, serein, dépassionné et égalitaire. Ce sont là quelques-unes des nombreuses interrogations livrées à la réflexion des intervenants et auxquelles ils ont convenu d'apporter des éléments de réponse en instaurant une tradition de rencontres et débats de politiques publiques sur le dialogue interculturel. Quelque 50 convives de marque ont pris part à cette rencontre, organisée à la résidence de l'ambassade du Maroc, parmi lesquels des représentants des trois grandes religions monothéistes, dont le Vicaire Général de l'Archidiocèse de Prague, Monseigneur Michael Slavik, le Vice-Président de la Fédération des Communautés juives tchèques, Peter Gyori, et le représentant de la Communauté musulmane de Brno, M. Muneeb Hassan Arawi. Outre les ambassadeurs de plusieurs pays islamiques accrédités à Prague, des directeurs centraux du ministère tchèque des affaires étrangères, des députés au parlement européen, des hommes et des femmes d'affaires, des professeurs d'universités, des experts, des auteurs de recherches sur l'extrémisme, des journalistes et plusieurs hommes et femmes d'art et de lettres ont participé activement à l'évènement.