Après avoir entretenu le suspense pendant de longs mois, la démocrate Hillary Clinton a annoncé, dimanche 12 avril, sa candidature à l'investiture démocrate en vue de la prochaine élection présidentielle américaine, en 2016. La démocrate Hillary Clinton, épouse de l'ancien président Bill Clinton, a officialisé, dimanche 12 avril, sa candidature à la prochaine élection présidentielle américaine, qui se tiendra en 2016, par le biais de son président de campagne, cité par plusieurs médias américains. "C'est officiel: Hillary est candidate à la présidentielle", a écrit dans un courriel à des donateurs John Podesta, confirmant la nouvelle tentative de la démocrate pour devenir la première femme à diriger les États-Unis. Cette annonce a été immédiatement suivie de la diffusion d'une vidéo sur le site Hillary Clinton.com dans laquelle l'ancienne secrétaire d'État annonce sa candidature. "Je suis candidate à la présidence", déclare Hillary Clinton dans cette vidéo. « Notre but : donner à chaque famille, chaque petite entreprise et chaque Américain le moyen d'atteindre une prospérité durable en élisant Hillary Clinton prochaine présidente des États-Unis », écrit le directeur de campagne Robby Mook dans un document interne diffusé par le site spécialisé Politico. Dans la foulée, la candidate devait se rendre dans l'Iowa et le New Hampshire, les deux premières étapes de la longue course des primaires, qui démarrera début 2016. Il y a huit ans, Hillary Clinton avait trébuché dans le Midwest, s'inclinant face à un jeune sénateur, Barack Obama. L'ex-Première dame confirme ainsi une candidature attendue depuis plusieurs mois. Elle est à ce stade la seule candidate officielle aux primaires démocrates, et domine largement les sondages. L'ancienne secrétaire d'État a d'ores et déjà reçu un coup de pouce opportun du président Barack Obama, qui a déclaré samedi depuis le Panama qu'elle ferait "une excellente présidente". "Elle a été un soutien formidable lors de l'élection présidentielle. Elle a été une secrétaire d'État exceptionnelle. C'est mon amie", a déclaré Barack Obama, à l'issue d'un Sommet des Amériques marqué par sa rencontre avec le président cubain Raul Castro. De son côté, le secrétaire d'État américain John Kerry a salué ce dimanche le "travail formidable" effectué par Hillary Clinton pour réparer les relations des États-Unis dans le monde. Une longue expérience des affaires publiques À 67 ans, Hillary Clinton affiche en effet un parcours sans équivalent dans la classe politique américaine. Ancienne première dame, ancienne sénatrice, ancienne chef de la diplomatie, elle connaît Washington, et sans doute également la planète, mieux qui quiconque. Elle a l'expérience, les soutiens financiers et les sympathisants qu'il faut pour devenir la première femme à briguer la Maison-Blanche, à l'automne 2016. Sans oublier qu'elle est, depuis près de quinze ans, la femme la plus admirée du pays. Dans ces conditions, qui osera la défier ? Alors que les prétendants républicains se bousculent, les candidats démocrates se font rares. Cette fois, le chemin de l'investiture est dégagé. Aucun autre démocrate n'est plus connu, ni plus apprécié qu'elle, à en croire les sondages qui placent Hillary Clinton à environ 60% des intentions de vote des primaires, qui débuteront début 2016. La présidentielle se tiendra, quant à elle, en novembre 2016. Si d'autres démocrates se lançaient, ce serait sans réel autre espoir que de faire bonne impression pour être recruté comme colistier. Aucune personnalité d'envergure, comme le vice-président Joe Biden ou la sénatrice Elizabeth Warren, ne s'est déclarée, et seul deux démocrates peu connus, l'ex-gouverneur Martin O'Malley et l'ex-sénateur Jim Webb, semblent décidés à concurrencer Hillary Clinton. Or les amis de l'ex-secrétaire d'État préparent le terrain depuis deux ans. L'organisation indépendante Ready for Hillary a levé plus de 15 millions de dollars pour soutenir sa candidature et identifié 4 millions de sympathisants. Le CV d'Hillary Clinton, grand-mère depuis septembre 2014, est à la fois sa force et son talon d'Achille. Sa vie est indissociable du pouvoir: ancienne Première dame, sénatrice et chef de la diplomatie. Alors que ses rivaux républicains ont à peine fait quelques voyages à l'étranger, elle a rencontré des dizaines de présidents, Premiers ministres et rois, et jonglé avec les crises, de la Libye à la Russie. Et, bien sûr, aucun autre candidat n'a vécu pendant huit ans à la Maison Blanche. Mais cette riche expérience s'accompagne d'erreurs, d'affaires et de scandales, qui ont surgi dès les premières années des Clinton au pouvoir. Les républicains piochent ainsi inlassablement dans la litanie des scandales, de Monica Lewinsky aux attaques de Benghazi, à la récente découverte de la messagerie privée d'Hillary Clinton, pour déclarer que les Américains veulent tourner la page et élire un nouveau visage. Profusion de candidatures républicaines Le candidat républicain Rand Paul a promis dans une interview sibylline des révélations imminentes sur des conflits d'intérêts supposés à la Fondation Clinton et n'hésite pas à parler de la "corruption" des Clinton. En politique étrangère, le bilan des années Obama-Clinton est, selon les républicains, un échec, avec l'émergence de Da'ech, les guerres civiles en Syrie et en Ukraine et le chaos yéménite. Reprendre le flambeau démocrate sans proposer aux Américains un troisième mandat Obama, représente donc un défi pour Hillary Clinton. Face à elle, le champ républicain est aussi plein que le champ démocrate est vide. Une douzaine d'hommes, et une femme, devraient se disputer l'investiture. Deux se sont déclarés officiellement, les sénateurs Ted Cruz et Rand Paul. Un troisième devait le faire hier, à Miami, le sénateur Marco Rubio, d'origine cubaine. Quant à Jeb Bush, frère de George W. Bush – et autre fils du président George Bush –, en tête des sondages des primaires à ce stade très préliminaire, il continue d'entretenir la fiction qu'il n'est pas candidat, bien qu'il lève des fonds à un rythme effréné. Si les ambitions sont nombreuses au sein de la droite américaine, c'est aussi parce que de nombreux éléments plaident en faveur des républicains. L'histoire d'abord. Depuis la ratification en 1951 du XXIIe amendement, qui limite à deux le nombre des mandants, l'alternance est la règle : après une présidence de huit ans, le parti au pouvoir perd systématiquement la Maison-Blanche, exception faite de la victoire, en 1988, de George Bush père, qui avait succédé à Ronald Reagan. Les sondages ensuite. Si Barack Obama est plus populaire que George W. Bush en 2008, une majorité d'Américains reste déçue par son action. De quoi donner des armes au camp républicain, qui ne se privera pas de rappeler que pendant quatre ans, Hillary Clinton a été en charge d'une politique étrangère américaine qui n'a pas convaincu – c'est un euphémisme – les électeurs. Le parti républicain fera de l'élection 2016 un référendum sur la présidence Obama, une stratégie qui avait été payante l'automne dernier à l'occasion des élections au Congrès. Un défi pour Hillary Clinton, qui devra à la fois assumer l'héritage d'une équipe où elle a joué quatre ans durant un rôle clé, tout en marquant sa différence.