Le secrétaire d'État américain rencontrera demain, en Suisse, son homologue iranien afin de poursuivre les pourparlers sur la question du nucléaire iranien, a déclaré, lundi 23 mars, le département d'État américain. La prochaine réunion entre M. Kerry et le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad-Javad Zarif s'inscrit dans le cadre des négociations en cours sur le nucléaire entre Téhéran et les pays du groupe P5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Grande-Bretagne et Allemagne), a indiqué le département dans un communiqué. Le groupe P5+1 négocie avec l'Iran dans le but de parvenir à un accord complet depuis novembre 2013, date à laquelle Téhéran a accepté de suspendre certaines de ses activités nucléaires en échange de l'assouplissement des sanctions à son encontre dans le cadre d'un accord provisoire. Dans un message vidéo réalisé pour marquer le Norouz, le Nouvel An persan, le président des États-Unis, Barack Obama, a pris acte des "divergences" qui subsistent en dépit des progrès réalisés et exhorté les dirigeants iraniens à ne pas manquer une "occasion historique" de parvenir à un accord raisonnable sur le nucléaire, prévenant que ce moment "ne se présentera peut-être pas une deuxième fois". Les deux parties ont pour objectif de parvenir à un accord-cadre d'ici la fin du mois de mars et à un accord complet d'ici la fin du mois de juin. Pour rappel, les discussions ne sont pas américano-iraniennes; cinq autres puissances (France, Russie, Chine, Royaume-Uni, Allemagne) sont impliquées. Elles aussi ne communiquent que modérément sur le sujet. C'est un diplomate européen qui m'a lâché mystérieusement: «À qui profiterait l'échec? À personne !» Obama et son administration perdraient toute crédibilité internationale, ce qui enhardirait les critiques au sein du nouveau congrès majoritairement républicain. L'Iran renouerait avec des sanctions qui lui ont fait mal, alors que le retour dans le concert des nations lui a permis d'accroître son influence dans la région. Les monarchies du golfe devraient faire face à l'activisme d'un Iran poussé au désespoir. Même Netanyahu en pâtirait: sans l'urgence iranienne à gérer, Washington reporterait toute la pression sur Jérusalem. Les participants à la rencontre de Londres ont reconnu qu'il restait à régler des nuances dans les négociations avec Téhéran. Paris et Washington ne sont pas d'accord sur les délais de l'accord global, plus précisément sur la durée pendant laquelle le contrôle du programme nucléaire supervisé par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sera effectué sans changements qualitatifs ou quantitatifs de l'infrastructure nucléaire iranienne. La France insiste pour que ce contrôle dure au moins 15 ans, alors que les USA parlent de 10 ans. Sachant que dans les cinq prochaines années, Washington est prêt à autoriser les Iraniens à remplacer les anciennes centrifugeuses, à en lancer de nouvelles, etc. Enfin, des divergences sont apparues au sujet du nombre de centrifugeuses autorisées pour l'Iran. Les Américains acceptent d'en laisser entre 6 000 et 6 500. Mais la France s'y oppose.