Après avoir réclamé de Vladimir Poutine des «actes» pour ramener la paix en Ukraine, les Occidentaux ont de nouveau fait le point avec le président russe sur le dossier ukrainien au cours d'une conférence téléphonique à quatre, le dimanche 8 février. La conférence s'est tenue entre Vladimir Poutine, le président ukrainien Petro Porochenko, le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel. Un sommet réunissant France, Allemagne, Ukraine et Russie se tiendra demain, à Minsk, avec pour objectif d'esquisser une solution pour l'Ukraine, a annoncé, dimanche 7 février, la chancellerie allemande, dans un communiqué à l'issue de cette conférence téléphonique. Angela Merkel, François Hollande, Petro Porochenko et Vladimir Poutine ont conduit «une longue conférence téléphonique», selon ce communiqué, et «continué à travailler à un paquet de mesures, dans le cadre de leurs efforts pour un règlement global du conflit dans l'Est de l'Ukraine». Les travaux devaient se poursuivre hier, à Berlin, «avec pour objectif de tenir mercredi à Minsk un sommet dans le format « Normandie », réunissant les quatre puissances. Ce sommet aura lieu «si nous réussissons d'ici là à nous mettre d'accord sur un certain nombre de points sur lesquels nous avons intensément discuté ces derniers temps», a confirmé Vladimir Poutine. Merkel et Hollande, tout juste revenus de cinq heures de négociations à Moscou, ont concédé qu'ils n'étaient pas sûrs de réussir dans leur initiative de paix mais qu'il fallait aller au bout de cette «dernière chance», alors que la situation a été de nouveau très tendue sur le terrain. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a estimé que les «deux ou trois prochains jours» seraient décisifs pour le succès de l'initiative franco-allemande. «Si nous ne parvenons pas à trouver un accord durable de paix, nous connaissons parfaitement le scénario : il a un nom, il s'appelle la guerre», a martelé le président Hollande. Le plan franco-allemand prévoirait une plus large autonomie des régions de l'Est de l'Ukraine, selon un haut responsable du Département d'État américain. Il se base sur la ligne de front actuelle, et prévoit une zone démilitarisée de 50 à 70 kilomètres de large le long de cette ligne, a précisé François Hollande. Plusieurs questions restent en suspens, a précisé l'entourage du président, citant notamment le «statut des territoires» conquis par les séparatistes, le «contrôle des frontières» et le «retrait des armes lourdes». Guerre ou paix ? Vladimir Poutine a affirmé pour sa part que la Russie «ne comptait faire la guerre à personne». «Mais il y a, c'est certain, une tentative de freiner notre développement par différents moyens», a-t-il pointé en allusion aux sanctions occidentales qui étranglent son économie. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, s'est voulu prudemment optimiste. «Il est tout à fait possible d'avoir des résultats et de tomber d'accord sur des recommandations qui permettront aux deux côtés de vraiment dénouer le conflit», a-t-il estimé à Munich. Les appels, notamment aux États-Unis et dans l'est de l'Europe, à livrer des armes à l'armée ukrainienne afin de rééquilibrer le rapport de forces sur le terrain alimentent aussi les passions, laissant craindre un engrenage funeste. Sans se prononcer directement sur la question, pas encore tranchée à Washington, le vice-président américain, Joe Biden, a souligné que Kiev avait le droit de «se défendre» face à l'offensive des séparatistes. Pour sa part, le secrétaire d'État John Kerry a indiqué que les États-Unis réfléchissaient à une aide «supplémentaire» à l'Ukraine et privilégiaient une solution «politique». Paris et Berlin excluent également résolument l'option militaire. «Je ne vois pas en quoi un meilleur équipement de l'armée ukrainienne impressionnerait le président Poutine (...) Cela conduira plutôt à plus de victimes», a riposté Angela Merkel. Le conflit dans le sud-est de l'Ukraine aurait fait jusqu'à 50.000 morts, selon les estimations des services spéciaux allemands, rapporte le Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung. «Les services spéciaux allemands évaluent à 50.000 le nombre des victimes parmi les militaires et civils ukrainiens. Ce chiffre est dix foix supérieur aux informations officielles, qui ne sont pas crédibles», écrit le journal se référant à une source au sein des renseignements allemands.