Le Maroc devrait réaliser à plus de 90 % l'ensemble des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ciblés à l'horizon 2015, date butoir de l'atteinte de ces Objectifs, a affirmé, mardi à Rabat, le Haut-commissaire au plan, Ahmed Lahlimi Alami. "Les tendances de réalisation des indicateurs des OMD montrent que l'extrême pauvreté et la faim sont presque éradiquées au Maroc depuis le début des années 2000 et les formes, absolue et multidimensionnelle, de la pauvreté tendent vers l'éradication dans le milieu urbain. Ainsi, le Maroc réaliserait à l'horizon 2015 l'ensemble des OMD ciblés à plus de 90 pc", a précisé M. Lahlimi, qui intervenait lors d'un débat autour de la question "Quels Objectifs de développement au-delà de 2015?, à l'occasion de la présentation du cinquième Rapport national sur les OMD 2012. Il a, toutefois, noté que ces formes, absolue et multidimensionnelle, de la pauvreté restent, en dépit de leur forte baisse, une caractéristique du milieu rural et des régions les moins urbanisées et les plus inégalitaires, attribuant également son estimation de la réalisation des OMD par le Maroc à la réalisation d'un taux net de scolarisation de 97 pc des enfants âgés de 6 à 11 ans en 2012 et d'un indice de parité dans l'enseignement primaire de 91 pc en 2011-2012. Le Maroc a également réalisé des progrès en matière de santé, et il est parvenu à maîtriser un certain nombre de problèmes sanitaires, notamment la mortalité maternelle et infanto-juvénile en baisse respectivement de près de 60 pc et de 66 pc en vingt ans, a-t-il poursuivi. Pour sa part, l'accès des populations aux services sociaux de base a connu une cadence plus rapide. Le pourcentage des bénéficiaires de l'électrification rurale s'établit à 98 pc en 2012 contre 9,7 pc en 1994, et celui de la desserte en eau potable à 93 pc contre 14 pc, a fait savoir M. Lahlimi, relevant, toutefois, que les inégalités sociales continuent à manifester une rigidité à la baisse de nature à menacer la consolidation des acquis dans le domaine de la lutte contre la pauvreté et la vulnérabilité. Le Haut-commissaire au Plan n'a pas manqué de souligner que le Maroc a pu maintenir, depuis les années 2000, un sentier de croissance élevée, de 4,4 pc en moyenne annuelle entre 2000 et 2014, une baisse du chômage depuis 1999 avec une légère hausse depuis 2011 pour atteindre environ 9,8 pc en 2014, notant que le revenu national brut disponible s'est accru de 5 pc par an, et la consommation, avec une évolution maîtrisée des prix ne dépassant pas 1 pc, s'est améliorée, induisant une amélioration du pouvoir d'achat de 4 pc par an en moyenne entre 2009 et 2014. Après avoir mis l'accent sur les efforts déployés dans les secteurs sociaux pour absorber les déficits accumulés en matière d'infrastructures sociales de base, qui ont été confortés par la lutte contre la pauvreté et la vulnérabilité mobilisant 55 pc du budget de l'Etat, le responsable a assuré ainsi que le Maroc a déjà réalisé une grande partie des OMD, une réalité confirmée par les analyses, les projections du HCP et les institutions internationales. M. Lahlimi a, dans ce contexte, fait savoir que ces réalisations sont inscrites dans un contexte de transition démographique avancée où les modes de consommation, les aspirations au bien-être, la dynamique des valeurs et les mutations de la société ont connu des changements et créé de nouvelles exigences en matière de croissance économique, du progrès social et environnemental. "Ces évolutions s'accompagnent globalement de l'émergence dans notre société de nouveaux besoins matériels et culturels", a estimé le responsable, assurant que le Maroc a répondu à l'expression de ces nouveaux besoins et aux aspirations des catégories sociales qui les expriment par de profondes réformes auxquelles la révision de la constitution a constitué la dimension emblématique. M. Lahlimi a, dans ce sens, souligné que les acquis notables en matière d'assainissement des finances publiques, d'amélioration de la qualité des programmes de développement régionaux, et de mise en œuvre d'une politique cohérente de réhabilitation des structures urbaines sont révélateurs de "l'effort croissant de préservation des équilibres macroéconomiques d'une part, et de prise en compte des équilibres sociaux et environnementaux, d'autre part". "Au-delà des OMD et au-delà de 2015, le Maroc est appelé à se fixer de nouveaux objectifs d'avenir conformes aux besoins émergents dans la société, sans se départir des préoccupations de la communauté internationale qui ne cessent aujourd'hui d'être débattus à l'échelle de tous les continents et en particulier en Afrique", a-t-il lancé, notant que ces objectifs devraient répondre, en particulier, aux exigences de la durabilité de la croissance économique, de la cohésion sociale et du bien-être de la population. "Il convient ainsi en premier lieu de consolider les acquis, dans ces domaines et prioriser, dans les politiques publiques, la résorption des déficits effectifs ou prévisibles qui continueraient à les menacer", a plaidé le responsable, précisant qu'une croissance économique soutenue par une politique économique résolue de transformations structurelles de notre tissu productif avec le souci permanent de préservation dans la durée des équilibres macroéconomiques, devrait-être le premier impératif pour l'emploi, la réduction des inégalités sociales et territoriales et la durabilité de la cohésion sociale. Pour ce qui est des objectifs au-delà de 2015, M. Lahlimi a fait savoir qu'ils devraient faire l'objet de débat après la disponibilité des données du dernier RGPH 2014 vers le milieu de l'année, qui seront formalisées dans le cadre du 6ème Rapport national qui coïncidera avec l'échéance de 2015. A cet égard, il recommande de profiter de l'aubaine démographique pour réformer le système d'éducation et valoriser l'atout d'une jeunesse ambitieuse et exigeante. Ainsi, l'augmentation du nombre d'années de scolarité d'une année améliore les chances d'ascension sociale de 13,7 pc en moyenne, a expliqué le responsable, notant que tout élève bénéficiant de l'éducation préscolaire a 6 fois plus de chance d'échapper à la déperdition que celui qui en a été privé. A l'échelle nationale, les inégalités de chances contribuent à hauteur de 26,4 pc à l'inégalité des revenus salariaux, a fait savoir M. Lahlimi, soulignant que le taux de mobilité sociale ascendante est plus important parmi les hommes (43,7 pc) que parmi les femmes (17,9 pc), et plus répandue parmi les citadins 51,1 pc que les ruraux (14,8 pc). Le responsable a, par ailleurs, indiqué que les jeunes se trouvent aujourd'hui affrontés à l'inadéquation de leur formation aux besoins du marché de travail, au chômage, au sous-emploi et à la faiblesse de leurs revenus, ce qui explique, aux yeux du responsable, les niveaux élevés de leur défiance des institutions et le décalage de leur perception des réalités nationales par rapport aux systèmes d'intermédiation sociale et politique. Le rééquilibrage des inégalités entre hommes et femmes fait également partie des objectifs après 2015, proposés par le HCP, se référant ainsi aux chiffres qui font ressortir que le taux de la participation des femmes au marché de l'emploi reste encore à moins de 24 pc, plus encore les femmes salariées ont un salaire moyen inférieur de 26,2 pc à celui des hommes. "L'objectif d'assurer à la population âgée une retraite digne devrait être également une priorité dans l'agenda de l'après 2015", a insisté M. Lahlimi, notant que la proportion des personnes âgées devrait passer de 9,6 pc en 2014 à 24,5 pc en 2050, alors que 84 pc des personnes âgées ne bénéficient pas d'une retraite et 87 pc de couverture médicale. Aussi, l'intégration des personnes âgées dans des systèmes qui les prémunissent contre la déchéance de leurs conditions de vie est-il un "impératif national", a-t-il lancé. La constitution de 2011 a déjà anticipé les grandes questions en matière de participation des citoyens dans les différents cadres sociaux, ainsi que la consolidation des droits de l'Homme et de préservation de l'environnement. Ces questions sont soumises au débat et constitueront les principaux axes du rapport 2015 relatif au bilan des réalisations des OMD.