Les participants à la deuxième Conférence Internationale sur la Nutrition (CIN2), qui se tient du 19 au 21 courant à Rome, ont adopté mercredi la ‘Déclaration de Rome sur la nutrition'' et le ‘Cadre d'action stratégique''. La Déclaration de Rome sur la Nutrition est un document politique qui vise à faire face aux enjeux et aux défis nutritionnels et dans lequel les pays participant à la Conférence réaffirment les engagements pris lors de la première Conférence internationale sur la nutrition en 1992 et d'autres sommets mondiaux de l'Alimentation. Dans ce document, les participants reconnaissent que la malnutrition sous toutes ses formes (dénutrition, carences en micronutriments, excès pondéral et obésité ) non seulement nuit à la santé et au bien-être des populations en compromettant le développement physique et cognitif, ainsi que le système immunitaire, en exposant davantage les personnes aux maladies transmissibles et non transmissibles, en restreignant la réalisation du potentiel humain et en réduisant la productivité, mais constitue également ‘un lourd fardeau, sous la forme de conséquences socioéconomiques négatives pour l'individu, la famille, la communauté et l'Etat''. Ils reconnaissent également que les causes profondes de la malnutrition et les facteurs qui la favorisent sont complexes et multifactoriels et notent avec ‘une profonde préoccupation'' que malgré les résultats non négligeables obtenus dans de nombreux pays, on n'a observé, pendant les dernières décennies, que des progrès faibles et inégaux en matière de réduction de la malnutrition. Par conséquent, la Déclaration de Rome sur la nutrition engage tous les pays à prendre 10 mesures en vue de transformer leurs engagements en matière de nutrition en actions notamment éliminer, à l'échelle mondiale, la faim et à prévenir toute forme de malnutrition, en particulier la sous-alimentation, le retard de croissance, le dépérissement, le déficit pondéral et l'excès pondéral de l'enfant de moins de 5 ans, ainsi que les carences en micronutriments, en particulier l'anémie, chez la femme et l'enfant, à inverser la tendance à la hausse de l'excès pondéral et de l'obésité et à faire reculer les maladies non transmissibles dues à l'alimentation dans toutes les classes d'âge. La Déclaration engage également les pays à investir davantage dans des interventions et actions efficaces de nature à améliorer le régime alimentaire et la nutrition des populations, y compris dans les situations d'urgence. Elle engage aussi les pays à renforcer les systèmes alimentaires durables, de la production à la consommation et dans tous les secteurs concernés, en élaborant des politiques cohérentes des pouvoirs publics afin d'assurer, d'un bout à l'autre de l'année, l'accès des populations à des aliments répondant à leurs besoins nutritionnels et de favoriser une alimentation sûre et variée. Le document préconise, en outre, de faire une plus large place à la nutrition dans les stratégies, politiques, plans d'action et programmes nationaux pertinents et à adapter les ressources nationales en conséquence. l engage les pays à donner aux populations les moyens dont elles ont besoin et à mettre en place un environnement favorable leur permettant de choisir en connaissance de cause les produits alimentaires, pour un mode d'alimentation sain et des pratiques appropriées d'alimentation des nourrissons et des enfants en bas âge grâce à une amélioration de l'information et de l'éducation en matière de santé et de nutrition. La Déclaration de Rome sur la nutrition a été négociée par les Etats membres de la FAO et de l'OMS, par l'intermédiaire d'un groupe de travail mixte (GTM) composé de représentants régionaux, avec la contribution d'organisations de la société civile, du secteur privé et d'autres parties prenantes. Concernant le ‘Cadre d'action stratégique'', document technique qui guidera la mise en œuvre de la Déclaration, il propose, quant à lui, une série d'options politiques et de stratégies à caractère volontaire que les gouvernements, en concertation avec d'autres parties prenantes le cas échéant, peuvent utiliser pour mettre en œuvre les engagements de la Déclaration de Rome sur la nutrition. Il propose une liste de 60 recommandations politiques et stratégiques qui peuvent être intégrées dans les plans nationaux relatifs à la nutrition, à la santé, à l'agriculture, au développement et à l'investissement, afin de garantir à tous une meilleure nutrition. Le document préconise la création d'un environnement favorable à une action efficace et des mesures à l'appui de systèmes alimentaires durables. Ces mesures incluent des investissements dans l'agriculture en faveur des pauvres et les petites exploitations agricoles pour améliorer l'alimentation et augmenter les niveaux de nutrition, des améliorations en matière d'éducation et d'information nutritionnelles, de protection sociale, de santé, d'accès à l'eau, d'assainissement et d'hygiène et de sécurité sanitaire des aliments, et des recommandations pour renforcer l'obligation de rendre des comptes. C'est aux gouvernements qu'il incombe au premier chef d'agir au niveau du pays en concertation avec un vaste éventail de parties prenantes, notamment les communautés concernées, c'est pourquoi, les recommandations s'adressent principalement aux chefs de gouvernement. Ils examineront la validité des politiques et des mesures recommandées au regard des besoins et de la situation du pays, ainsi que des priorités nationales et régionales et des dispositions des cadres juridiques. Afin qu'il soit ‘plus facile de rendre des comptes'', le Cadre d'action adopte les objectifs mondiaux existants fixés pour 2025, en ce qui concerne l'amélioration de la nutrition chez la mère, le nourrisson et l'enfant en bas âge et la réduction des facteurs de risque de maladies non transmissibles. En adoptant ces deux documents, les pays s'engagent à mettre en œuvre la Déclaration à travers le Cadre d'action, à assurer l'obligation redditionnelle et le suivi des progrès réalisés à l'égard des objectifs nutritionnels mondiaux qui doivent être atteints d'ici à 2025.