Le Musée Mohammed VI d'art moderne et contemporain de Rabat, inauguré mardi par SM le Roi Mohammed VI, accueille l'exposition inaugurale «1914-2014 : 100 ans de création», qui dresse le panorama et les grandes étapes d'un siècle d'art pictural marocain. Cette exposition inédite, qui compte des œuvres de tous les grands noms de la scène picturale marocaine, a été ouverte mercredi aux représentants des médias nationaux et internationaux et personnalités de ce domaine, lors d'une visite guidée animée par le directeur du musée, Abdelaziz Idrissi. Cherkaoui, Gharbaoui, Serghini, Belkahia, Hamidi, Chebaâ, Mlihi, Qotbi, Binebine, Chaibia, Zine, Kacimi et bien d'autres artistes, aux différents courants artistiques, styles et techniques, sont réunis dans cette exposition qui permet de déceler les origines de l'art plastique marocain et suivre son cheminement au fil des générations. L'exposition s'articule autour de quatre étapes historiques, la première allant du début du 20ème siècle à la fin des années 50, une période qui a connu l'éclosion de la première génération d'artistes-peintres marocains, dont Mohamed Ben Ali Rbati, Ahmed Yaacoubi, Mohamed Serghini et Meriem Meziane. L'exposition souligne aussi la période cruciale des années 60 et 70, lorsque les jeunes artistes marocains ont commencé à participer à des expositions et des cycles de formation au Maroc et à l'étranger, en plus de l'essor des écoles des beaux-arts de Tétouan et de Casablanca, ce qui a donné des œuvres où cohabitent tradition et modernité. C'est la période, entre autres, de Jilali Gharbaoui, Ahmed Cherkaoui et des représentants de l'école de Casablanca comme Belkahia, Chebaâ, Melihi, Hamidi et Atallah, en plus des représentants de l'école de Tétouan dont Mekki Meghara et Saâd Ben Cheffaj. La troisième période, celle des années 80 et 90, correspond à un tournant dans l'histoire des arts plastiques marocains. En effet, les artistes commencent peu à peu à se libérer de la quête d'identité artistique pour suivre des chemins divers, consacrant le succès de l'individualisme artistique et la pluralité des perceptions esthétiques, que ce soit au niveau des thèmes, des techniques ou des styles. Ce tournant se laisse facilement observer dans les œuvres de Mostafa Boujemaâoui, Abbas Salladi, Mehdi Qotbi, Khalil Gharib, Mahi Binebine et d'autres artistes de cette génération représentés dans cette exposition inaugurale. Cet événement met la lumière aussi sur la dernière étape de l'art pictural au Maroc, débutant à la fin du 20ème siècle et qui est marquée par la conquête de nouveaux terrains d'expression artistique, dans un contexte influencé par des thématiques contemporaines telles la migration, la mondialisation et la profusion médiatique. Cette période, qui n'a pas dit son dernier mot, a déjà donné des noms connus, comme Lamiae Naji, Mohamed El Baz, Hicham Benohoud et Safae Rouas. Cette exposition inaugurale, qui compte au total près de 500 œuvres d'art de 200 artistes, devrait durer six mois et permettre au public marocain de se réapproprier son histoire artistique vielle d'un siècle.