A peine un tiers de la population marocaine dispose d'une couverture médicale et 54% du financement de la santé provient du paiement direct des ménages, un taux fort élevé en comparaison avec d'autres pays. Une offre de soins publics et privés qui manque de qualité. Et enfin, le système d'information et de gestion sanitaire (SIGS), et le suivi et l'évaluation de la couverture universelle demeurent très limités, marqués par une perte d'informations, une lourdeur de la saisie des données aggravée par une sous-utilisation des données. C'est ce qui ressort de l'atelier sur la couverture médicale, organisé récemment par l'Observatoire National du Développement Humain, en partenariat avec la Banque Mondiale. L'Observatoire National du Développement Humain, en partenariat avec la Banque Mondiale, a organisé, le 25 septembre 2014 à Rabat, un atelier sur l'évaluation de la couverture médicale au Maroc. L'objectif étant d'élaborer un nouvel outil d'évaluation de la couverture médicale au Maroc en s'appuyant sur les instruments de référence existants au niveau national, en l'occurrence l'enquête sur les ménages au Maroc conduite par l'ONDH qui a pour but l'identification des besoins des ménages en soins de santé. Cet atelier s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre d'un programme de partenariat entre l'Observatoire et la Banque Mondiale concernant l'évaluation des prestations des services rendus par les secteurs sociaux au Maroc: la santé et l'éducation. Certes, des avancées importantes ont été enregistrées ces dernières années au Maroc dans le domaine de la couverture médicale, notamment l'assurance maladie obligatoire (AMO) et le régime d'assistance médicale (RAMED). La mise en place d'un outil d'évaluation permettra de développer des indicateurs pour suivre et évaluer l'impact de ces instruments sur les populations pauvres er vulnérables et d'établir des comparaisons au niveau international. Cela étant, le Maroc est tenu de se plier aux Objectifs du Millénaire pour le Développement, qui ont fixé un plafond auquel il doit s'en tenir. Certes, de gros efforts ont été consentis, mais, malgré les investissements et les différents programmes internationaux, cela reste malheureusement insuffisant. Autrement dit, le Maroc est appelé à redéfinir les objectifs de l'après 2015, date butoir pour les OMD. Sachant que pour 2030, les nouveaux Objectifs du Millénaire pour le Développement ciblent en priorité et entre autres l'accès équitable à la couverture médicale. La BM fait projet commun avec l'ONDH pour l'amélioration des services alloués à la population en matière de santé et d'éducation. Des efforts importants en matière d'investissements et de développement humain au Maroc. Plusieurs partenaires nationaux et internationaux accompagnent et appuient le Maroc dans le volet éducation et santé, indicateurs de développement et source de polémique au Maroc. Mais pour la Banque Mondiale, partenaire stratégique du Maroc qui a doublé son budget à cet égard et partie prenante de ces efforts dans l'appui au secteur de la Santé, en assistance technique, ateliers, financement pour l'amélioration de l'accès sanitaire dans les zones rurales, les résultats escomptés seraient loin d'être atteints et il est à déplorer une disparité de qualité des prestations entre les milieux urbain et rural et une persistence des problèmes au niveau de la bonne gouvernance. Et tant que les résultats ne suivent pas les efforts fournis, il faudrait inéluctablement réfléchir à recourir à d'autres outils de fonctionnement pour palier aux lacunes et défaillances du sytème de la couverture médicale . L'enquête de l'ONDH sur les disparités régionales est un outil adéquat pour plus de perspicacité et de discernement en matière de couverture médicale : acquis et défis, réalisée entre 2002-2014, a montré de multiples progrès, surtout avec l'adoption de la loi cadre 65-00 sur la CM de base. Une couverture qui, à partir de 2007, a atteint les salariés et retraités du secteur public et privé (AMO), puis à partir de 2008 le lancement de l'expérimentation du RAMED et sa généralisation en 2012. En 2014, il y eut création du comité interministériel pour faire progresser la couverture médicale. Si le système actuel a permis d'ouvrir l'accès des hôpitaux publics par la RAMED, les dépenses sont limitées : 50% de la population n'est pas couverte. En plus, les prestations sont disparates et le taux de remboursement ne tient pas compte des frais réels alors que les assurances remboursent sur les frais réels. Pour ce qui est de la CNOPS et de la CNSS, il y a des dysfonctionnements. Pour l'AMO, le remboursement se fait quel que soit le plafond. Pour ce qui est des assurances privées, il y a des contraintes, le plafond est annuel. Pour ce qui est des soins ambulatoires, il y a des différences entre CNOPS et CNSS. Toutes ces problématiques et disparités entravent la productivité des travailleurs, puisque les dépenses sont à la charge des ménages dont chacun devrait avoir son assurance santé. Le Maroc qui évolue pourtant rapidement est mal placé, notre pays n'est pas parvenu à achever sa couverture médicale, les dépenses de santé par tête sont très faibles, la mortalité en milieu rural est flagrante...