L'histoire des nations s'apprécie à l'aune des grandes réalisations et des progrès qu'elle accomplit dans tous les domaines et de leurs impacts sur leurs sociétés et civilisations. Et si la mesure de ce progrès est difficile à établir au moyen d'indicateurs chiffrés, tels que l'exigent leurs logique et objectifs, son appréciation à travers leurs marques et hauts faits demeure la voie à suivre en vue de rétablir l'état de ce progrès et du capital cumulé dans leur intégralité. L'objectif final de cette démarche est, une fois ces étapes d'évaluation franchies, de se rendre compte du partage de ces progrès par l'ensemble des membres de la communauté nationale, de leur inclusion et leur participation au processus économique, culturel et civilisationnel. L'objectif est, ainsi, de renforcer ce capital global, avec ses composantes tangibles et intangibles, et de le mettre au service de la cohésion, de la solidarité et du bien-être de leur nation. L'appréciation de la richesse d'une nation à travers son capital global est une révolution dans la vision portée à son évolution, introduisant une correction des idées et parcours erronés, et permettant le renforcement des marques, des particularités et du génie des peuples. La mesure du capital immatériel est une étape avancée dans la pensée économique et sociale, en rupture avec un passé où l'appréhension du progrès était trop globale et, parfois, impertinente pour être juste et renseigner sur les actions accomplies et celles devant être menées pour un réel progrès de la communauté. L'appel royal pour entreprendre une étude permettant de mesurer la valeur globale du Maroc entre 1999 et fin 2013 se place dans cette perspective d'être mieux instruit sur les actions et les parcours empruntés, les voies et les espace à défricher pour davantage de cohésion, de solidarité et de mieux-vivre ensemble, de partage et de progrès. Dans Son discours du 31 juillet 2014, Sa Majesté le Roi a dit : « Nous croyons que le modèle de développement marocain a atteint un seuil de maturité qui nous habilite à adopter des critères avancés et plus pointus pour évaluer la pertinence des politiques publiques et la portée de leur impact effectif sur la vie des citoyens. Cette appréciation a été confirmée par la Banque Mondiale qui a montré que la valeur globale du Maroc a connu, ces dernières années, une hausse sensible, surtout grâce au développement majeur de son capital immatériel. Or le capital immatériel s'affirme désormais comme un des paramètres les plus récents qui ont été retenus au niveau international pour mesurer la valeur globale des Etats et des entreprises. Il s'agit en l'occurrence de mesurer le capital historique et culturel de tout pays, parallèlement aux autres caractéristiques qui le distinguent, notamment son capital humain et social, la confiance, la stabilité, la qualité des institutions, l'innovation et la recherche scientifique, la création culturelle et artistique, la qualité de la vie et de l'environnement, et d'autres éléments encore. Ainsi, par exemple, la sécurité et la stabilité constituent le fondement de la production et de la richesse. De même, la confiance et la crédibilité sont essentielles pour stimuler l'investissement. Pourtant, on ne trouve nulle part trace de ces atouts dans la valeur globale des Etats. La Banque Mondiale avait déjà réalisé, en 2005 et 2010, deux études pour mesurer la richesse globale de quelque 120 Etats, dont le Maroc. Notre pays y a été classé dans les premiers rangs à l'échelle africaine, devançant de loin certains pays de la région. Mais en prenant connaissance des chiffres et des statistiques qui figurent dans lesdites études et qui mettent en évidence l'évolution de la richesse du Maroc, je M'interroge, avec les Marocains, non sans étonnement : Où est cette richesse ? Est-ce que tous les Marocains en ont profité, ou seulement quelques catégories ? La réponse à ces interrogations n'exige pas d'analyses approfondies. Et si le Maroc a connu des avancées tangibles, la réalité confirme que cette richesse ne profite pas à tous les citoyens ». En vue d'informer davantage nos lecteurs sur les démarches d'appréciation du capital global et les fondements de celui-ci, nous présentons, ci-après, les explications à ce propos concernant le concept de valeur immatérielle et sa mise en oeuvre par la Banque mondiale, extraits du document « Rapport au président du CESE. Proposition d'une politique publique en faveur du capital immatériel pour la Franc », 29 Octobre 2013), réalisé sous la direction d'Alan Fustec -personnalité qualifiée CESE. Les développements qui suivent s'inscrivent dans une démarche pédagogique et scientifique universelle pouvant concerner tout autre pays, et évoquant dans leurs prolongements l'école française dans le domaine du patrimoine immatériel et sa mesure. Nous ne manquerons pas, dans ce cadre, de nous interroger, de manière tout à fait légitime, en ce qui concerne notre patrimoine immatériel, comme le font les auteurs du rapport au sujet de leur pays: « Nos erreurs, nos mauvaises décisions et nos passifs sont en partie cachés : nous n'avons pas de tableau de bord synthétique présentant l'état de ce qui conditionne la réussite de (notre pays) : - Quel est l'état de notre capital humain ? Est-il assez compétent ? S'il est composé de blocs qui s'opposent, peut-on réussir collectivement ? - Notre capital de connaissances est-il suffisant ? Il y a certes de l'excellent et du moins bon mais globalement que peut-on en dire ? - Notre capital organisationnel est-il efficace ? Notre justice, notre police, notre réglementation, nos institutions rendent-elles les services attendus ? Qui pourrait prétendre que sans une justice efficace un pays peut bien fonctionner ? Le rapport de la banque mondiale précité a établi une relation troublante entre la qualité du système judiciaire d'un pays et sa richesse par habitant. -Et que dire de notre marque ?: que vaut (elle) ? Quelle est sa contribution à la création de richesse (...) ? Est-ce seulement un actif ou serait-ce éventuellement un passif ? (Les mots ou points entre parenthèses sont de l'auteur) Nous pouvons ajouter à ces interrogations majeures bien d'autres à propos, en particulier, de la préservation, de la répartition et du partage de ce capital intangible, en particulier celui de l'Etat et des territoires.